— Un cavalier avec sa dame ! Dessin de Rouveyre.
PHRASES BANALES
Lé récent numéro du Rire, amicalement consacré par Willette
aux Anglais, ne les a point, paraît-il, entièrement satisfaits. Pou.
ma très modeste part, je m’étais contenté de retracer brièvement
l’histoire d’Angleterre et, dois-je l’avouer, si je l’avais reprise depuis
la création du monde, ce n’était pas sans avoir consenti de légers
sacrifices à l’humour. Mais les Anglais n’ont point trouvé, dit-on,
cette prétention extraordinaire. Ils ont analysé sérieusement ces
antiques récits comme ils l’eussent fait des modernes histoires du
sévère Macaulay ; je n’espérais pas tant. Seulement, dans de telles
conditions, il devient bien difficile de rire, comme disait M. Sam
Weller en offrant à son maître d’aller à la prison de Newgate.
Quoi qu’il en soit, comme il m’en coûte de faire de la peine aux
Anglais que j’aime beaucoup, je n’emploierai plus à l’avenir, lorsque
je parlerai d’eux, que des phrases banales et sans portée politique,
empruntées à la conversation usuelle de tous les peuples.
Je dirai par exemple : comment vous portez-vous? comme disait
un soldat anglais à son voisin d’hôpital qui avait eu les deux jambes
enlevées par un obus.
— Pall malt et vous ? comme disait un correspondant de journal
en se présentant lui-même à un confrère sur un champ de bataille.
— Vous me prenez pour un autre, comme disait l’officier anglais
sur lequel les Boers s’acharnaient, malgré son costume de simple
soldat.
— Vous n’avez pas inventé la poudre, comme disaient les Boers
en tirant énergiquement sur l’ennemi.
— Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas eu le plaisir
de vous voir, comme disait Krüger à un Anglais déjà fait, prisonnier
lors de la dernière campagne.
— Vous auriez mieux fait de vous tenir tranquille, comme disait
le général Joubert au colonel du 18e hussards.
— Vous allez manquer le train, comme disait un cavalier boer
en s’emparant d’un chef de train blindé.
— A la longue, l’air des villes est malsain, comme disait un ha-
bitant de Ladysmitb enfermé dans sa cave.
— Vous êtes entêté comme une mule, comme disait le général
Wbite au général Joubert. '
— Je suis bien heureux de vous rencontrer, comme disait un
éclaireur boer à un porteur de dépêches anglaises.
— Je préfère décidément la mer à la montagne, comme disait le
commandant de la division navale qui battait en retraite.
— Les Anglais seuls savent voyager, comme disaient les prison-
niers en arrivant à Prétoria, quelques jours seulement après leur
débarquement.
— Montrons-nous à la hauteur des circonstances, comme disait
Cecil Rhodes en faisant gonfler son ballon.
— Chacun son métier, comme disait le riche banquier anglais en
recrutant des soldats étrangers.
— Point de nouvelles bonnes nouvelles, comme disait le repré-
sentant du Transvaal à Paris.
— J’ai gagné la partie, comme disait un Anglais qui jouait au
foot-ball à Prétoria.
— Imitons leur propre tactique, comme disaient les Anglais en
se dérobant aux coups de l’ennemi et en se dispersant du côté du
Cap.
— Je ne vous retiens pas ou — avant de partir vous prendrez
bien quelque chose, comme disait Krüger aux Anglais qui occupent
l’Afrique.
Ou encore : Mieux vaut un ennemi bien intentionné qu'un ma-
ladroit ami, comme disait humblement le Rire à la souverains de
M. Chamberlain.
Etc...
J’espère que ces phrases banales ne blesseront plus personne
dans le pays spirituel, malgré ses défenseurs, de notre cher Sam
Weller.
W. de Pawlowski.
PHRASES BANALES
Lé récent numéro du Rire, amicalement consacré par Willette
aux Anglais, ne les a point, paraît-il, entièrement satisfaits. Pou.
ma très modeste part, je m’étais contenté de retracer brièvement
l’histoire d’Angleterre et, dois-je l’avouer, si je l’avais reprise depuis
la création du monde, ce n’était pas sans avoir consenti de légers
sacrifices à l’humour. Mais les Anglais n’ont point trouvé, dit-on,
cette prétention extraordinaire. Ils ont analysé sérieusement ces
antiques récits comme ils l’eussent fait des modernes histoires du
sévère Macaulay ; je n’espérais pas tant. Seulement, dans de telles
conditions, il devient bien difficile de rire, comme disait M. Sam
Weller en offrant à son maître d’aller à la prison de Newgate.
Quoi qu’il en soit, comme il m’en coûte de faire de la peine aux
Anglais que j’aime beaucoup, je n’emploierai plus à l’avenir, lorsque
je parlerai d’eux, que des phrases banales et sans portée politique,
empruntées à la conversation usuelle de tous les peuples.
Je dirai par exemple : comment vous portez-vous? comme disait
un soldat anglais à son voisin d’hôpital qui avait eu les deux jambes
enlevées par un obus.
— Pall malt et vous ? comme disait un correspondant de journal
en se présentant lui-même à un confrère sur un champ de bataille.
— Vous me prenez pour un autre, comme disait l’officier anglais
sur lequel les Boers s’acharnaient, malgré son costume de simple
soldat.
— Vous n’avez pas inventé la poudre, comme disaient les Boers
en tirant énergiquement sur l’ennemi.
— Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas eu le plaisir
de vous voir, comme disait Krüger à un Anglais déjà fait, prisonnier
lors de la dernière campagne.
— Vous auriez mieux fait de vous tenir tranquille, comme disait
le général Joubert au colonel du 18e hussards.
— Vous allez manquer le train, comme disait un cavalier boer
en s’emparant d’un chef de train blindé.
— A la longue, l’air des villes est malsain, comme disait un ha-
bitant de Ladysmitb enfermé dans sa cave.
— Vous êtes entêté comme une mule, comme disait le général
Wbite au général Joubert. '
— Je suis bien heureux de vous rencontrer, comme disait un
éclaireur boer à un porteur de dépêches anglaises.
— Je préfère décidément la mer à la montagne, comme disait le
commandant de la division navale qui battait en retraite.
— Les Anglais seuls savent voyager, comme disaient les prison-
niers en arrivant à Prétoria, quelques jours seulement après leur
débarquement.
— Montrons-nous à la hauteur des circonstances, comme disait
Cecil Rhodes en faisant gonfler son ballon.
— Chacun son métier, comme disait le riche banquier anglais en
recrutant des soldats étrangers.
— Point de nouvelles bonnes nouvelles, comme disait le repré-
sentant du Transvaal à Paris.
— J’ai gagné la partie, comme disait un Anglais qui jouait au
foot-ball à Prétoria.
— Imitons leur propre tactique, comme disaient les Anglais en
se dérobant aux coups de l’ennemi et en se dispersant du côté du
Cap.
— Je ne vous retiens pas ou — avant de partir vous prendrez
bien quelque chose, comme disait Krüger aux Anglais qui occupent
l’Afrique.
Ou encore : Mieux vaut un ennemi bien intentionné qu'un ma-
ladroit ami, comme disait humblement le Rire à la souverains de
M. Chamberlain.
Etc...
J’espère que ces phrases banales ne blesseront plus personne
dans le pays spirituel, malgré ses défenseurs, de notre cher Sam
Weller.
W. de Pawlowski.