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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0046
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« Ils étaient vêtus, pour la plupart, d’étoffes à
carreaux ou de toile cirée, à l’imitation des Esqui-
maux. »

Avouons-le franchement, ces renseignements
sont parfaitement insuffisants et dénoteraient la
plus cynique mauvaise foi s’ils n’étaient, hélas,
une nouvelle preuve de l’indifférence des Français
à l’égard de tout ce qui est étranger.

Cet esprit étroit et mesquin de clocher est in-
digne de nous.

L’Angleterre est une grande nation, dont les ori-
gines sont particulièrement glorieuses, hâtons-nous
de le dire et mieux encore de le prouver.

Au moment où la presse française, alle-
mande ou russe accable de ses malédictions
la malheureuse Angleterre, il nous a paru
plus juste de remettre les choses au point et
de faire l’équitable éloge de notre infortunée
voisine.

La Grande-Bretagne, certes, a pu commet-
tre des fautes, elle a pu se montrer parfois
égoïste, mais encore n’est-ce point une raison
pour tomber à l’envi sur :

Ce plaid, ce pays de Calleux d’où nous vient
(le Malle des Indes.

Un journal tel que le Rire se devait de
tendre la main à la Mère
Patrick des humoristes; nous
n’y manquerons pas.

Si les Français n’aiment
point, en général, les Anglais,
c’est qu’ils les connaissent
mal ; aussi doit-on
s’efforcer, avant tout,
de faire apprendre
l’histoire de ce beau
pays, d’en décrire les
admirables mœurs
et d’intéresser ainsi
nos concitoyens aux
faits et gestes de
nos amis hérédi-
taires.

C’est ce que nous
allons tâcher de
faire en ces
quelques lignes.

FAISANT METTRE A JOHN BULL LE NEZ DANS SON ORDURE

Origines du peuple anglais d’après nos dictionnaires.

Quand on ouvre un dictionnaire d’histoire et de géographie au
mot Anglais, on trouve les renseignements suivants :

«Anglais ou Angles : peuplade sauvageduNord — pays des brouil-
lards par excellence.— Le mot anglais signifie : ceux dont la figure
anguleuse se retrouve dans tous les coins, embusquée à l’angle de
chaque bois. Ce pays est gouverné par une reine extrêmement
vieille, qui a reçu une véritable instruction européenne et parait
assez instruite. Elle n’a ni verroteries ni plumes sur la tête; son nez
est vierge de tout anneau.

« On ne sait pas encore si elle est cannibale ; toutefois ses sujets
passent pour très sauvages ; rompus à tous les exercices du corps,
ils se nourrissent exclusivement de légumes crus et de viandes
saignantes. Quant à leur boisson, elle se compose surtout de vins
frelatés et d’eaux-de-vie achetées à des trafiquants européens. Nous
avons eu, du reste, souvent l’occasion de voir à Paris, au Jardin
d’acclimatation, dans nos music-halls, ou même dans nos monu-
ments publics, plusieurs échantillons de cette peuplade que l’ingé-
nieux barnum Cook avait amenés en France et qu’il y surveillait
étroitement.

Nous n’étonnerons pas les vrais savants en di-
sant que l’origine du peuple anglais est non seu-
lement antédiluvienne, mais encore antérieure à la
créâtion de l’homme et qui plus est à la création
des animaux.

Disons-le tout de suite, la création de l’Angle-
terre est plus ancienne que celle des végétaux (pe-
getables).

Tout le monde sait, en effet, que lorsque Dieu,
renonçant à son ancienne vie d’artiste, se décida à
mettre un peu d’ordre dans ses affaires, il com-
prit qu’il fallait suivre une règle logique et com-
mencer par quelque chose, sans trop brusquer la
situation

Au surplus, personne n’était là pour le regar-
der; il pouvait prendre son temps et travailler à
petites journées, à ses heures.

Dès l’instant qu’il créait l’homme en dernier
lieu, il serait toujours temps de lui dire que tout
avait été fait en un mois et même en huit jours.
Yas-y voir !

Dieu donc commença, sans se presser, par sépa-
rer les eaux de la terre.

Mais à peine avait-il achevé ce long et pénible
travail qu’une voix, sortie de la nuée, se mit à
chanter le Gocl save the Queen.

Hélas ! par le fait même de la création de la mer,
Dieu avait crée l’Angleterre.

— Eh bien, soit! dit le Père Eternel; mais tout
de même aucun être vivant n’est encore là pour
contrôler mon œuvre.

Et comme, pour son diner, Dieu avait créé
les végétaux, satisfait de son travail il s’a-
musa, au dessert, à fabriquer un petit singe
en mie de pain, auquel il donna la vie.

— Je puis encore faire cela, dit-il, sans me
créer d’espion gênant. Le singe ne sera qu’un
animal stupide ; il n’ira pas raconter ce qui
se passe

A peine avait-il achevé ces mots, quelle
singe se versa un verre de whisky, mit ses
pieds sur la table et dit flegmatiquement :

— Bg Gocl, my olcl gentleman, I beg
gou pctrclon, but I am an englishman, you
know ? (Par Dieu, mon vieux monsieur, ex-
cusez-moi, mais je suis un Anglais, savez-
vous?)

Cette fois, le Père tout-puissant se mit en
colère.

— Mais enfin, s’écria-t-il, qu’est-ce que
c’est que ces Anglais dont j entends perpé-
tuellement parler? Vous êtes un singe, voilà
tout, tâchez de rester à votre place; êtes-vous
un homme, oui ou non?

_ Yes, fit le singe toujours flegmatique, Iam aman, by Darwin.

(Oui, je suis un homme par Darwin.) . . ■

Hélas! c’était encore vrai ; grâce a la théorie de Darwin, ce sinbe
serait l’ancêtre, un jour ou l’autre, d un Anglais.

Mais Dieu ne se tint pas pour battu. . ,,, . >AtûC!

— Enfin dit-il c’est possible ; mais pour aujourd hui vous n etes
Lmnn, a t , ce p le droit de vous conduire en

iTlUnfne’S TbNTUe le talent d'imitation, tachez de

W“ eVerywM.eàt le singe en souriant.Et,imitant le Père Éternel,
il créa la Lune.

La Bible et les Anglais.

Much ado about nothing. (Shakespeare.)

Nous n’insisterons pas sur tous ces détails un peu archaïques
nous voulions simplement rappeler les preroœres origines dui peup e
anglais : voilà qui est fait. Nous avons hâte d en a nvei aux, P e
mières manifestations de la vie anglaise sur notie globe, c est a dire

ROULE BRITANNIA !

Notre programme.

Véritables origines du peuple anglais.

Allons jingoes ! dévorons les Boërs,
Jin-goe ! jin-goe !

Go ! allons boër le gin dévorant,
Gin-go ! gin-gô !

Allons, dévorons les gigots boërs,
Gi-got ! gi-got !

Et partageons l’assiette aux boërs,
Hip ! hip ! gin-go ! gin-go !

(W. de Pawlowski, passim.)
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