DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0805
Le Railway, le Sapin
et le Jeune Cycliste
Le Cochet, le Chat et le Souriceau.
(La Fontaine.)
Un cycliste... tombé de la lune à Paris,
Au dépourvu fut presque pris.
Voici comme il conta sa petite aventure :
« Je faisais, en tenant mon guidon d’une main,
Du trente à l’heure, et mon chemin
De Paris coupait la ceinture,
Lorsque deux animaux m’ont arrêté les yeux :
L’un doux, bénin et gracieux,
Et l’autre trépidant et plein d’inquiétude.
Il a la voix perçante et rude,
Sur la tête un tuyau de fer,
Un panache qui tremble et qui s’élève en l’air,
Et puis retombe sur sa queue,
Laquelle est longue d’une lieue. »
Or c’était un railway dont notre jouvenceau
Fit à ses amis le tableau,
Comme d’un grand reptile absolument sauvage,
u II se frottait, dit-il, la tête avec ses bras,
Faisant tel bruit et tel fracas
Que moi qui, grâce à Dieu, suis prompt au demar-
J’en ai donné tout mon effort, [rage,
Battant en route maint record.
Sans lui j'aurai fait connaissance
Avec cet animal qui m’a semblé si doux.
Il est vernissé comme nous.
Cahotant, ayant l’air tout plein de nonchalance;
Son pas est sautillant, et pourtant un peu lourd.
Je le crois plein d’un fol amour
Pour nous et nos pareils; car pour peu qu’il nous
Il se rapproche et nous côtoie. [voie.
Je l’allais aborder, quand, s’ébrouant soudain,
L’autre m’a fait prendre la fuite.
— Ce douccret, répondit quelqu’un, est un sapin,
Qui, sous son aspect hypocrite,
Contre tout promeneur en machine monté,
D’un malin vouloir est porté.
L’autre animal tout au contraire,
C’est notre ami, c’est le Grand Frère,
Qui te ramèneras quand tu seras vanné.
Quant au sapin, fuis-le, car il nous assassine.
A mainte gaffe est condamné
Qui juge les gens sur la mine.
Myrtile Ancel.
— Comment, tu mets tes bottines neuves aujourd’hui ?
— Mais, mon ami, c’est pour les briser!
— C’est dégoûtant! On ne t’a pas plus tôt acheté quelque chose qu’il faut
que tu le brises immédiatement. Dessin de Dépaquit.
et le Jeune Cycliste
Le Cochet, le Chat et le Souriceau.
(La Fontaine.)
Un cycliste... tombé de la lune à Paris,
Au dépourvu fut presque pris.
Voici comme il conta sa petite aventure :
« Je faisais, en tenant mon guidon d’une main,
Du trente à l’heure, et mon chemin
De Paris coupait la ceinture,
Lorsque deux animaux m’ont arrêté les yeux :
L’un doux, bénin et gracieux,
Et l’autre trépidant et plein d’inquiétude.
Il a la voix perçante et rude,
Sur la tête un tuyau de fer,
Un panache qui tremble et qui s’élève en l’air,
Et puis retombe sur sa queue,
Laquelle est longue d’une lieue. »
Or c’était un railway dont notre jouvenceau
Fit à ses amis le tableau,
Comme d’un grand reptile absolument sauvage,
u II se frottait, dit-il, la tête avec ses bras,
Faisant tel bruit et tel fracas
Que moi qui, grâce à Dieu, suis prompt au demar-
J’en ai donné tout mon effort, [rage,
Battant en route maint record.
Sans lui j'aurai fait connaissance
Avec cet animal qui m’a semblé si doux.
Il est vernissé comme nous.
Cahotant, ayant l’air tout plein de nonchalance;
Son pas est sautillant, et pourtant un peu lourd.
Je le crois plein d’un fol amour
Pour nous et nos pareils; car pour peu qu’il nous
Il se rapproche et nous côtoie. [voie.
Je l’allais aborder, quand, s’ébrouant soudain,
L’autre m’a fait prendre la fuite.
— Ce douccret, répondit quelqu’un, est un sapin,
Qui, sous son aspect hypocrite,
Contre tout promeneur en machine monté,
D’un malin vouloir est porté.
L’autre animal tout au contraire,
C’est notre ami, c’est le Grand Frère,
Qui te ramèneras quand tu seras vanné.
Quant au sapin, fuis-le, car il nous assassine.
A mainte gaffe est condamné
Qui juge les gens sur la mine.
Myrtile Ancel.
— Comment, tu mets tes bottines neuves aujourd’hui ?
— Mais, mon ami, c’est pour les briser!
— C’est dégoûtant! On ne t’a pas plus tôt acheté quelque chose qu’il faut
que tu le brises immédiatement. Dessin de Dépaquit.