c’était lui — fit approcher Melchior et lui donna un petit écu avec
des pleurs d’attendrissement, puis il continua r
« Grâces soient rendues au ciel! Nos tribulations sont terminées !
Au moment où je quittai Paris, j’appris une étrange nouvelle: La belle
Paméla, après avoir fait l’aveu de toutes ses infamies, s’était
ouvert les veines dans un bain de champagne. Le lendemain
Paméla s’ôtait ouvert les veines dans un bain de champagne.
même, Louis, notre gentil roi, me rendait sans plus tarder mes
titres 'et biens. Etais-je satisfait? Pas encore, car les cadavres de
mes frères continuaient à me crier: « Venge-nous! Venge-nous ! »
dans l’opacité des nuits sans lune... Et maintenant, mes amis,
voulez-vous savoir ce que contient ce sac de velours noir semé de
larmes, ce sac que je m’étais juré de ne point quitter qu’il n’ait sa
charge à lui destinée?...
L’Homme verdâtre se leva et, prenant la besace, la renversa d'un
geste brusque. Un quintuple cri s’échappa dê la poitrine des assis-
tants. La tête sanglante de Roland d’Hodeurforth venait de rouler à
terre.
— Justice est faite ! dirent-ils en chœur.
CHAPITRE XI
Quatre ans après.
Par une "belle soirée de juillet, sept personnes étaient réunies sur
la terrasse du Château-Béni (le Château-Maudit, habilement res-
tauré, avait changé de nom). Au milieu du groupe trônait le comte
deLamerloy, sec, maigre, mais presque plus verdâtre, bien qu’encore
plein de verdeur. Les personnes qui l’auraient connu quelques
années auparavant seraient demeurées stupéfaites de l’incroyable
Par une belle soirée de juillet, sept personnes étaient réunies.
changement opéré dans sa personne : de' blancs qu’ils étaient, ses
CHEVEUX ÉTAIENT DEVENUS,POIVRE ET SEL.
Cependant souriant et bénévole, il balançait sur ses genoux deux
enfants, un petit garçon brun, Florimond de Boisfiotté, surnommé
Guigui et une petite fille blonde Hiteurgarde Kelbourouët de
Plenn’dougaz surnommée Tata, tous deux frais, mignons, avec des
fossettes un peu partout. Les parents souriants, eux aussi, contem-
plaient avec un orgueil attendri ce charmant spectacle et disaient
tout bas : « Nous les marierons ensemble. »
Chers petits anges, qu’ils étaient jolis avoir, amusants à entendre !
Ils disaient à leur grand-père dans leur jargon enfantin et naïf:
(i O notre aïeul vénéré, contez-nous donc une de ces histoires que
vous narrez avec ce charme qui vous est propre. »
Et le vieux gentilhomme commençait sans se faire prier :
« Onze heures sept de la nuit tintaient, tel un glas, à la grosse
horloge de la Tour de Nesles. Un homme, en apparence profondé-
ment endormi... »
Fin
Texte et Dessins d’AvELOT.
— Ce que devrait être la situation de l’Allemagne . en Chine, si tout
allait selon les désirs de M. Bebel, le mandarin, du "Reichstag Allemand.
{Floh, Vienne.)
Les Gaietés de la Rampe
Le théâtre de la Gaité vient de représenter une fois de plus Les
28 jours cle Clairette. C’est, évidemment, une opérette char-
mante, mais un peu beaucoup vue. Je crains que l’on ne joue
pas aussi souvent Bonne d'Enfant, que les Nouveautés ont repré-
senté cette semaine. C’est une grosse farce, amusante parfois, mais
vraiment bien banale. Torin y est drôle, Germain toujours le même,
Colombey excellent, MUc Burty charmante et Mlle Dicksonn bien
jolie. Et 'maintenant passons au Vaudeville où nous avons vu la
nouvelle incarnation de Vautrin... non de Réjane. La pièce, Sylvie
ou la Chercheuse d Amour, est extraite d’un roman délicieusement
libertin de kl. Abel Hermant ; mais les deux premiers actes distil-
lent l’ennui et les deux derniers, plus amusants, ne suffisent pas à
les faire passer : MUe Darcourt représente très agréablement une
jeune douairière ; les hommes ne sont pas aussi bons que d'ordi-
naire et ce n’est pas leur faute. Quanta la mise en scène, elle est
fort réussie, et pour ceux qui aiment les choses lestes ils sont servis-
à souhait. La pièce a quatre actes et chaque fois le rideau baisse sur
une nouvelle faiblesse de l’héroïne. Espérons qu’à force de nous
montrer les préliminaires de l’acte, les auteurs arriveront à nous
montrer l’acte lui-même. Sed minora canamus. Le Concert Euro-
péen a donné la première de sa revue annuelle, intitulée : Ça y est!
A part une agréable commère, MUe Saint-Andrée, Mlb Lainé et
une fantaisiste, MUo Noëdia, qui ne devrait chanter qu’avec ses
jambes, l’interprétation ni la revue ne sont bien fameuses.
M. de M. R.
Nous apprenons que de soi-disant troupes artistiques à la solde
d’industriels sans vergogne, parcourent la province et se recom-
mandent au public du titre de notre journal. Nous déclarons très
des pleurs d’attendrissement, puis il continua r
« Grâces soient rendues au ciel! Nos tribulations sont terminées !
