Le rire: journal humoristique (8.1901-1902 (Nr. 365-416))

*• HEUREUSE ( VTASTROPHE

— Oui, me disait Maxime B..., tout en ran-
geant ses papiers dans sa valise, nous allons
en Suisse... J'adore la montagne, parce que
je n'y mets jamais les pieds. Je me terre
dans une quelconque bourgade au bord du
lac des Quatre-Cantons, et je passe toutes
mes vacances à pécher à la ligne... C'est déli-
cieux! L'hôtel, d'ailleurs, est rempli de braves
gens aussi calmes et aussi indifférents que
moi aux ambiances. Le soir, tout le monde se
rassemble sur la terrasse, au bord de l'eau,
et on cause fort agréablement. Tandis que
dans la montagne même, chaque jour est mar-
qué par une catastrophe. C'est au point qu'il
a été question récemment, au Conseil fédéral,
d'interdire aux touristes l'accès de tous les
glaciers suisses.

Et pourquoi pas? Qu'est-ce au fond qu'un
ascensionniste? Un individu atteint de la folie
des hauteurs, manie féroce qui pousse les vic-
times ii escalader tous les sommets qu'elles
rencontrent sur leur route.

— Une folie qui ne pardonne pas, du reste,
approuvai-je, car il en est des ascensionnistes
comme des dompteurs.

— En effet, ils finissent tous par être dé-
vorés par une avalanche récalcitrante ou un
précipice irréductible. Une seule des catas-
trophes de l'an dernier n'a pas trop mal fini
que je sache. Au contraire.

— Conte-moi cela.

— Voilà... Ils étaient partis six pour gravir
..."*<**}•». • je Mont-Blanc, je crois, trois guides et trois

- Mademoiselle Sophie, ce que je veux, c'est une place dans votre cœur. étrangers. Je ne te parle pas des guides. Tu

— Y'a quèqu'un. io'essln de Dslannoy. sais qu'ils se ressemblent tous de figure et

— Nous avons toujours été bien unis. Il n'y a jamais eu entre nous le moindre nuage. Dessin de ii. Avei.ot.