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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0058
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« Russes, Yankees, Prussiens, où que vous soyez, vous qui vous
tenez sur les bords de la mer et agitez le poing vers nous, ceci est
le château de Douvres.

Entendez-vous, marauds ?

Et voici, déployée, la banderole qui, par-dessus les vagues
universelles, vous fouettera.

Qui vous fouettera, jusqu'aux bords de notre mer !

Vous, marauds!... »

Quel admirable souffle patriotique ! Mon Dieu, que c’est beau !

L’Angleterre reine de la mer.

Certains ivrognes français se déclarent prêts à boire l’amer et
les poissons. L’Angleterre, dans son admirable tempérance, se con-
tente de la mer, mais rien ne pourrait l’en séparer. Alfred Aus-
tin, le poète lauréat, l’a fort bien dit :

« Le sceptre en Rident de VAngleterre passe sur l'Océan, son
territoire... et quand l'univers entier s'unirait, toutes les légions
de la terre ne suffiraient point pour arracher aux mains de l'An-
gleterre le sceptre des mers. »

Disons-le, sir Austin nous paraît demeurer encore bien au-dessous
de la réalité.

Pour tout ce qui concerne la marine, les Anglais ont sur nous
une écrasante supériorité.

Je n’en veux qu’un seul exemple, un modeste et petit exemple,
un détail, si l’on veut, qui prouve, mieux que ne saurait le faire un
long volume, l’ingéniosité de l’esprit maritime anglais. Je veux parler
de la façon dont on procède, en Angleterre, aux manœuvres d’essais
des nouveaux cuirassés.

En Angleterre comme en France, les épreuves tendent toujours
à démontrer soit la supériorité des nouveaux moyens d’atiaque
sur les moyens de défense, soit inversement la supériorité des nou-
veaux moyens de défense sur ceux d’attaque.

C’est, en un mot, la concurrence éternelle entre canons et cui-
rassés.

En France, lorsque l’on veut procéder à ce genre d’essais, on
s’efforce tant bien que mal, soit de couler un vieux bateau à coups de
canon dans le premier cas, soit, dans le second, de tirer sans résul-
tats, pendant plusieurs heures, sur un nouveau cuirassé

Avouons-le franchement, neuf fois sur dix, nos essais sont man-
qués. Tantôt les nouveaux canons ne parviennent pas, malgré tous
leurs efforts, à couler le vieux bateau, tantôt les vieux canons, en
quelques coups, causent de graves avaries aux nouveaux blindages.

En Angleterre, rien de pareil.

Toujours, entendez-vous bien, toujours, les essais sont couron-
nés du plus brillant succès et cela, tout bonnement, grâce au mer-

veilleux procédé du Cork-Truek, connu depuis des années par
l’amirauté anglaise.

Le procédé du Cork-Truek est d’une simplicité enfantine, comme
du reste, toutes les inventions de génie, mais encore fallait-il le
trouver.

Voici, en deux mots, en quoi il consiste :

Le bateau qui sert de cible, lors des essais, est muni, à fond de
cale, d’un trou fermé par un bouchon, ainsi que cela se pratique
pour les baignoires.

A ce bouchon est attachée une ficelle de plusieurs centaines de
mètres, dont l’autre extrémité est tenue par l’ingénieur en chef,
qui, sur le pont du vaisseau amiral, dirige les essais.

Lorsqu’il s’agit de prouver la supériorité des nouveaux moyens
d’attaque sur les moyens de défense en usage, l’opération est extrê-
mement simple.

Au commandement de l’ingénieur en chef, le vaisseau amiral tire
au hasard quelques coups de canon sur le bateau-baignoire et, tout
en même'' temps, l’ingénieur tire la ficelle. Aussitôt, le bouchon
étant parti et l’eau ne rencontrant plus aucun obstacle, le bateau-
baignoire coule docilement au fond de la mer.

Quand il est nécessaire, au contraire, de démontrer péremptoire-
ment la supériorité des moyens de défense sur ceux d’attaque, il
n’est pour ainsi dire plus besoin de se déranger.

L’ingénieur ne touche pas à la ficelle, le bateau-baignoire reste
bouché et il va de soi que ce n’est pas à coups de canon que l’on
parvient à le couler.

Tout cela n’est-il pas d’une admirable simplicité et d’un grand
sens pratique des choses ?

Et puis, le but principal n’est-il pas atteint, puisque dans la
guerre, ce qu’il faut obtenir, avant tout, c’est la confiance des
troupes dans la victoire.

Cette confiance est tellement innée dans le cœur anglais que rien .
ne la saurait ébranler.

Tout dernièrement encore, par suite d’une fausse manœuvre,
l’ingénieur dirigeant les essais tira trop tôt sur la ficelle et, dTiubre
part, Je coup de canon ne partit pas.

Le bateau-baignoire se mit cependant à couler immédiatement.
Les ingénieurs et lords de l’amirauté se regardaient consternés.
Qu’allait.-il se passer? On allait tout découvrir, tout comprendre,
tout était à jamais compromis !

Mais bientôt le sourire du triomphe reparut sur leurs lèvres.

Le long des quais, la foule enthousiaste, lentement, religieuse-
ment, entonnait le God save the queen.

Ces braves gens s’étaient imaginés que la vue seule des nouveaux
canons anglais suffisait à couler, désormais, les vaisseaux ennemis!

Et voilà pourquoi l’Angleterre est une nation forte.

Rule Britania !

— Sais-tu, mon vieux Milord, la différence qu'il y a entre ton peignoir et un pré ?

— No, sir ! _ . ,

— Eh bien ! c’est qu’on ne peut mettre dans ton peignoir qu’une vache comme toi et autant qu on veut dans un pie.
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