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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0760
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LIE

Pourtant, ce n’est pas cher, deux louis!

Aoh ! nao. C’était pas la femme qui était chère à Paris, c’est les remèdes

Dessin de D’Ostoya,

CHAPEAU

Ambre blond sale qui serait liquéfié,
imperceptiblement sous sa couronne de
bave tremblotait le bock maladif. La lè-
vre de Georgette s’y baigna, laissant un
suintement sur le bord du verre.

Alors, sur la cire miroitante de la ta-
ble où blondissaient les clartés jaunes
du gaz, — à court d’esprit, chantonnant
des mots vagues, elle tapota d’un air
faussement distrait.

Et brusquement :

— Tu m’offres une fine?

Le malheureux calicot balbutia un re-
fus, sous le regard troublant de l’impla-
cable Georgette. L’atmosphère, pesam-
ment, était chargée de mépris vagues,—
qu’on sentait s’exhaler de la patronne,
justement présente, ainsi que d’un gar-
çon à figure impudente, s’attardant au
lavage de la table voisine.

Mais cette humiliation et ce martyre
public ne sauvèrent même pas au misé-
rable les quinze sous comptés précieuse-
ment. Car déjà la femme s’était écriée :

— Garçon, une fine!

Et, le voyant lâche et devenu gêné :

— Et deux bocks! dit-elle résolument.

De longue main dressé à ce manège,
le garçon avait déjà disparu derrière le
comptoir. Et, en se glissant un peu sur
le côté, on aurait pu distinguer toute
une manœuvre bizarre: — robinet ouvert
à cinq ou six reprises laissant échapper
des saccades; spatule de bois rasant les
bords du verre ; tout cela compliqué d’un
plateau en métal où flottait une chose
indéfinissable.

Il fallut siroter ce mélange assez lou-
che,— tandis que par une contremarche
habile la femme, tout en feignant d’ava-
ler son alcool, s’approchait de la caisse.
Et le petit verre tout entier retournait
dormir dans la bouteille.

Georgette, tout en accomplissant ce
tour d’escamotage, trouvait encore le
temps d’attifer dans un miroir sa figure
commune.

Un moment après, un gros rire, écla-
tant à la table où'elle était assise, rem-
plissait de vacarme tout l’établissement.

— Oh ! là, là, c’te gueule !

— Sacré c..., elle est encore plus
propr’ que la tienne !

— Enl’vez l’michet!

— N’m’em... pas ; j’i enfonce !

— Fais pas ça, canaille !... Nom
d’Dieu, c’est qu’ell’ le f’raitî

— Tiens ! avec ça qu’ j’me gênerais !

■— Non, c’est bête, à ia fin. Tu vas l’i
abîmer !

— Tourte ! enlèv’ tes pattes!... Veux-
tu enl’ver tes pattes, vieux singe !

— Pige-moi c’te bobine !

— C’est ta poire, ta poire, ta poire !...

— Georgééééette !

Elle s’était coiffée du chapeau de Léon,
brusquement ravi dans un élan. Lui, qui
était le plus timide de la bande, bien
que ce fût lui qui eût amené les autres,
s’efforcait de rire ; — très inquiet, au
fond, pour sa coiffure.

Trop grand, le chapeau tombait jus-
qu’au bout du nez de la fille, qui se je-
tait force coups d’œil dans la glace d’en
face. Ce qui lui avait valu ces ,exclama-
tions.

Elle continuait à manier le chapeau,
prise de cette rage qu’ont toutes ses pa-
reilles de gâcher l’argent ; de faire éta-
lage, devant les camarades, des frais
qu’elles occasionnent.

Quelqu’un lui saisit le poignet. Mais
elle fit prestement passer le chapeau
dans l’autre main.

Ce fut alors delà part des jeunes gens
un véritable assaut ; au cours duquel
Georgette parvint à grimper sur une
chaise.
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