ÊGHOS
RIRE
LES SUITES D UN COMPLOT
Ces messieurs de la Haute-Cour deviennent très renseignés sur le bouchon.
— Aôh, si mon chien il était encore plus aveugle que moa!
— Bien la peine d’être académicien... Tu ne me ferais
pas seulement obtenir un pauvre petit prix de vertu.
— Nous voulons bien vous croire... Inutile, monsieur
Jules Guérin, de montrer votre adresse au tribunal.
__ Quarante sous par jour... c’est vraiment pas un
métier d’ètre témoin.
— Sans compter que dans la partie y a de la morte-saison.
primer librement ses sentiments anglopho-
bes, nous n’avons nullement manqué aux
convenances : nous nous sommes bornés à
répondre par le crayon aux continuelles
attaques dont la France est l’objet en Angle-
terre, tant dans la presse quotidienne, notam-
ment dans le Daily Mail, qui est un organe
considérable, que dans les journaux illustrés,
non seulement humoristiques mais même
simplement d’actualités.
Nous n’avons au Rire aucun parti pris
contre les Anglais en tant qu’individus, et
pris isolément, nous considérons qu’ils valent
tout autant que les Français ; mais ce qui
nous a toujours paru un peu fort de café,
c’est l’hypocrisie qui se manifeste dans la
plupart des actes politiques de l’Angleterre
ainsi que dans nombre d’articles de ses
journaux.
Si du reste les Anglais étaient de bonne
foi, ils reconnaîtraient que ce n’est pas seu-
lement à la France qu’ils devraient reprocher
les attaques de ses caricaturistes ; les jour-
naux humoristiques de tous les pays, et par-
ticulièrement les journaux allemands, qui
cependant sont soumis à un régime de cen-
sure très sévère et qui à l’heure présente
passent pour être en coquetterie avec l’An-
gleterre, ont publié à l’occasion de la guerre
du Transvaal, tant contre les Anglais que
particulièrement contre la Reine même, des
dessins autrement violents et injurieux que
ceux que le Rire a publiés.
Et puis, véritablement, ce prétendu libé-
ralisme anglais dont on nous rebat tant les
oreilles en France, ne serait-il encore qu’une
apparence hypocrite, puisqu’il ne peut résis-
ter à l’expression d’opinions contraires aux
siennes, sans de suite s’en a!Ier-t-en guerre
comme feu Marlborough ?
Que nos voisins veuillent bien se reporter
à l’époque de la guerre de 1870 et qu’ils
voient de quelle façon, à ce moment, leur
presse illustrée a traité celui qui, pour eux,
devait personnifier la France, comme la
Reine Victoria personnifie l’Angleterre :
Napoléon III. Ils verront que c’est nous qui
leur devons du retour.
Certains nous ont particulièrement repro-
ché de ne pas respecter la femme âgée qu’est
la Reine Victoria.
Nous prétendons tout d’abord n’avoir jamais
dépassé dans le Rire les bornes de ce qui est
permis à un crayon satirique et fantaisiste.
Les portraits de Léandre, cotiime le disait
récemment encore Séverine, s’en tiennent
à l’outrance des signes physiques sans rien
d’insultant et on sait fort bien que si nous
raillons ou attaquons la reine d’Angleterre,
ce n’est pas la femme que nous visons en elle
mais la personnification de la nation anglaise
qui, elle devrait bien le reconnaître, n’a
jamais été pour la France, particulièrement
depuis deux ans^ ni bienveillante ni juste.
Nous ne demandons pas mieux que d’être
très gracleuxvis-à-vis deSaGracieuse Majesté
et de ses gracieux sujets, mais corrîme â
Fontenoy, nous dirons aux Anglais.: « Tirez
les premiers ! »
Le Rire.
POUR. FAIRE PLAISIR AUX ANGLAIS
Ce croquis m’a été, j’en conviens, inspiré par mon en-
vieuse nature.
