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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0761
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AU PAYS DES PRUNES

Le Docteur Prune appelé en consultation auprès de la fille de la Reine-
Claude :

— Le teint est brouillé, le pouls intermittent... je crois qu’elle a des vers.

Dessins de G. Delaw.

Des bras la tiraillaient; d’autres bras, insoucieux du chapeau,
s’attaquaient à ses jambes. Se sentant sur le point d’être obligée de
céder à la force, elle lança le chapeau dans l’ouverture béante d’un
vasistas voisin.

— Ça, c’est rosse ! dit une voix.

Et deux ou trois sauveteurs se précipitèrent dans la rue. Il était
trop tard.

Le chapeau, tombé dans une flaque de boue, servait déjà à deux
voyous à jouer au foot-ball.

On le rapporta défoncé, bossué, lamentable.

Georgette sentit alors qu’elle était allée un peu loin. Elle craignit
de perdre toute cette bande, qui formait la meilleure partie de sa
clientèle.

• Comprenant qu’un petit dédommagement était devenu néces-
saire, elle murmura quelques mots à l’oreille de Léon, qui, malgré
ses efforts héroïques pour sourire, ne pouvait empêcher qu’on ne
lût son ennui sur sa figure piteuse.

Ce que lui dit la fille le consola bien vite.

Les autres avaient compris. Ils ne s’étonnèrent point de voir Léon
leur serrer la main, — de l’air d’un homme supérieur à qui aucune
femme ne résiste, — et les laisser partir. Ils se contentèrent de lui
lancer force plaisanteries salées, ainsi qu’à Georgette.

Deux heures plus tard, on commença à fermer les volets de
l’établissement, et ces dames s’habillèrent. L’heureux Léon, trop

content de marcher, même sans chapeau, vers la terre promise,
attendit la fille.

Mais au moment même où tous deux étaient sur le point de fran-
chir le seuil, une bande attardée d’étudiants entra comme une
bourrasque.

Cinq ou six minutes restaient à dépenser avant l’heure légale de
de la fermeture. * -

On but donc au galop une tournée, puis une autre.

Sur quoi, l’on proposa d’aller tous ensemble vadrouiller au-x
Halles.

Ce qui fut adopté à l’unanimité, à la condition que Georgette,
l’endiablée Georgette, se joindrait à la bande.

Comme celle-ci, sautillant et jetant du côté de la caisse un regard
de triomphe, se laissait entraîner, elle aperçut Léon, qu’elle avait
oublié, et qui fixait sur elle des yeux pleins d’anxiété.

Cramponnée au veston de l’un des étudiants, qui lui tenait la
taille, elle passa devant lui ; et, par légèreté autant que par cynisme,
lui cria sans vergogne :

— Bonsoir, Léon. A d’main.

— Mais, dit le malheureux, je...

— On va aux Halles en bande : j’suis forcée d’te lâcher. Ça ne

m’aurait rien fait que tu viennes avec nous... Mais lu n'as pas
d'chapeau. Néchao,

— Si vous connaissiez comme moi les dessous de la société parisienne,
vous ne diriez pas ça... Dessins de Carlègle.
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