— Le charbon devient hors de prix et coûte déjà 5 fr. 50 les cinquante
kilos. Tu parles, mon vieux,pour le même prix si je préfère prendre une
poule pour me chauffer au lieu de coke. Dessin de Radigdet.
GUILLAUME II LATINISTE
GUILLAUMUS SECUNDO LATINISTÆ
, « Est chosum véritablamentum extraorcUncirœ que multiplii
apütuclii de Guillaumus secundo, germanieus imperator pour
toutœ scienciœ et manifestationes humanum spiritu. Omnibus
(les hommes) aveveunt connusum (ont connu) questo remarquabile
monarca, (tour à tour) soldateu, generalissimo, pictore, sculptore,
compositore, predicatore, présente die (aujourd’hui) se révèlum
latinistes accomplit, per têlêgramma échangeatus avecumprofesore
germano Mommenseno, occasione inaugurationem romanum
Saalbourgense muséum antiquitates. »
Traduction :
Je demande pardon à mes lecteurs d’employer ce bizarre et clas-
sique langage à leur égard. Je suis d’autant plus coupable que j’ignore
complètement le latin, comme on peut s’en rendre compte par
l’échantillon ci-dessus. On me l’a bien enseigné quand j’étais à
l’école, mais je n’ai jamais pu arriver à l’apprendre. Combien je
regrette mon indocilité d’alors ! Ah ! si j’avais été un élève studieux,
aujourd’hui, je parlerai le latin avecla même facilité que Guillaume II
et, qui sait, les rôles auraient peut-être été intervertis : je serais
empereur d’Allemagne et Guillaume II écrirait des articles dans le
R>re, sous le pseudonyme de Lorder Cheminoten.
Vraiment, les enfants ne se doutent pas de ce qu’ils perdent à
négliger les leçons de leurs maitres. Puisse mon exemple leur
servir de leçon !
.Quoi qu’il en soit, je ne me permettrais pas d’aborder un tel sujet
si l’Empereur d’Allemagne ne m’y avait en quelque sorte invité lui-
même, en se révélant tout d’un coup, comme par hasard, latiniste
convaincu. On n’a pas oublié l’échange de télégrammes latins qu’il
a commis récemment avec le professeur Mommsen {Mommenseno :
le Môme Senoj au moment de l’inauguration du musée romain de
Saalsbourg. Pour le cas où on l’aurait oublié, je cite le texte donné
par les journaux et qui n’est pas déplacé parmi les joyeusetés de
notre illustrée gazette humoristique.
Les voici :
« Theodoro Mommseno, antiquitatum romanarum investigatori
incomparabili, prætorii, Saalburgensis fundamenta jaciens salutem
dicit et gratias agit Guilelmus, Germanorum imperator ».
(A Théodore Mommsen, incomparable explorateur des antiquités
romaines, Guillaume, empereur des Germains, jetant les fondations
du musée de la ville»de Saalsbourg, souhaite la bonne santé et rend
hommage.)
Mommsen a immédiatement répondu :
« Germanorum principi tam majestate quam humanitate gratias
agit antiquarius Lietzelburgensis. »
(Au premier des Germains, tant par sa majesté que par son huma-
nisme, rend hommage l’antiquaire de Lietzelburg).
Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’impérial signataire de cette
éloquente missive ne s’est pas borné à un simple amusement de
dilettante. Que non! Guillaume"!! est un latiniste émérite ; il pos-
sède la langue de Cicéron comme Plutarque lui-même. Dans ses
moments perdus, il s’occupe avec sollicitude de la résurrection de
cette langue morte : il a même traduit nombre d’ouvrages de l’anti-
quité classique, et il est l’auteur d’un manuel de locutions latines-
courantes, à l’usage des écrivains sans humanités.
Je suis d’autant plus à mon aise pour en parler que je tiens le
tuyau de ma grand’mère, la reine Victoria, qui est très amie et
quelque peu parente, je crois — de Guillaume II.
Le premier effort de l’impérial traducteur s’est exercé sur l’ou-
vrage du ci-dessus nommé Plutarque, sur ce fameux De Vins, qui
nous a fait faire tant de cheveux, quand nous étions au collège.
Jusqu’ici on croyait communément que De Viris, signifiait : Des:
grands hommes, des hommes célèbres. Que non ! L’éminent lati-
niste auquel je fais des allusions plus que transparentes, répare cette-
déplorable erreur, en rétablissant le vrai sens des mots. De Vins:
signifie tout simplement : Traité des virus, et constitue un excellent
ouvrage de médecine pastorienne.
Mais c’est surtout le recueil des locutions que je vous recom-
mande. En voilà un livre à lire et méditer! Toutes les phrases de^
nos auteurs latins, devenues célèbres à travers les âges, y sont tra-
duites avec un esprit nouveau, une science consommée et une ori-
ginalité de compréhension vraiment remarquables.
