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https://doi.org/10.11588/diglit.21882#0863
On lit dans le Daily News du 13 octobre 1901 : En présence des exécutions des chefs boers par le féroce Kitchener, les mères et les femmes des
officiers anglais doivent trembler...
LA CARPE ET LE LAPIN
Je m’étais souvent demandé pourquoi l’on
pa le toujours du produit incestueux de la
carpe et du lapin. Le sens généralement ré-
servé à ce quai ficatif paraît, en effet, incom-
patible avec la différence de nature de ces
deux bêtes. J’avais beau échafauder les rai-
sonnements les plus subtils, accumuler les
suppositions les plus ingénieuses, tirer les
déductions les plus savantes, je ne parvenais
pas à comprendre. Puis, un beau jour, je me
dis que j’étais bien sot de me creuser ainsi
la cervelle, que toutes les réflexions ne pou-
vaient tenir devant les faits et qu’en tin de
Les murs ont des oreilles... Espérons qu’ils n’ont pas de nez. Dessin d’Abel Faivre.
compte, le plus simple était de tenter une
expérience, c’est-à-dire me procurer une
carpe et un lapin, less mettre ensemble et at-
tendre patiemmentÆe résultat.
— Comme ça, pensai-je, lorsqu’ils m’auront
fait un petit, je verrai tout de suite s’il est
incestueux ou non.
Aussitôt pensé, aussitôt fait. Je cours chez
mon marchand de carpes, et j’achète une
carpe. Je ne fais qu’un saut chez mon mar-
chand de lapins, qui me vend un lapin. En
passant devant mon marchand de cages, je
me nantis d’une cage et je rentre chez moi.
Je pose ma cage sur la table. J’y installe
ma carpe. J'y installe aussi mon lapin. Le
lapin ne dit rien. La carpe se met à frétiller
d’une manière tout à fait extravagante.
— Bravo, fis-je, voilà ma carpe qui fait des
avances. Tout va bien!
Et, me frottant joyeusement les mains, j’al-
lai vaquer à mes occupations.
Le lendemain, à ma grande surprise, je
constatai que la carpe était morte.
— Voilà qui est fort! m’écriai-je.
Puis,-la réflexion venant, il me souvintque
la carpe est un poisson, que les poissons vi-
vent généralement dans l’eau et qu’un séjour
prolongé à l’air libre passe pour leur être
particulièrement préjudiciable.
—• Ce n’est que partie remise. Procurons-
nous un aquarium.
J’achète donc un aquarium. Je me procure
une seconde carpe. Et je rentre chez moi.
Je pose l’aquarium sur une table. J’y plonge
ma carpe. J’y plonge aussi mon lapin. La
carpe ne dit rien. Le lapin se met à gigoter
d’une façon dés plus insolites.
— Bravo, voilà mon lapin qui s’excite. Tout
va bien !
Et, me frottant joyeusement les mains, j'al-
lai vaquer à mes occupations.
Le lendemain, à ma grande surprise, je
constatai que le lapin était mort. Je m’emportai:
— C’est bien ma guigne!
Puis,la réflexion venant, je me rappelai que
le lapin n’est pas fait pour vivre dans l’eau.
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officiers anglais doivent trembler...
LA CARPE ET LE LAPIN
Je m’étais souvent demandé pourquoi l’on
pa le toujours du produit incestueux de la
carpe et du lapin. Le sens généralement ré-
servé à ce quai ficatif paraît, en effet, incom-
patible avec la différence de nature de ces
deux bêtes. J’avais beau échafauder les rai-
sonnements les plus subtils, accumuler les
suppositions les plus ingénieuses, tirer les
déductions les plus savantes, je ne parvenais
pas à comprendre. Puis, un beau jour, je me
dis que j’étais bien sot de me creuser ainsi
la cervelle, que toutes les réflexions ne pou-
vaient tenir devant les faits et qu’en tin de
Les murs ont des oreilles... Espérons qu’ils n’ont pas de nez. Dessin d’Abel Faivre.
compte, le plus simple était de tenter une
expérience, c’est-à-dire me procurer une
carpe et un lapin, less mettre ensemble et at-
tendre patiemmentÆe résultat.
— Comme ça, pensai-je, lorsqu’ils m’auront
fait un petit, je verrai tout de suite s’il est
incestueux ou non.
Aussitôt pensé, aussitôt fait. Je cours chez
mon marchand de carpes, et j’achète une
carpe. Je ne fais qu’un saut chez mon mar-
chand de lapins, qui me vend un lapin. En
passant devant mon marchand de cages, je
me nantis d’une cage et je rentre chez moi.
Je pose ma cage sur la table. J’y installe
ma carpe. J'y installe aussi mon lapin. Le
lapin ne dit rien. La carpe se met à frétiller
d’une manière tout à fait extravagante.
— Bravo, fis-je, voilà ma carpe qui fait des
avances. Tout va bien!
Et, me frottant joyeusement les mains, j’al-
lai vaquer à mes occupations.
Le lendemain, à ma grande surprise, je
constatai que la carpe était morte.
— Voilà qui est fort! m’écriai-je.
Puis,-la réflexion venant, il me souvintque
la carpe est un poisson, que les poissons vi-
vent généralement dans l’eau et qu’un séjour
prolongé à l’air libre passe pour leur être
particulièrement préjudiciable.
—• Ce n’est que partie remise. Procurons-
nous un aquarium.
J’achète donc un aquarium. Je me procure
une seconde carpe. Et je rentre chez moi.
Je pose l’aquarium sur une table. J’y plonge
ma carpe. J’y plonge aussi mon lapin. La
carpe ne dit rien. Le lapin se met à gigoter
d’une façon dés plus insolites.
— Bravo, voilà mon lapin qui s’excite. Tout
va bien !
Et, me frottant joyeusement les mains, j'al-
lai vaquer à mes occupations.
Le lendemain, à ma grande surprise, je
constatai que le lapin était mort. Je m’emportai:
— C’est bien ma guigne!
Puis,la réflexion venant, je me rappelai que
le lapin n’est pas fait pour vivre dans l’eau.
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