Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire: journal humoristique — 7.1900-1901 (Nr. 313-364)

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.21882#0022
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
J. et j. fille. Très beaux cheo. bl. prisonn. clésir. réunion avec j. et
aim. caval. qui puisse s’intèr. à elle. S'acLr. Angela. Château-
Maudit, Grosskolossallbaeh.

« Victoire! chantâmes-nous. Puisque le ciel nous aide, gagnons
sans plus tarder le Grosskollossalbaçh en question. » Notre piste
était la bonne. Nous allions en avoir bientôt une nouvelle preuve.
Le lendemain, nous voyagions pensifs le long de ce torrent é.cumeux
qui, comme a dit le poète « sort à gros bouillons du val» quand nous
vimes échouer sur le rivage un second objet blanc, presque sem-
blable au premier. Nous le ramassâmes et, avec une égale curiosité,
lûmes :

Quel gentilhom désintér. portera secours à j. fill. br.,svelt., très
èlég., mais prisonn. S'adr. Dolorès, Château-Maudit, Grosskolos-
sallbach. Pas rép. si pas sérieux.

.Et maintenant, conclut Arthur de Boisflotté, nous voici dans la
gorge des Sept-Fontaines du Diable, à une portée de mousquet du
Château-Maudit. Que faire?

Arthur se leva. 11 se tourna vers la paroi du roc qui fermait l’entrée
de la gorge et avec un geste sublime d’ampleur et de noblesse :

— Répondez-moi, échos de la montagne, s’écria-t-il à pleine voix.
Dans cette affaire où l’honneur de deux jeunes filles est en jeu, dans
cette affaire où deux jeunes hommes ont à lutter contre un nombre
incertain de bandits sans foi et de lâches-assassins, que faut-il pour
être vainqueur?

Fidèlement, l’écho répéta la dernière syllabe prononcée.

— Du cœur? bravo ! Bien répondu ! reprit le comte. Du cœur, nous
en avons. Nous avons même à notre service une loyale épée. Et dites
moi, échos de la montagne, que faut-il de plus qu’un cœur vaillant
et qu’une fidèle colichemarde?... »

Encore une fois l’écho répondit distinctement les cinq dernières
lettres... et les deux gentilshommes se sentirent le cœur saisi d’un
sinistre pressentiment.

CHAPITRE III
Le traître démasqué.

F VT

Roland. d’Hodeuriorth à sa table de travail.

Ce jour-là, Roland d’Hodeurforth s’était levé de mauvaise humeur,

et s’était hâté, ses va-
lets congédiés, de ve-
nir prendre place à sa
table de travail.

Le comte d’Hodeur-
forth — car c’était
bien lui — était entre
deux âges, mais beau-
plus près de l’un que
de l’autre. Son front
couvert de sueur dé-
notait un cerveau bien
trempé; son nez d’ai-
gle respirait l’énergie
en même temps qu’u-
ne peu commune cru-
auté. Aussi bien la
férocité de son âme de
brute était-elle légen-
daire dans toute l’Eu-
rope digne de ce nom
et ses armes parlan-
tes portaient non sans
raison un fort de

GUEULE AVEC FEMME EN
PAL ET MANANT ÉCAR-
TELÉ.

Ce matin donc, le chancelier d’Hodeurforth, assis seul dans sa
chambre remuait fiévreusement les liasses de papier qui couvraient
sa table, quand soudain un bruit léger
le fit tressaillir. Il leva les yeux et
son vidage se couvrit d'une affreuse
p.ileur. En d’autres terril os, il pâlit
affreusement. Là, devant lui, un hom-
m ; masqué était debout, un homme
grand, maigre, vert, et portant sur
son épaule une besace de velours noir
semé de larmes chargent. Tout d’a-
bord, et malgré la terreur qui le rete-
nait tremblant au fond de son fau-
teuil, l’Anglais essaya de payer d’au-
dace.

— Holà, maraud, ricana-t-il, qui t’a
permis de pénétrer céans?

— Personne et qu’importe?

— Qu’importe?... Pasquedieu ! la

réponse est galante. Sais-tu bien que je puis te faire brancher in-
continent au plus grand arbre de mon parc ?

— Non, tu ne le puis.

— Têtebleu, cet homme perd l’esprit! Holà Crispin, Frontin, La-
fleur, Gotlion, Marton, Fifine, accourez céans!... Mort de moy,
j’enrage !... Toute ma valetaille est feue et je vais être contraint de
bastonner moi-même cet intrus avant de le jeter hors!

— N’appelez pas ; c’est inutile. Vos gens ne viendront que sur un
ordre de moi.

Son visage pâlit affreusement.

— Mais alors, c’est un guet-apens ?. Inconnu, tu veux ma vie ?
Prends-la donc.

— Non, comte d’Hodeurforth, ton heure n’eSt pas encore venue,
un aveu loyal peut la retarder encore. Ne
tente point de dissimuler, car je sais tout.

Je sais que l’autre nuit, tu n’hésitas pas à
traverser la Seine à la nage pour sur-
prendre le secret de Melchior et de Mou-
che-à-viande. Je sais que de cette manière,
tu déjouas le complot tramé contre la Pa-
méla.Je sais que.l’Indien Madapolam,man-
quant de flair — il a été remplacé dans la
suite par un bas-officier du Royal-Artillerie
— commit la grossière erreur de prendre
deux petites bourgeoises pour Paméla et sa
Soubrette. Enfin je sais...

— En vérité, sombre inconnu, rien ne
t’échappe... Tu es donc le diable en per-
sonne ?

— Qui je suis, tu le sauras un jour —
trop tôt peut-être ! Je sais, dis-je, que le
faux frère Rouquin, l’obscène Mouche-à-
viande, ayant conçu une infâme passion
pour l’une de ces captives, refusa de s’en
dessaisir, il assassina lâchement ce cœur d’or qui avait nom Mel-

Vois sur les tapisseries les portraits de tes ancêtres...

cliior ; et depuis, les deux infortunées sont la proie du R uquin
devenu ton âme damnée. Et maintenant
parle, je t’ouïe. Où est réfugié ce traître?

En quel lieu de la terre retient-il enfer-
mées ces tendres victimes ?

— Et si je refuse de répondre?

— Recommande à Dieu ton âme de mé-
créant, je te briserais comme verre.

— Eli bien soit! — Tu es le plus fort au-
jourd’hui, je dois céder ; mais par l’enfer,
j’aurai ma revanche. Le Rouquin est au
Château-Maudit, en Forêt-Noire...

A ces mots l’inconnu eut un soubresaut
que l’Anglais ne remarqua pas!

— Etrange coïncidence ! murmura-t-il
entre ses dents, puis tout haut :

— C’est bien, voilà tout ce que je désirais
savoir ! Et maintenant, je te laisse à tes re-
mords, traître trois fois maudit. Ne vois-tu
pas sur les tapisseries qui décorent ces mu-
railles, les portraits de tes glorieux ancê-
tres? Ils semblent tendre vers toi les bras
avec des gestes de menace...

Le comte abaissa ses regards sur les ta-
pisseries, il n’y vit rien d’anormal, mais
quand il releva les yeux, L’HOMME VER-
DATRE AVAIT DISPARU.

CHAPITRE IV
Rayon d’espoir.

Délicieusement pâle en la blancheur de
ses nocturnes voiles, sous les rais de lune
qui tombaient de la fenêtre grillagée, An-
gela était assise dans sa cellule, au sommet
de la Tour du Nord.— O mon Dieu! disait-
elle, sauvez-moi de mon incertitude. Dois-je
dormir? Dois-je veiller? N’a-t-on point trouvé les mouchoirs que
nous jetâmes dans le torrent? Si, puisque l’autre jour j’aperçus à
travers les barreaux épais de ma cage, comme deux points noirs...
au loin... sur la grand’route. Ce sont mes libérateurs, pensais-je; et
le même soir, comme je chantais peur raffermir mon courage la si
touchante romance qui berça mes premiers pas :

Pauvfe tourte-relle dans la souffrance,

Toi, qui gémis ëeulette en ta prison,

Prête l’oreille aux voix de l’espéfance.

Vois-tu point un point poindre à l’horizon?

L’homme verdâtre avait
disparu.

(

Un bas-officier du Royal-
Artillerie.
 
Annotationen