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Le rire: journal humoristique — 7.1900-1901 (Nr. 313-364)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21882#0019
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Le Lièvre.. — Rien ne sert de courir, tu seras cuit à point.

JEUNES GENS PRATIQUES

Vô.us est-il déjà arrivé d’être présenté à une jeune fille, à titre de
fiancé ?

Si oui, vous savez combien est-gênante cette présentation.

Lorqu’Il fut amené, par des amis communs, chez ses parents, à
Elle, il était convenu que cette première entrevue n’avait rien d’of-
ficiel. Si (comme on l’espérait) l’impression mutuelle n’é-
tait pas trop mauvaise, on parlerait mariage.

Pendant tout le diner, les deux jeunes gens s’en tinrent
aux lieux communs classiques. Puis on s’écarta d’eux,
pour qu'ils pussent s’entretenir à mi-voix et faire con-
naissance.

Et alors s’engagea cet édifiant dialogue :

lui. — Inutile de jouer plus longtemps la comé-
die, — n’est-ce pas? mademoiselle. Nous savons aussi
bien l’un que l’autre de quoi il s’agit.

elle. — Cela va sans dire.

lui.— Je vois que vous êtes franche. Preuve
d’intelligence. Dites-moi donc, sans détours,
si l’affaire vous sourit ou... ne vous sourit
pas.

elle. — Vous ne me déplaisez point. Autant
vous qu’un autre. Et même plutôt vous que
certains autres qui m’ont été présentés. Vous
avez l’air moins poseur.

lui. — Vous avez ' dix-sept ans, m’a-t-
on dit. Avez-vous une vague idée de ce
qu’est-le mariage ?

elle. — Une idée pas vague le moins
du monde. Il y a beau temps que j’ai
tout lu, tout dit avec mes amies. Je
serais étonnée que vous ayez encore
quelque chose à
m’apprendre.

lui. — Ah !...
mais... diable !

elle.— Oh ! si
je sais tout...
c’est théorique-
ment. Je n’ai ja-
mais rien essayé.

Soyez tranquille.

lui. — Faute
de... désir?... ou
faute d’occa-
sions ?

elle. — Faute
de l’un et des
autres. Comme je
m’attendais à
être mariée de
bonne heure., j’ai
toujours patienté
avec philosophie.

Saris trop dè pei-
ne, d’ailleurs.

, lui.—Au moins,
vous en tien-
drez-vous à un
seul essai? Je

Dessin de Bousille.

veux dire... aus essais avec... un seul homme? — avec votre mari ?

elle. — Vous m’en demandez plus long que je ne sais moi-
même. Comment voulez-vous que, comme ça, à l’avance, je puisse
dire ce qui me suffira ou ne me suffira pas?
lui. — Cela donne à réfléchir.

elle. — Vous semblez avoir en vous-même une confiance bien
médiocre.

lui. — Oh !... à moins que je ne change beaucoup (on ne peut pas
savoir.,.), je crois pouvoir répondre que... Vous nie comprenez.

elle. — Je comprends fort bien. Du reste, rassu-
rez-vous : il est très probable que je n’ai pas un tem-
pérament exceptionnel, .et je ne vous demanderai sans
doute rien que d’ordinaire. Donc, n’ayez pas trop
peur.

lui. — Si jamais il vous prenait fantaisie de chan-
ger un peu cet ordinaire, m’avertiriez-vous?.

elle. — Je vous le promets. De votre côté, il faut
me promettre de n’ètre pas trop sévère.

lui. — Nous nous quitterions,
simplement. 'A quoi bon se faire
du mauvais sang?
elle. — Et même, à quoi bon
se quitter? Ré-
fléchissez un
peu.

lui. — Je n’ai-
m e pas qu’on
boive dans mon
verre. Répu-
gnance ridicule
peut-être ; mais,
c’est plus fort que
moi.

elle.— Ne bu-
vez-vous jamais
que dans d«s ver-
res neufs?
lui. — Non...

sans doute.

Mais les verres,
on...

ELLE. — VOUS
voyez bien. C’est
absolument l,a
même chose.

lui. — Soit !
Mais le mieux, je
crois, sera enco-
re de nous en te-
nir l’un à l’autre.
C'a évite des com-
plications.

elle. — Oh !
vous, vous ferez
ce qu’il vous plai-
ra. Un homme,
ça n’a pas d’im-
portance.

lui. — Je suis
de votre avis. Dé-
pêchons-nous de
conclure; on va
nous séparer
bientôt. Alors,

A LA MÉMOIRE DES SOLDATS DE LA QUEEN ÉCHARPES AU TRANSVAAL
Monument de marbre blanc gracieusement offert par le Rtre et destiné à orner une des places publi-
îes de Prétoria, après la guerre. Dessin de Monnier.
 
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