Le gueux. — J’ai les Indes, le Canada, l’Égypte, la moitié de l’Afrique et... je crève de faim !
Quatre cent cinq ans avant notre ère, nous retrouvons les Anglais
établis à Athènes et la peste avec eux.
Leur luxe dépassait, à cette époque, toute mesure et le dandysme
d’Alcibiade-Brummel étonnait les barbares.
Toutefois, pris de remords, ils résolurent de sacrifier un des leurs
à la colère des dieux et choisirent Socrate.
Socrate était, en effet, relativement, le citoyen le plus vertueux de
la ville; il n’était accusé que d’enseigner la philosophie à la façon
d’Oxford et sa mort ne pouvait que relever le prestige de la cité.
Puisque l’on condamnait celui qui passait pour être le plus ver-
tueux, combien devait être grande la vertu des autres ! Le raison-
nement était excellent et les Irlandais Anytus et Lycon furent
chargés de soutenir l’accusation.
On sait le reste. Socrate forcé de choisir entre le hard-labour et
le poison, se donna la mort.
Les mœurs ontchangé depuis, et les Anglais préfèrent aujourd’hui
le hard-labour. Tout cela est affaire de convention.
Cependant, de nombreux Anglais établis en Tunisie avaient fondé
Carthage. A cette époque, les Anglais préféraient payer des mer-
cenaires plutôt que de se battre eux-mèmes. Ils recrutaient des sol-
dats un peu partout, en France, en Allemagne, en Irlande, leur
faisaient remporter des victoires, puis s’arrangeaient pour ne pas
les payer. Ils agissaient ainsi dans un but philanthropique. Chacun
sait, en effet, qu’il ne faut pas donner trop d’argent aux soldats, cela
encourage les mauvaises mœurs et pousse à la paresse. Et puis,
l’argent qu’ils gardaient, n’était-ce point pour payer de nouvelles
guerres et par conséquent pour fournir du travail aux enfants des
mercenaires ?
Dès cette époque, lès Anglais employaient les éléphants militaires,
non pas comme on l’a soutenu à tort, pour tromper les ennemis,
mais simplement comme moyen de défense.
Sur les conseils de leur lieutenant générai Hannibal, ils prirent
aussi l’excellente habitude de commencer les hostilités sans décla-
ration de guerre.
Cette manière de faire est recommandable sous tous les rapports.
En effet, puisqu’un des deux pays belligérants doit être forcément
vaincu, ne doit-on pas faire tous ses efforts pour mettre les chances
d’un seul côté et rendre, par cela même, plus courte la période si
pénible des hostilités?
Les Anglais en Italie.
Après la décadence de la marine britannique à Carthage et la
chute de cette ville, de nombreux Anglais se firent naturaliser
citoyens romains, et se répandirent dans toute l’Italie. On en ren-
contre encore beaucoup, de nos jours, dans ce pays où leur influence
s’est fait heureusement sentir.
Grâce à eux, les impudiques chefs-d’œuvre de la sculpture ont
été recouverts de feuilles de vigne en zinc, et les choquantes nudités
de la peinture, habillées de caleçons de bain.
L’esprit civilisateur des Anglais s’est, de même, appliqué en Grèce
à la conservation des monuments. Pris d’admiration pour les chefs-
d’œuvre d’architecture qu’on y rencontre, les Anglais ont été sou-
levés d’une sainte indignation en constatant que les temples anciens
étaient construits dehors, au grand air, sans aucun abri contre les
intempéries. Aussi, ne reculant devant aucun sacrifice dès qu’il est
question d’art, ont-ils emporté à l’abri du Britisli-Museum les frises
du Parthénon et les colonnes du temple des Cariatides.
Hâtons-nous de dire que, poussant les scrupules à leurs dernières
limites, ils ont tout remplacé par des piliers en briques. C’est une
belle et noble page du Grand Livre de l’Art. Nous la. signalons sans
y insister, pour ne pas faire de peine aux autres nations.
Revenons à l'histoire.
Le dernier Anglais dont il soit fait mention dans l’histoire ro-
maine est Julius César, célébré par Shakespeare. 0‘n connaît sa
générosité â l’égard d’un brigand nommé Vercingétorix dont la
rébellion n’était guère moins blâmable que celle de l’haïssable
Krüger.
Cinquante ans après, le vice-roi Hérode, grand admirateur
des idées de Malhus, faisait massacrer, au nom de la reine, tous les
enfants de Béthléem, désirant ainsi leur éviter les souffrances de la
vie. L’idée était peut-être fausse, mais il faut reconnaître que le
moyen était bon.
On a longtemps accusé sir Pierre Ponce-Pilate d hésitations
coupables et de lâcheté; il serait temps de le réhabiliter. Sir Pierre
Ponce-Pilate fut le premier qui introduisit en Orient les saines cou-
tumes hygiéniques des Anglais. Sans doute était-il trop souvent à
sa toilette lorsqu’un acte de justice le réclamait, mais encore faut-i'l
reconnaître qu’il ne prit jamais aucune responsabilité et, tout en se
livrant à de saintes prières, rejeta ses fautes sur les scribes (ah, les
bureaux!) et les Parisiens (ali, la Babylone moderne !).
A cette époque, la reine Victoria, traînée en triomphe par des
captifs, entra dans la trois mille huit cent quatre-vingt-dix-huitième
année de son règne, si fraîche encore que deux soldats romains
qui passaient près d’elle eurent le nez droit et l’oreille gauche
gelés- . , n,
Dès lors, les Anglais commencèrent â émigrer vers le Nord. C est
Quatre cent cinq ans avant notre ère, nous retrouvons les Anglais
établis à Athènes et la peste avec eux.
