Le rire: journal humoristique (8.1901-1902 (Nr. 365-416))

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Le directeur du casino de Trou-sur-Mer se promène toui le
long de la terrasse vide qui s'étend devant les trois pavillons
alignés en face de l'Océan. Il a l'air sombre, et c'est à péme
si, en passant, il donne un coup d'œil aux petits chevaux si
fringants jadis et qui :

L'œil morne maintenant et la tète baissée,
Semblent se conformer à sa triste pensée.

Soliloquant : Enfin, plus personne !... il était temps, je n'au-
rais pu y tenir deux jours de plus... A-t-on jamais vu un mois
de septembre pareil!... un jour un soleil à rendre enragé,'le
lendemain un froid noir... Et toujours deux pelés et un tondu
pour iri'empêchér de fermer...

Mais cette fois-ci ça y est... je boucle ce soir, et demain j'aurai
pris langue avec le boulevard... Et alors (// esquisse un petit
cavalier seul, aussitôt réprimé), à nous les plaisirs, la bonne
chère, les huîtres...

Non mais, quand je pense qu'on ne peut pas manger une
huître ici sans avoir l'air de faire de la contrebande.

Plus fort que ça... : mes abonnés m'ont demande au commen-

cement de la saison s'il y avait des moules et des crevettes sur
la grève... Je leur ai affirmé qu'il y en avait des tas. Et alors,
pour n'en pas avoir le démenti, j'en ai fait venir des wagons en-
tiers de Paris, et je les ai fait semer dans le sable au petit bon-
heur... On ne les a jamais retrouvées et j'en ai été pour mes
frais... Ah ! quand on m'y repincera à diriger un casino sous
ces latitudes!... Allons! je vais donner des ordres pour qu'on
mette leurs housses aux petits chevaux... Il faut que domain
tout soit bouclé.

Une famille anglaise débouche sur la terrasse.

— Des Angliches ! Il ne manquait plus que cela... S'ils s'ima-
ginent que je vais rester ouvert pour eux, avec 400 francs de