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Le rire: journal humoristique — 8.1901-1902 (Nr. 365-416)

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https://doi.org/10.11588/diglit.17503#0155
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POUR LIRE EN BALLON chapitre n

Enfin, pas seul !

t?

ROMAN J'LLS LEGER QUE L'AIR Tout en poursuivant ma rêverie, j'arrivais place de la Concoide,

-- quand, à l'onil)re de l'obélisque, un être vivant m'apparut. Il était

fluet, mais joli garçon et ruisselant de chic anglais. Avec nia grande

CHAPITRE PREMIER pratique du monde où l'on s'amuse, je n'eus pas de peine a recon-

Réfiexions d'un esprit ouvert sur des naitre le Maitre Ferdinarld Brunetiére.

maisons closes L'ayant rencontré autrefois dans une maison de passe (t) de la

rive gauche, appelée, je crois, la Sorbonne, je l'abordai en vieux

Ce jour-là—1er octobre 1900— je fus très camarade et j'expliquai mes étonnements : « Pourquoi ces vite s

étonné, en sortant de chez moi, de ne ren- désertes? pourquoi ces maisons closes?

§ contrer personne dehors. Paris était désert " — A cause que — me répondit-il, en cette langue si légère dont

1 © * ©' I conimo une vieille lune abandonnée et, bien >' 11 '° secret — à cause que les hommes, d'une part, les femmes, de

<<}'lT Y I qu'il lut trois heures de l'après-midi, les l'autre, et, en troisième, les Auvergnats ont — si j'ose dire — fichu

Persiennes des maisons, les devantures des 1° camp.

boutiques étaient hermétiquement fermées. — Et à cause de quoi qu'ils ont firhu le camp, Ferdinand?

Cette abondance de maisons closes donnait ~ A cause que les ballons sont devenus dirigeables ! »

à mon quartier un air de mauvais lieu bien •■• Cette révélation m'ouvrait des horizons nouveaux. Levant la

fait pour me séduire en d'autres circons- tète, j'aperçus une foule de petits points blancs qui se pronienaieiil

j tances, mais j'étais trop ému pour songer à dans 'e c'e' et so détachaient sur l'azur comme un grouillement

la bagatelle. d'asticots sur la tranche bleutée d'un Roquefort.

Plus j'avançais et plus ma surprise grân- « Aussi bien — continua-il — pour peu que vous y regardiez, il

dissait. Place de l'Opéra, j'aperçus un trou- V0IIS apparaîtra clairoment que les nations, désertant la terre, ont

peau de chevaux sauvages qui broutait l'herbo fondé, au milieu dos nuages, de véritables cités volantes et j'ajoute

des pavés. Plus loin des fiacres on détresse, qu'en ces phalanstères norissent tous les établissements dits «le pi e

9 dont les essieux s'enguirlandaient de liserons miùve utilité' dePuis les brasseries suspendues où l'on boit ,1e la

I et de vignes vierges. Les bancs, les tecs de bi,'ie * e" ballons " ot des «,oria " in exce,s'5 -jusqu'aux cliniques

gaz étaient également recouverts d'une vé- ""accouchement où les femmes viennent se faire couper le gui.le-

gétation luxuriante et, sur fes colonnes r,,l'° ""ibilieal... Ainsi vont maintenant les hommes, sans plus jamais

Morris, les affiches, ômaillées de mousse, *°ngëra leur ancienne pianote qu'ils ont mise à vendre ou à louer. .

pendouillaient lamentablement. Je pua néan- 'Et. do v,'ai> 1ue viendraient ils faire en ces bas-fonds marécageux,

moins distinguer qu'elles annonçaient Quo «»x <iu|, balancés par la brise, peuvent défier l'hirondelle au vol el

Vadis, l'Aiglon, et autres balançoires repré- "i lner sur les étoiles?

sentées en 1901 — Mais vous-même, mou Ferdinand, qu'y faites-vous en ces bas-

?5!s^r>^f « Parbleu ! — ponsai-je — depuis cette 1 Jlltls ''

'-'y i , .. ,. , ; Serait-ce la'conséquence d'un vœu?... »

L, • J I date, il a du se passer des choses extraordi- . 1 . ,. , ,. , „

T . . , . 1,a question devait être indiscrète, car le Iront olvmpien de l ecii-

nairos... Je ne suis plus au courant de l ien... 1 "

vain rougit...

"fj^\l C'est la faute à ma petite amie !

<> M-l Et en offot» cinq ans auparavant, ladite CHAPIT RE III

ffi ./■'■ mienne petite amie avait abusé de nia can-

deur. S'en allant dîner chez sa tante,un soir, Ce <lui s'aPPelle un homme de Poids'

elle m'avait dit : « Chéri, pendant que je ne _ q110 sj j>v reste seul ici-bas, — répondit-il en soupirant, — bien

serai pas là, au lieu de courir les cafés, tu \om ce soit j0 m0n gré, apprenez que vingt fois j'ai essaye de

vas jouer à un petit jeu. monter, mais qu'à tout coup ce fut peau de balle et ballon de crin

— A quel jeu je jouerai, biquette? ct ceia pour une raison que j'ai quelque honte a avouer, mais .,ue

— Au jeu de la Famille Marinier, bi- pourtant je ne puis taire: à, savoir
^ilN^I \) (luet"- Tu vois: cric! crac!... Je te séques- que mon styi.k EST trop lourd! »

trel... * Et j'appris alors ses souffrances.

Et la petite rosse, après m'avoïr bouclé à Non seulement le poids de son style

double tour, était partie, la clef en poche. l'empêchait de monter en ballon,

Moi, bonne bête, je l'avais attendue une lnais encore on le persécutait. Con-

nuit, huit jours, six mois, un an... muis, naissant son infirmité, les aéronau-

au bout do cinq ans, ne la tes le blaguaient, venaient planerau- ^I^LlEÈilF _^->

voyant pas revenir, et comme dessus de sa tète, pour se la payer

j'avais épuisé toutes les provi- _ disait-il. — Et on lui jetait des

sions du buffet, je m'étais do- croûtons etlesgossescriaient: <■ Fer-

cide à enfoncer la porte. — Jinand, monte à l'arbre ! »
Après avoir été mis dedans, je

me retrouvais enfin dehors. (1) En ce sens qu'on y passe son bacho.
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