Leur luxe dépassait, à cette époque, toute mesure et le dandysme
d’Alcibiade-Brummel étonnait les barbares.
Toutefois, pris de remords, ils résolurent de sacrifier un des leurs
à la colère des dieux et choisirent Socrate.
Socrate était, en effet, relativement, le citoyen le plus vertueux de
la ville; il n’était accusé que d’enseigner la philosophie à la façon
d’Oxford et sa mort ne pouvait que relever le prestige de la cité.
Puisque l’on condamnait celui qui passait pour être le plus ver-
tueux, combien devait être grande la vertu des autres ! Le raison-
nement était excellent et les Irlandais Anytus et Lycon furent
chargés de soutenir l’accusation.
On sait le reste. Socrate forcé de choisir entre le hard-labour et
le poison, se donna la mort.
Les mœurs ontchangé depuis, et les Anglais préfèrent aujourd’hui
le hard-labour. Tout cela est affaire de convention.
Cependant, de nombreux Anglais établis en Tunisie avaient fondé
Carthage. A cette époque, les Anglais préféraient payer des mer-
cenaires plutôt que de se battre eux-mèmes. Ils recrutaient des sol-
dats un peu partout, en France, en Allemagne, en Irlande, leur
faisaient remporter des victoires, puis s’arrangeaient pour ne pas
les payer. Ils agissaient ainsi dans un but philanthropique. Chacun
sait, en effet, qu’il ne faut pas donner trop d’argent aux soldats, cela
encourage les mauvaises mœurs et pousse à la paresse. Et puis,
l’argent qu’ils gardaient, n’était-ce point pour payer de nouvelles
guerres et par conséquent pour fournir du travail aux enfants des
mercenaires ?
Dès cette époque, lès Anglais employaient les éléphants militaires,
non pas comme on l’a soutenu à tort, pour tromper les ennemis,
mais simplement comme moyen de défense.
Sur les conseils de leur lieutenant générai Hannibal, ils prirent
aussi l’excellente habitude de commencer les hostilités sans décla-
ration de guerre.
Cette manière de faire est recommandable sous tous les rapports.
En effet, puisqu’un des deux pays belligérants doit être forcément
vaincu, ne doit-on pas faire tous ses efforts pour mettre les chances
d’un seul côté et rendre, par cela même, plus courte la période si
pénible des hostilités?
Les Anglais en Italie.
Après la décadence de la marine britannique à Carthage et la
chute de cette ville, de nombreux Anglais se firent naturaliser
citoyens romains, et se répandirent dans toute l’Italie. On en ren-
contre encore beaucoup, de nos jours, dans ce pays où leur influence
s’est fait heureusement sentir.
Grâce à eux, les impudiques chefs-d’œuvre de la sculpture ont
été recouverts de feuilles de vigne en zinc, et les choquantes nudités
de la peinture, habillées de caleçons de bain.
L’esprit civilisateur des Anglais s’est, de même, appliqué en Grèce
à la conservation des monuments. Pris d’admiration pour les chefs-
d’œuvre d’architecture qu’on y rencontre, les Anglais ont été sou-
levés d’une sainte indignation en constatant que les temples anciens
étaient construits dehors, au grand air, sans aucun abri contre les
intempéries. Aussi, ne reculant devant aucun sacrifice dès qu’il est
question d’art, ont-ils emporté à l’abri du Britisli-Museum les frises
du Parthénon et les colonnes du temple des Cariatides.
Hâtons-nous de dire que, poussant les scrupules à leurs dernières
limites, ils ont tout remplacé par des piliers en briques. C’est une
belle et noble page du Grand Livre de l’Art. Nous la. signalons sans
y insister, pour ne pas faire de peine aux autres nations.
Revenons à l'histoire.
Le dernier Anglais dont il soit fait mention dans l’histoire ro-
maine est Julius César, célébré par Shakespeare. 0‘n connaît sa
générosité â l’égard d’un brigand nommé Vercingétorix dont la
rébellion n’était guère moins blâmable que celle de l’haïssable
Krüger.
Cinquante ans après, le vice-roi Hérode, grand admirateur
des idées de Malhus, faisait massacrer, au nom de la reine, tous les
enfants de Béthléem, désirant ainsi leur éviter les souffrances de la
vie. L’idée était peut-être fausse, mais il faut reconnaître que le
moyen était bon.
On a longtemps accusé sir Pierre Ponce-Pilate d hésitations
coupables et de lâcheté; il serait temps de le réhabiliter. Sir Pierre
Ponce-Pilate fut le premier qui introduisit en Orient les saines cou-
tumes hygiéniques des Anglais. Sans doute était-il trop souvent à
sa toilette lorsqu’un acte de justice le réclamait, mais encore faut-i'l
reconnaître qu’il ne prit jamais aucune responsabilité et, tout en se
livrant à de saintes prières, rejeta ses fautes sur les scribes (ah, les
bureaux!) et les Parisiens (ali, la Babylone moderne !).
A cette époque, la reine Victoria, traînée en triomphe par des
captifs, entra dans la trois mille huit cent quatre-vingt-dix-huitième
année de son règne, si fraîche encore que deux soldats romains
qui passaient près d’elle eurent le nez droit et l’oreille gauche
gelés- . , n,
Dès lors, les Anglais commencèrent â émigrer vers le Nord. C est