Je n’en veux citer que quelques-unes, qui permettront de juger
de l’ensemble de cette œuvre unique au monde.
kilos. Tu parles, mon vieux,pour le même prix si je préfère prendre une
poule pour me chauffer au lieu de coke. Dessin de Radigdet.
GUILLAUME II LATINISTE
GUILLAUMUS SECUNDO LATINISTÆ
, « Est chosum véritablamentum extraorcUncirœ que multiplii
apütuclii de Guillaumus secundo, germanieus imperator pour
toutœ scienciœ et manifestationes humanum spiritu. Omnibus
(les hommes) aveveunt connusum (ont connu) questo remarquabile
monarca, (tour à tour) soldateu, generalissimo, pictore, sculptore,
compositore, predicatore, présente die (aujourd’hui) se révèlum
latinistes accomplit, per têlêgramma échangeatus avecumprofesore
germano Mommenseno, occasione inaugurationem romanum
Saalbourgense muséum antiquitates. »
Traduction :
Je demande pardon à mes lecteurs d’employer ce bizarre et clas-
sique langage à leur égard. Je suis d’autant plus coupable que j’ignore
complètement le latin, comme on peut s’en rendre compte par
l’échantillon ci-dessus. On me l’a bien enseigné quand j’étais à
l’école, mais je n’ai jamais pu arriver à l’apprendre. Combien je
regrette mon indocilité d’alors ! Ah ! si j’avais été un élève studieux,
aujourd’hui, je parlerai le latin avecla même facilité que Guillaume II
et, qui sait, les rôles auraient peut-être été intervertis : je serais
empereur d’Allemagne et Guillaume II écrirait des articles dans le
R>re, sous le pseudonyme de Lorder Cheminoten.
Vraiment, les enfants ne se doutent pas de ce qu’ils perdent à
négliger les leçons de leurs maitres. Puisse mon exemple leur
servir de leçon !
.Quoi qu’il en soit, je ne me permettrais pas d’aborder un tel sujet
si l’Empereur d’Allemagne ne m’y avait en quelque sorte invité lui-
même, en se révélant tout d’un coup, comme par hasard, latiniste
convaincu. On n’a pas oublié l’échange de télégrammes latins qu’il
a commis récemment avec le professeur Mommsen {Mommenseno :
le Môme Senoj au moment de l’inauguration du musée romain de
Saalsbourg. Pour le cas où on l’aurait oublié, je cite le texte donné
par les journaux et qui n’est pas déplacé parmi les joyeusetés de
notre illustrée gazette humoristique.
Les voici :
« Theodoro Mommseno, antiquitatum romanarum investigatori
incomparabili, prætorii, Saalburgensis fundamenta jaciens salutem
dicit et gratias agit Guilelmus, Germanorum imperator ».
(A Théodore Mommsen, incomparable explorateur des antiquités
romaines, Guillaume, empereur des Germains, jetant les fondations
du musée de la ville»de Saalsbourg, souhaite la bonne santé et rend
hommage.)
Mommsen a immédiatement répondu :
« Germanorum principi tam majestate quam humanitate gratias
agit antiquarius Lietzelburgensis. »
(Au premier des Germains, tant par sa majesté que par son huma-
nisme, rend hommage l’antiquaire de Lietzelburg).
Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’impérial signataire de cette
éloquente missive ne s’est pas borné à un simple amusement de
dilettante. Que non! Guillaume"!! est un latiniste émérite ; il pos-
sède la langue de Cicéron comme Plutarque lui-même. Dans ses
moments perdus, il s’occupe avec sollicitude de la résurrection de
cette langue morte : il a même traduit nombre d’ouvrages de l’anti-
quité classique, et il est l’auteur d’un manuel de locutions latines-
courantes, à l’usage des écrivains sans humanités.
Je suis d’autant plus à mon aise pour en parler que je tiens le
tuyau de ma grand’mère, la reine Victoria, qui est très amie et
quelque peu parente, je crois — de Guillaume II.
Le premier effort de l’impérial traducteur s’est exercé sur l’ou-
vrage du ci-dessus nommé Plutarque, sur ce fameux De Vins, qui
nous a fait faire tant de cheveux, quand nous étions au collège.
Jusqu’ici on croyait communément que De Viris, signifiait : Des:
grands hommes, des hommes célèbres. Que non ! L’éminent lati-
niste auquel je fais des allusions plus que transparentes, répare cette-
déplorable erreur, en rétablissant le vrai sens des mots. De Vins:
signifie tout simplement : Traité des virus, et constitue un excellent
ouvrage de médecine pastorienne.
Mais c’est surtout le recueil des locutions que je vous recom-
mande. En voilà un livre à lire et méditer! Toutes les phrases de^
nos auteurs latins, devenues célèbres à travers les âges, y sont tra-
duites avec un esprit nouveau, une science consommée et une ori-
ginalité de compréhension vraiment remarquables.
Je n’en veux citer que quelques-unes, qui permettront de juger
de l’ensemble de cette œuvre unique au monde.