Au moment où je quittai Paris, j’appris une étrange nouvelle: La belle
Paméla, après avoir fait l’aveu de toutes ses infamies, s’était
ouvert les veines dans un bain de champagne. Le lendemain
Paméla s’ôtait ouvert les veines dans un bain de champagne.
même, Louis, notre gentil roi, me rendait sans plus tarder mes
titres 'et biens. Etais-je satisfait? Pas encore, car les cadavres de
mes frères continuaient à me crier: « Venge-nous! Venge-nous ! »
dans l’opacité des nuits sans lune... Et maintenant, mes amis,
voulez-vous savoir ce que contient ce sac de velours noir semé de
larmes, ce sac que je m’étais juré de ne point quitter qu’il n’ait sa
charge à lui destinée?...
L’Homme verdâtre se leva et, prenant la besace, la renversa d'un
geste brusque. Un quintuple cri s’échappa dê la poitrine des assis-
tants. La tête sanglante de Roland d’Hodeurforth venait de rouler à
terre.
— Justice est faite ! dirent-ils en chœur.
CHAPITRE XI
Quatre ans après.
Par une "belle soirée de juillet, sept personnes étaient réunies sur
la terrasse du Château-Béni (le Château-Maudit, habilement res-
tauré, avait changé de nom). Au milieu du groupe trônait le comte
deLamerloy, sec, maigre, mais presque plus verdâtre, bien qu’encore
plein de verdeur. Les personnes qui l’auraient connu quelques
années auparavant seraient demeurées stupéfaites de l’incroyable
Par une belle soirée de juillet, sept personnes étaient réunies.
changement opéré dans sa personne : de' blancs qu’ils étaient, ses
CHEVEUX ÉTAIENT DEVENUS,POIVRE ET SEL.
Cependant souriant et bénévole, il balançait sur ses genoux deux
enfants, un petit garçon brun, Florimond de Boisfiotté, surnommé
Guigui et une petite fille blonde Hiteurgarde Kelbourouët de
Plenn’dougaz surnommée Tata, tous deux frais, mignons, avec des
fossettes un peu partout. Les parents souriants, eux aussi, contem-
plaient avec un orgueil attendri ce charmant spectacle et disaient
tout bas : « Nous les marierons ensemble. »
Chers petits anges, qu’ils étaient jolis avoir, amusants à entendre !
Ils disaient à leur grand-père dans leur jargon enfantin et naïf:
(i O notre aïeul vénéré, contez-nous donc une de ces histoires que
vous narrez avec ce charme qui vous est propre. »
Et le vieux gentilhomme commençait sans se faire prier :
« Onze heures sept de la nuit tintaient, tel un glas, à la grosse
horloge de la Tour de Nesles. Un homme, en apparence profondé-
ment endormi... »
Fin
Texte et Dessins d’AvELOT.
— Ce que devrait être la situation de l’Allemagne . en Chine, si tout
allait selon les désirs de M. Bebel, le mandarin, du "Reichstag Allemand.
{Floh, Vienne.)
Les Gaietés de la Rampe
Le théâtre de la Gaité vient de représenter une fois de plus Les
28 jours cle Clairette. C’est, évidemment, une opérette char-
mante, mais un peu beaucoup vue. Je crains que l’on ne joue
pas aussi souvent Bonne d'Enfant, que les Nouveautés ont repré-
senté cette semaine. C’est une grosse farce, amusante parfois, mais
vraiment bien banale. Torin y est drôle, Germain toujours le même,
Colombey excellent, MUc Burty charmante et Mlle Dicksonn bien
jolie. Et 'maintenant passons au Vaudeville où nous avons vu la
nouvelle incarnation de Vautrin... non de Réjane. La pièce, Sylvie
ou la Chercheuse d Amour, est extraite d’un roman délicieusement
libertin de kl. Abel Hermant ; mais les deux premiers actes distil-
lent l’ennui et les deux derniers, plus amusants, ne suffisent pas à
les faire passer : MUe Darcourt représente très agréablement une
jeune douairière ; les hommes ne sont pas aussi bons que d'ordi-
naire et ce n’est pas leur faute. Quanta la mise en scène, elle est
fort réussie, et pour ceux qui aiment les choses lestes ils sont servis-
à souhait. La pièce a quatre actes et chaque fois le rideau baisse sur
une nouvelle faiblesse de l’héroïne. Espérons qu’à force de nous
montrer les préliminaires de l’acte, les auteurs arriveront à nous
montrer l’acte lui-même. Sed minora canamus. Le Concert Euro-
péen a donné la première de sa revue annuelle, intitulée : Ça y est!
A part une agréable commère, MUe Saint-Andrée, Mlb Lainé et
une fantaisiste, MUo Noëdia, qui ne devrait chanter qu’avec ses
jambes, l’interprétation ni la revue ne sont bien fameuses.
M. de M. R.
Nous apprenons que de soi-disant troupes artistiques à la solde
d’industriels sans vergogne, parcourent la province et se recom-
mandent au public du titre de notre journal. Nous déclarons très