Le rire: journal humoristique (6.1899-1900 (Nr. 261-312))

on leur fait des niches. Ces messieurs (pas les chiens) se taqui-
nent sans façon— à bas l’épate! — et les moins en train des
chasseurs s’amusent à parer leurs pans des plumes des gais,
ravies sournoisement à leurs chapeaux.

Mais aussitôt descendus, « avant l’arrêt complet du train », bien
entendu, les physionomies, légèrement rougies par l’us du vin
blanc, deviennent graves. Chacun prend ses dispositions de combat.
Après s’être assuré que la boucle y est — les bonnes sont si négli-
gentes! — on serre fièrement la ceinture de sa culotte; les sourcils
se froncent; les chiens eux-mêmes semblent émus; dès qu’on a tiré
le gordon, du coin où il glapissait, on voit le gordon se taire; et le
petit épagneul — qui grandira, car il est épagneul — dodeline gra-
vement de la queue.

En avant! Ces messieurs montrent que l’art de battre la cam-
pagne n’est pas incompatible avec leurs habituelles occupations; et
si, chemin faisan, ils échangent quelques mots, c’est de l’air com-
primé qui sied à leur sport. La journée se passe à tirailler — ce
n’est pas que ça touche, mais ça fait du bruit — leur ardeur doublée
de leur myopie leur posant des lapins imaginaires à la moindre
touffe d’herbe, heureux qu’elle ne se termine pas sans que l’un
d’eux se soit écrié triomphalement: « Et daim! » en empochant
quelque menue pièce. Pour les autres, un peu jaloux de ce succès
et ayant perdu leur pari, ils remportent leurs vestes vierges de tout
gibier.

Et quand ils rentrent, tout le monde est satisfait : le chasseur,
battu, mais content tout de même; le chien qui est éreinté, mais
dort; le gibier qui se dresse en liberté, enfin seul, dans les champs
calmes — et la « dame » du cynégôte qui, quand son époux va à la
chasse, le remplace.

Goguès.

LE RÊVE DE L’ANGLETERRE DANS LE SUD-AFRICAIN

(Simplicissimus, Munich).

— Je n’ai pas à payer sa place; voyez, il est tout ce qu’il y a de plus enfant.

Dessin de Faivbe.

Signalons chez Juven un De Lesseps Intime, chef-d’œuvre d’illustrations documentaires, qui intéressera toute
la 1* rance à l’heure où l’on inaugure à Suez le monument de celui qui fut le Grand Français.

NOTRE CONCOURS

En raison du numéro
spécial d’Ad. Willette
sur les English, nous
ne pouvons rendre
compte de notre con-
cours de marrons que
dans le numéro qui sui-
vra, c’est-à-dire dans le
premier numéro de dé-
cembre.

Rappelons que ce con-
cours se termine le 15
de ce mois. Il a été des
plus brillants et des
prix de Rome, dont
l’anonymat sera scru-
puleusement respecté,
y ont pris part.

LES LIVRES

Vient de paraître la col-
lection des Feuilles, de
Zo d’Axa, avec les mer-
veilleuses lithographies de
Steinlcin, qui, réduites au
format du livre,produisent
un effet excellent. Rien do
plus vibrant que ces pages
au jour le jour.

Chez Fasquelle, la Re-
prise, roman exquis de
Louis de Robert, et nou-
veau succès pour le char-
mant écrivain de qui le
roman Un tendre est réé-
dité dans une ravissante
collection illustrée.