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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0063
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Une nouvelle tactique

qui fait l’admiration de tous les gens com-
pétents.

Au lieu de profiter des victoires comme
on le fait communément pour s’avancer
sans appui dans le pays ennemi, les An-
glais reculent de cent kilomètres après
chaque triomphe.

Très friands de confitures, comme on
le sait, les Anglais se sont d’abord rappro-
chés de l’Orange et ont eu ce qu’ils vou-
laient, une bonne Dundee ’narmalade.
Puis, très intelligemment, ils se sont séparés
en deux armées. L’une a fait ses cent kilo-
mètres en arrière, l’autre, sous le pseudo-
nyme de « prisonniers », s’est rendue au
général Joubert, puis à Prétoria, pour
instruire les malheureux Boers, exploiter
les mines et enseigner le foot-ball.

Lors de leur seconde victoire, les Anglais
s’aperçurent que leurs mules, moins do-
ciles que celles du pape (le voilà bien le
libre examen !), préféraient retourner au Cap. Les Anglais?
fort à propos, se souvinrent de ce passage de la Bible où
le prophète Balaam suit les conseils de son ânesse et firent
tout aussitôt leurs cent kilomètres en arrière.

Grâce à ce système de victoires successives, les Anglais
se rapprochent de plus en plus des pays amis et leur position
s’en améliore de jour en jour.

Répétons-le à la gloire de l’Angleterre et de l’éternellement
jeune reine Victoria, quand ils auront atteint la Mer ils se-
ront chez eux ; ils seront les Maîtres 1

ENVOI

terre, et la langue de l’Angleterre affranchissent la moitié
du monde. »

Disons-le tout de suite : les Boers sont de malheureux sau-
vages qui, au lieu de saisir la fortune par les cheveux, préfèrent
se prendre aux cheveux avec elle.

Bien peu de personnes, en Europe, peuvent se faire une
idée _ exacte de la malheureuse situation des habitants de
l’Afrique du Sud.

Voici, à titre de document, le tableau que traçait monsieur
R. Moff'at (agent des missions de Londres) de ce malheureux
pays dans lequel il séjourna vingt-trois ans :

« O Afrique, combien est accablant le fardeau qui pèse
sur toi! Quelle horrible accumulation de rapines, d’escla-
vage, de sang et de meurtres! Nulle part sur la surface de
la terre onne trouverait une misère à comparer à la tienne.
Tes ciels ont été obscurcis par la fumée des villes en flam-
mes! Tes riants paysages, tes bosquets gracieux sont de-
venus des repaires de lions! Tes déserts brûlants ont été
arrosés avec les larmes des mères auxquelles on enlève
leurs enfants! »

Indépendamment toujours de sa beauté littéraire, ce ta-
bleau, tracé par un Anglais, n’est-il pas effrayant?

Il est de toute évidence que ces scènes horribles ne se pas-
seraient pas si de nombreux explorateurs sillonnaient le
pays et faisaient un peu la police avec leurs tirailleurs.

Mais, au lieu de l’accueillir avec joie,
les Boers, ces Hollandais sauvages, re-
poussent le ■ flambeau de la civilisation. Ils
ont peur qu’il ne mette le feu chez eux
(sic). Heureusement que l’Angleterre, notre
mère à tous, veille sur les Boers et comme
un enfant que l’on aime bien, saura bien
les châtier de leur désobéissance. Au sur-
plus, dans cette guerre du Transvaal, l’An-
gleterre vient d’adopter

Ride Britannia!

République! (car, en ce temps de complot, prinee est bien
1 dangereux), République ! soyons justes pour chacun et attri-
buons-nous la modeste part de gloire anglaise qui nous
revient.

Nous avons fait semblant de parler d’autre chose lors de Fa-
choda, cela valait mieux ainsi, mais pourquoi le Transvaal
nous passionne-t-il aujourd’hui?

Le génie anglais commencerait-il enfin à se développer
chez nous ?

Va, Roule, ma vieille !

Le jour où crèvera la perfide Albion sera un jour de réjouissance universelle.

\V. de PAWLOWSKI.
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