le cold-crème
On a chanté les roses,
Les oiseaux et les fleurs;
On a de toutes choses
Fait des portraits flatteurs ;
On a chanté la lune,
Le soleil, les enfants,
Et la blonde et la brune,
L’automne et le printemps ;
On chante l’hiver même,
La réglisse en bâton...
Pourquoi négligea-t-on
De chanter le cold-crème?
On chanta, belle-mère,
Tes cris et tes gros mots;
La durée éphémère
De vos amours, Saphos.
11 n’est pas difficile
De célébrer le vin,
Car la rime est facile : _
C’est toujours « jus divin ».
Mais le poète blême
A toujours hésité
De dire en vérité
Le* hauts faits du cold-crème.
u après les gens futiles,
11 ne faut louanger
Que les choses utiles,
L’opium ou l’oranger.
« Gardez vos dithyrambes
« Pour les faits glorieux;
» Dédiez vos ïambes
« A la jeunesse, aux cieux!
« Mais'ïaire un long poème
a Sur ce sujet badin,
« Bénin et anodin,
(i Et prôner le cold-crème! »
— Bonjour, madame, je viens pour toucher...
— Regardez, mais n’ touchez pas ! Dessin de Rouveyre.
Pourquoi, je le demande,
Dit-on ça, sur ma foi?
Je veux que l’on me pende
Si je sais trop pourquoi !
Le cold est salutaire,
On ne peut le nier,
Et tous sur cette terre
Savons bien l’employer.
Gardez votre anathème
Pour un autre motif.
Si vous souffrez au pif,
Vous mettez du cold-crème.
Ce n’est pas un liquide
Que l’on sert à souper;
Ce n’est pas un solide
Que l’on peut découper;
Ce n’est ni l’un ni l’autre;
C’est don,c original.
Ce produit bon apôtre,
Couleur blanc virginal,
Nous vient au cas extrême
Et pour nous soulager,
Il le faut ménager!
Souverain, le cold-crème!
Dans la rue on rencontre
Une femme à l’œil noir
Qui de vertu fait montre...
Quoiqu’en cheveux, le soir.
On se dit : » De quel monde?
« Offrirai-je mon bras? »
Mais une boîte ronde
Vous tire d’embarras.
On sort à l’instant même
De chez le pharmacien...
Allons, tout ira bien,
Grâce encore au cold-crème !
Félix Galipaux..
— Avec un pareil chef, nous mangerons enfin de la soupe sans cheveux!
Dessin d’Abel Faivre.
On a chanté les roses,
Les oiseaux et les fleurs;
On a de toutes choses
Fait des portraits flatteurs ;
On a chanté la lune,
Le soleil, les enfants,
Et la blonde et la brune,
L’automne et le printemps ;
On chante l’hiver même,
La réglisse en bâton...
Pourquoi négligea-t-on
De chanter le cold-crème?
On chanta, belle-mère,
Tes cris et tes gros mots;
La durée éphémère
De vos amours, Saphos.
11 n’est pas difficile
De célébrer le vin,
Car la rime est facile : _
C’est toujours « jus divin ».
Mais le poète blême
A toujours hésité
De dire en vérité
Le* hauts faits du cold-crème.
u après les gens futiles,
11 ne faut louanger
Que les choses utiles,
L’opium ou l’oranger.
« Gardez vos dithyrambes
« Pour les faits glorieux;
» Dédiez vos ïambes
« A la jeunesse, aux cieux!
« Mais'ïaire un long poème
a Sur ce sujet badin,
« Bénin et anodin,
(i Et prôner le cold-crème! »
— Bonjour, madame, je viens pour toucher...
— Regardez, mais n’ touchez pas ! Dessin de Rouveyre.
Pourquoi, je le demande,
Dit-on ça, sur ma foi?
Je veux que l’on me pende
Si je sais trop pourquoi !
Le cold est salutaire,
On ne peut le nier,
Et tous sur cette terre
Savons bien l’employer.
Gardez votre anathème
Pour un autre motif.
Si vous souffrez au pif,
Vous mettez du cold-crème.
Ce n’est pas un liquide
Que l’on sert à souper;
Ce n’est pas un solide
Que l’on peut découper;
Ce n’est ni l’un ni l’autre;
C’est don,c original.
Ce produit bon apôtre,
Couleur blanc virginal,
Nous vient au cas extrême
Et pour nous soulager,
Il le faut ménager!
Souverain, le cold-crème!
Dans la rue on rencontre
Une femme à l’œil noir
Qui de vertu fait montre...
Quoiqu’en cheveux, le soir.
On se dit : » De quel monde?
« Offrirai-je mon bras? »
Mais une boîte ronde
Vous tire d’embarras.
On sort à l’instant même
De chez le pharmacien...
Allons, tout ira bien,
Grâce encore au cold-crème !
Félix Galipaux..
— Avec un pareil chef, nous mangerons enfin de la soupe sans cheveux!
Dessin d’Abel Faivre.