SIMPLE IDYLLE
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— Le capitaine m’a dit de prendre avec moi les hommes lés plus intelligents de la compagnie;
alors, je vous ai choisis parce que vous avez l’air moins gourde. Dessin de Huarô.
ACTEUR QUAND MÊME
C’était fête dans le village de Saugrion-sur-
Oise, un délicieux coin de verdure, avec de
l’eau, de la belle eau claire où l’on pouvait
se baigner sans en sortir noir comme un
drame de l’Ambigu.
En effet, ce jour-là, les enfants faisaient
leur première communion.
Parmi eux, se trouvait la fillette de Duro-
zet, le gros comique du Palais-Royal, l’artiste
qui a fait tordre tout Paris dans vingt créa-
tions, adoré du public qui l’avait adopté et
l’avait consacré comme un de ses favoris.
D’ailleurs, il le méritait. A un calent très
fin, à une composition intelligente et recher-
chée, il joignait un naturel de bonhomie
communicative qui était le fonds même de
son caractère.
Car Durozet était bon dans l’acception en-
tière du mot, bon avec cette naïveté qui est
un peu l’apanage de tous ceux qu’on appelle
les « cabots ».
Il avait loué à Saugrion-sur-Oise une pro-
priété où, durant les mois de fermeture de
son théâtre, il passait l’été en compagnie de
sa petite famille et il y était devenu rapide-
ment populaire.
On lui avait même offert d’être conseiller
municipal; mais son bon sens l’en avait em-
pêché'; il ne voulait point se fâcher avec ses
voisins.
La première communion de sa fille fut un
événement considérable pour lui.
En homme qui ne va jamais à la messe, et
qui, cependant, religieux, ne manque jamais
les grands actes de famille, il était là, au
premier rang, suivant tous les détails de la
cérémonie.
— Moi, disait-il, quand je vais au spectacle,
j’aime arriver au commencement.
Lorsque le curé parla aux enfants, leur
exaltant la beauté de ce jour unique entre
tous, Durozet, d’émotion, se mit à pleurer si-
lencieusement, des larmes coulant sur ses
grosses joues. Il se mouchait bruyamment.
Ah! celui-là ne cachait pas ses sentiments!
La messe se termina.
Les parents passèrent dans la sacristie où,
de suite, ils entourèrent le prêtre avec des
félicitations et des remercîments.
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— Le capitaine m’a dit de prendre avec moi les hommes lés plus intelligents de la compagnie;
alors, je vous ai choisis parce que vous avez l’air moins gourde. Dessin de Huarô.
ACTEUR QUAND MÊME
C’était fête dans le village de Saugrion-sur-
Oise, un délicieux coin de verdure, avec de
l’eau, de la belle eau claire où l’on pouvait
se baigner sans en sortir noir comme un
drame de l’Ambigu.
En effet, ce jour-là, les enfants faisaient
leur première communion.
Parmi eux, se trouvait la fillette de Duro-
zet, le gros comique du Palais-Royal, l’artiste
qui a fait tordre tout Paris dans vingt créa-
tions, adoré du public qui l’avait adopté et
l’avait consacré comme un de ses favoris.
D’ailleurs, il le méritait. A un calent très
fin, à une composition intelligente et recher-
chée, il joignait un naturel de bonhomie
communicative qui était le fonds même de
son caractère.
Car Durozet était bon dans l’acception en-
tière du mot, bon avec cette naïveté qui est
un peu l’apanage de tous ceux qu’on appelle
les « cabots ».
Il avait loué à Saugrion-sur-Oise une pro-
priété où, durant les mois de fermeture de
son théâtre, il passait l’été en compagnie de
sa petite famille et il y était devenu rapide-
ment populaire.
On lui avait même offert d’être conseiller
municipal; mais son bon sens l’en avait em-
pêché'; il ne voulait point se fâcher avec ses
voisins.
La première communion de sa fille fut un
événement considérable pour lui.
En homme qui ne va jamais à la messe, et
qui, cependant, religieux, ne manque jamais
les grands actes de famille, il était là, au
premier rang, suivant tous les détails de la
cérémonie.
— Moi, disait-il, quand je vais au spectacle,
j’aime arriver au commencement.
Lorsque le curé parla aux enfants, leur
exaltant la beauté de ce jour unique entre
tous, Durozet, d’émotion, se mit à pleurer si-
lencieusement, des larmes coulant sur ses
grosses joues. Il se mouchait bruyamment.
Ah! celui-là ne cachait pas ses sentiments!
La messe se termina.
Les parents passèrent dans la sacristie où,
de suite, ils entourèrent le prêtre avec des
félicitations et des remercîments.