LE COUCHER DE TOM JOE
Le vieux Tom Joë sortit du bai' à la même
lieure que tous les soirs. Il était très ponctuel. Il
avait une badine à la main et, sur sa tète rou-
geaude, un petit chapeau réjouissant. C'est ainsi
qu'il arpentait les trottoirs dans la direction de
son domicile.
Il était fort tard ; à peine voyait-on passer, dans
les l'ues, quelques réverbères attardés. 11 n'y
avait presque plus de femmes ivres dehors.
Tom Joë s'en allait tranquillement, en sifflant
un air de chasse. Peu lui importait de ne pas
rencontrer de policemcn pour demander son
chemin. Il y avait cinquante-huit ans qu'il habi-
tait la même maison. L'escalier était un peu
étroit et les cheminées fumaient. Cela ne le gênait
pas. Il fumait aussi.
A peine prit-il le temps, pour se distraire le
long de la route, d'appeler d'un geste correct
une dizaine du chiens, et de les enfermer succes-
— Comment, tau Gontran, en train de balayer!...
— Que veux-tu? J'aime ma concierge, alors, je lui fais la cour.
Dessin de Caruuna.
sivement derrière des portes où il avait gravement sonné.
Il laissa dans son vestibule, devant la loge du concierge,
les cinq ou six derniers chiens qui avaient bien voulu le
suivre jusque là.
Et, monté chez lui rapidement, verrouilla sa roi'.e avec
soin, dès qu'il fut de l'autre côté.
Tom Joë se déshabilla, et fit ses préparatifs de riveil;
Il avait le sommeil très dur. Comme il le disait lui-même,
une fois bien endormi, il ne se serait pas réveillé même si la
grosse cloche de Saint-Paul avait sonné pour annoncer que
le pape venait de se faire musulman.
Quand il fut couché, il se posa donc, ainsi que d'habitude,
une bougie allumée en équilibre sur le front. La longueur
était calculée pour qu'il fut : éveillé par
Ja brûlure à six heures exactement.
Mais il demeura deux ou trois minutes,
réfléchissant à quelque chose.
Il était nerveux, ce soir-là,et !.a lumière
l'incommodait pour dormir.
Alors, il étendit la main, ave, des pré-
cautions infinies, de peur de rien déran-
ger, atteignit un petit abat-jour et le posa
sur la bougie.
amour Puis il s'endormit confortablement.
L'amoureux. — Ah! Edwige!!'.... mon amour!!!... quand vous déciderez-vous à (n'aimer???...
Edwige. — Eh bien, voyons!!!... Voulez-vous jeudi, par exemple? Dessin de Ibibe. Gabriel diî Lautkec
Le vieux Tom Joë sortit du bai' à la même
lieure que tous les soirs. Il était très ponctuel. Il
avait une badine à la main et, sur sa tète rou-
geaude, un petit chapeau réjouissant. C'est ainsi
qu'il arpentait les trottoirs dans la direction de
son domicile.
Il était fort tard ; à peine voyait-on passer, dans
les l'ues, quelques réverbères attardés. 11 n'y
avait presque plus de femmes ivres dehors.
Tom Joë s'en allait tranquillement, en sifflant
un air de chasse. Peu lui importait de ne pas
rencontrer de policemcn pour demander son
chemin. Il y avait cinquante-huit ans qu'il habi-
tait la même maison. L'escalier était un peu
étroit et les cheminées fumaient. Cela ne le gênait
pas. Il fumait aussi.
A peine prit-il le temps, pour se distraire le
long de la route, d'appeler d'un geste correct
une dizaine du chiens, et de les enfermer succes-
— Comment, tau Gontran, en train de balayer!...
— Que veux-tu? J'aime ma concierge, alors, je lui fais la cour.
Dessin de Caruuna.
sivement derrière des portes où il avait gravement sonné.
Il laissa dans son vestibule, devant la loge du concierge,
les cinq ou six derniers chiens qui avaient bien voulu le
suivre jusque là.
Et, monté chez lui rapidement, verrouilla sa roi'.e avec
soin, dès qu'il fut de l'autre côté.
Tom Joë se déshabilla, et fit ses préparatifs de riveil;
Il avait le sommeil très dur. Comme il le disait lui-même,
une fois bien endormi, il ne se serait pas réveillé même si la
grosse cloche de Saint-Paul avait sonné pour annoncer que
le pape venait de se faire musulman.
Quand il fut couché, il se posa donc, ainsi que d'habitude,
une bougie allumée en équilibre sur le front. La longueur
était calculée pour qu'il fut : éveillé par
Ja brûlure à six heures exactement.
Mais il demeura deux ou trois minutes,
réfléchissant à quelque chose.
Il était nerveux, ce soir-là,et !.a lumière
l'incommodait pour dormir.
Alors, il étendit la main, ave, des pré-
cautions infinies, de peur de rien déran-
ger, atteignit un petit abat-jour et le posa
sur la bougie.
amour Puis il s'endormit confortablement.
L'amoureux. — Ah! Edwige!!'.... mon amour!!!... quand vous déciderez-vous à (n'aimer???...
Edwige. — Eh bien, voyons!!!... Voulez-vous jeudi, par exemple? Dessin de Ibibe. Gabriel diî Lautkec
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift:
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1902
Entstehungsdatum (normiert)
1897 - 1907
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 9.1902-1903, No. 417 (1er Novembre 1902), S. ak
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg