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Le rire: journal humoristique — 7.1900-1901 (Nr. 313-364)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21882#0072
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LE ROI NÈGRE AU THÉÂTRE

Une scène pathétique.

Une scène triste.

LA LOGE DU ROI VU DE LA SCENE

Tout finit bien.

Dessin de Trilleau.

UN EXCÈS DE SCRUPULE

La flamme du foyer crépita, lança, comme par
boutade, une indiscrète lueur vers le tabouret de
Jenny; — qui, sentant une chaleur sous sa che-
mise de nuit, écarta ses jambes nues.

D’un doigt un peu nerveux, qui tira du feuillet
un petit crépitement, elle tourna la page; et, avec
un ennui qu’elle ne s’avouait pas, s’attaqua de
nouveau au roman à la mode. A peine deux ou

I rnis phrases, plus banales que les autres, faisaient-
elles impression sur sa cervelle d’oiseau.

Bientôt, pour se distraire, elle releva la tête...,
prêtant l’oreille à dès éclats de voix, qui mainte-
nant troublaient la maison endormie. Décidément,
c’était bien une dispute. Aussi la folle curieuse,
enfilant ses pantoufles, courut-elle vers la porte
de son appartement.

D’abord, elle l’en tr’ouvritaveo mille précautions;
mais bientôt, enhardie par les ténèbres épaisses,
elle lit sur le palier un,ou deux pas timides.

Soudain elle tressaillit..., puis resta pétrifiée.
Un courant d’air venait de refermer sa porte!

Où trouver un crochet pour ouvrir la serrure?

II fallait bien, hélas! qu’elle appelât quelqu’un.

Et, pour tout vêtement,elle avaitunechemise...
de mousseline très fine!

La loge du concierge, pour comble de mal-
heur, n’était pas très proche. Impossible de s’y
rendre sans traverser la cour. Outre les ren-
contres probables de bourgeois attardés, Jenny,
qui grelottait, craignait l’air de la nuit.

Crier par la fenêtre eût été encore pire. A la
seule pensée des matrones gourmées, des («famil-
les» hautaines, de toute cette meute sceptique et

— Est-ce qu’on
glise?

— Non, c’est un. enterre-
rement civil.

— Alors j’espère qu’on nous invitera à

prendre quelque chose puisque c’est un ser-
vice athée. Dessin d'A. Rodveyre.

pleine de préjugés qui pouvant accourir, la pau-
vrette tremblait. Comme tout le monde savait
qu’elle avait des amants, on ne manquerait pas de
penser, tout d’abord, qu’à la suite d’une dispute on
l’avait chassée.

Une ressource lui restait, — qui était d’éveiller
discrètement un voisin. Or, sur le même palier,
il y avait une porte. Et, à travers cette porte, fil-
trait précisément un rayon de lumière.

Jenny allait frapper; déjà elle avançait une pe-
tite main tremblante..., lorsqu’une hésitation lui
vint à l’improviste.

Grand Dieu! que ce voisin était un drôle de
corps! Elle se remémorait entre autres une cir-
constance peu faite pour engager à s’adresser à
lui.

Un soir que des amis avaient soupé chez elle,
le concierge, tout penaud, l’avait arrêtée au pas-
sage, pour lui transmettre la plus singulière des
réclamations. Un certain M. Joffre, qui était de
passage à Paris et logeait chez son fils, venait de
descendre pour se plaindre. Certes, il admettait
bien qu’on fit de la musique jusqu’à une certaine
heure. « Seulement », il priait « ces messieurs et
ces dames » de choisir des chansons « un peu
moins décolletées ». Sans quoi M. Joffre fils, qui
était un jeune homme sérieux et convenable, « se
verrait obligé de quitter la maison ».

Ce petit souvenir, dans une telle occurrence,
<> avait vraiment de quoi donner à réfléchir ».
Mais enfin, il fallait prendre un parti quelconque.

Après tout, pensa-t-elle, il ne me mangera pas!
— Et, délibérément, elle frappa à la porte.

Deux ou trois secondes s’écoulèrent. Puis les
lames du parquet crièrent très légèrement. Puis
plus rien. Jenny se préparait à frapper de nouveau,

Ah! c’est vous la nouvelle cuisinière qui m’êtes tant recommandée?
Je voudrais manger des pommes de terre en robe de chambre.

— Tenez, monsieur, voilà toujours la robe de chambre. Je vous ap
]3orte les pommes de terre à l’instant. Dessin de dépaciiit.
 
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