Dessins de Henry Sotnm,
itù
RIRE
LES SUITES D UN COMPLOT
Ces messieurs de la Haute-Cour deviennent très renseignés sur le bouchon.
— Aôh, si mon chien il était encore plus aveugle que moa!
— Bien la peine d’être académicien... Tu ne me ferais
pas seulement obtenir un pauvre petit prix de vertu.
— Nous voulons bien vous croire... Inutile, monsieur
Jules Guérin, de montrer votre adresse au tribunal.
__ Quarante sous par jour... c’est vraiment pas un
métier d’ètre témoin.
— Sans compter que dans la partie y a de la morte-saison.
primer librement ses sentiments anglopho-
bes, nous n’avons nullement manqué aux
convenances : nous nous sommes bornés à
répondre par le crayon aux continuelles
attaques dont la France est l’objet en Angle-
terre, tant dans la presse quotidienne, notam-
ment dans le Daily Mail, qui est un organe
considérable, que dans les journaux illustrés,
non seulement humoristiques mais même
simplement d’actualités.
Nous n’avons au Rire aucun parti pris
contre les Anglais en tant qu’individus, et
pris isolément, nous considérons qu’ils valent
tout autant que les Français ; mais ce qui
nous a toujours paru un peu fort de café,
c’est l’hypocrisie qui se manifeste dans la
plupart des actes politiques de l’Angleterre
ainsi que dans nombre d’articles de ses
journaux.
Si du reste les Anglais étaient de bonne
foi, ils reconnaîtraient que ce n’est pas seu-
lement à la France qu’ils devraient reprocher
les attaques de ses caricaturistes ; les jour-
naux humoristiques de tous les pays, et par-
ticulièrement les journaux allemands, qui
cependant sont soumis à un régime de cen-
sure très sévère et qui à l’heure présente
passent pour être en coquetterie avec l’An-
gleterre, ont publié à l’occasion de la guerre
du Transvaal, tant contre les Anglais que
particulièrement contre la Reine même, des
dessins autrement violents et injurieux que
ceux que le Rire a publiés.
Et puis, véritablement, ce prétendu libé-
ralisme anglais dont on nous rebat tant les
oreilles en France, ne serait-il encore qu’une
apparence hypocrite, puisqu’il ne peut résis-
ter à l’expression d’opinions contraires aux
siennes, sans de suite s’en a!Ier-t-en guerre
comme feu Marlborough ?
Que nos voisins veuillent bien se reporter
à l’époque de la guerre de 1870 et qu’ils
voient de quelle façon, à ce moment, leur
presse illustrée a traité celui qui, pour eux,
devait personnifier la France, comme la
Reine Victoria personnifie l’Angleterre :
Napoléon III. Ils verront que c’est nous qui
leur devons du retour.
Certains nous ont particulièrement repro-
ché de ne pas respecter la femme âgée qu’est
la Reine Victoria.
Nous prétendons tout d’abord n’avoir jamais
dépassé dans le Rire les bornes de ce qui est
permis à un crayon satirique et fantaisiste.
Les portraits de Léandre, cotiime le disait
récemment encore Séverine, s’en tiennent
à l’outrance des signes physiques sans rien
d’insultant et on sait fort bien que si nous
raillons ou attaquons la reine d’Angleterre,
ce n’est pas la femme que nous visons en elle
mais la personnification de la nation anglaise
qui, elle devrait bien le reconnaître, n’a
jamais été pour la France, particulièrement
depuis deux ans^ ni bienveillante ni juste.
Nous ne demandons pas mieux que d’être
très gracleuxvis-à-vis deSaGracieuse Majesté
et de ses gracieux sujets, mais corrîme â
Fontenoy, nous dirons aux Anglais.: « Tirez
les premiers ! »
Le Rire.
POUR. FAIRE PLAISIR AUX ANGLAIS
Ce croquis m’a été, j’en conviens, inspiré par mon en-
vieuse nature.
Dessins de Henry Sotnm,
itù