< quitté ainsi? Je sais l>îon que j'ai été vîo-
« lent, et brutal avec toi, mais tu sdis aussi,
« toi, que je t'ai bien aimée et que rflôn'cœur
« n'est pas mort. Je me réjouissais tant on pen-
« sant à la belle surprise nue .je te ménageais
« depuis si longtemps pour ta t'ête qui tombe
ïi dans trois jours. Je te demande une dernière
« grâce, en souvenir du passé : veux-tu me por-
« mettre de te l'envoyer, cette surprise? ou,
« mieux encore, veux-tu venir la chercher?... »
Quand elle a reçu ce petit boniment, ça lui a
mis l'eau à la Douche, n'esl-ce pas? Et, ce matin,
elle à rappliqué...
— Avec l'argent? interrogea Loupette.
— Naturellement, avec l'argent; elle s'est
jetée à genoux et m'a demandé pardon... Elle
pleurait, et je n'ai jamais pu voir pleurer une
femme ; j'ai pardonné...
«i Seulement, tantôt, pendant qu'elle était
allée aux Halles acheter le homard de la ré-
conciliation, j'ai pris mes vêtements, mou linge
et la galette, j'ai collé le tout dans une valise,
et je suis parti en lui laissant un petit mot sur
la table do nuit : « Tu me dégoûtes et je te
quitte... » C'est pourquoi je vous disais tout
à l'heure qu'elle devait faire une sale bobine... »
A ce moment, mon ami Pion eut une nouvelle
crise de folle hilarité.
— Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant? lui
dis-je.
— Maintenant? Eh bien! maintenant, mon
vieux, je vais prendre un petit pernod et te de-
mander une pipe de tabac.
— Je no sais pas ce que c'est, docteur, mais j'ai toujours dans la bouche comme un
.goût d'allumettes... ^ André Viriez.
— Mais, madame, la chose est bien simple : c'est que vous souffres de l'estomac.
Dessin d'Abel Faivre.
En attendant la surnaturelle attestation demandée, mon ami
Pion bourra une nouvelle pipe, oommandaun deuxième amer-or-
geat, et, ses aïeux restant cois en leur éternelle demeure, il
continua, sans d'ailleurs paraître se soucier autrement de leur
refus do témoignage :
« ... Vous pensez bien, n'est-ce pas? que je n'ai pas perdu
mon temps à me cogner la tète contre les murs ou à me
rater à coups do revolver. Non! je ne suis pas un enfant, j'ai
quarante-sept ans du mois de juin, et ce n'est pas parce que ma
femme on a cinquante-six que je nie serais laissé monter le coup
par elle.
» Je me suis mis à sa recherche, simplement, j'ai battu tout
Paris, la banlieue et ses environs, j'ai rencontré des tas de gens
qui ne m'intéressaient pas : Thérèse Mumbert, rue do I5oissy, et
Romain Daurignac,rue de Provence, Jack l'Eventreur,boulevard
Haussmann, et Bérenger, rue Chabanais, j'ai trouvé quinze cent
trente-deux congréganistes expulsés... toute une ménagerie,
quoi !
« Enfin 1
« Avant-hier, enfin, je trouve ma femme; ou plutôt je ne trouve
pas ma femme, mais je reçois une lettre anonyme me donnant
son adresse. C'était le principal. Je dégringole chez le bistro, et,
tout en dégustant un turin-bitter, je lui envoie ces quelques mots
biètl sentis :
LE PÈRE MÏSSIONNÀICIB
« Ma chère Agathe, ma crotte azurée, — Faites-le entrer 1' permissionnaire... qu'il a dit comme ça 1' com-
mandant, mais, vous savez, mon vieux, si vnf permission n'est pas en
« Quel atroce chagrin m'a Causé ton départ! Pourquoi m'avoir règle, pour sur, vous n'y couperez pas. Dessin d'Alex, b...
« lent, et brutal avec toi, mais tu sdis aussi,
« toi, que je t'ai bien aimée et que rflôn'cœur
« n'est pas mort. Je me réjouissais tant on pen-
« sant à la belle surprise nue .je te ménageais
« depuis si longtemps pour ta t'ête qui tombe
ïi dans trois jours. Je te demande une dernière
« grâce, en souvenir du passé : veux-tu me por-
« mettre de te l'envoyer, cette surprise? ou,
« mieux encore, veux-tu venir la chercher?... »
Quand elle a reçu ce petit boniment, ça lui a
mis l'eau à la Douche, n'esl-ce pas? Et, ce matin,
elle à rappliqué...
— Avec l'argent? interrogea Loupette.
— Naturellement, avec l'argent; elle s'est
jetée à genoux et m'a demandé pardon... Elle
pleurait, et je n'ai jamais pu voir pleurer une
femme ; j'ai pardonné...
«i Seulement, tantôt, pendant qu'elle était
allée aux Halles acheter le homard de la ré-
conciliation, j'ai pris mes vêtements, mou linge
et la galette, j'ai collé le tout dans une valise,
et je suis parti en lui laissant un petit mot sur
la table do nuit : « Tu me dégoûtes et je te
quitte... » C'est pourquoi je vous disais tout
à l'heure qu'elle devait faire une sale bobine... »
A ce moment, mon ami Pion eut une nouvelle
crise de folle hilarité.
— Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant? lui
dis-je.
— Maintenant? Eh bien! maintenant, mon
vieux, je vais prendre un petit pernod et te de-
mander une pipe de tabac.
— Je no sais pas ce que c'est, docteur, mais j'ai toujours dans la bouche comme un
.goût d'allumettes... ^ André Viriez.
— Mais, madame, la chose est bien simple : c'est que vous souffres de l'estomac.
Dessin d'Abel Faivre.
En attendant la surnaturelle attestation demandée, mon ami
Pion bourra une nouvelle pipe, oommandaun deuxième amer-or-
geat, et, ses aïeux restant cois en leur éternelle demeure, il
continua, sans d'ailleurs paraître se soucier autrement de leur
refus do témoignage :
« ... Vous pensez bien, n'est-ce pas? que je n'ai pas perdu
mon temps à me cogner la tète contre les murs ou à me
rater à coups do revolver. Non! je ne suis pas un enfant, j'ai
quarante-sept ans du mois de juin, et ce n'est pas parce que ma
femme on a cinquante-six que je nie serais laissé monter le coup
par elle.
» Je me suis mis à sa recherche, simplement, j'ai battu tout
Paris, la banlieue et ses environs, j'ai rencontré des tas de gens
qui ne m'intéressaient pas : Thérèse Mumbert, rue do I5oissy, et
Romain Daurignac,rue de Provence, Jack l'Eventreur,boulevard
Haussmann, et Bérenger, rue Chabanais, j'ai trouvé quinze cent
trente-deux congréganistes expulsés... toute une ménagerie,
quoi !
« Enfin 1
« Avant-hier, enfin, je trouve ma femme; ou plutôt je ne trouve
pas ma femme, mais je reçois une lettre anonyme me donnant
son adresse. C'était le principal. Je dégringole chez le bistro, et,
tout en dégustant un turin-bitter, je lui envoie ces quelques mots
biètl sentis :
LE PÈRE MÏSSIONNÀICIB
« Ma chère Agathe, ma crotte azurée, — Faites-le entrer 1' permissionnaire... qu'il a dit comme ça 1' com-
mandant, mais, vous savez, mon vieux, si vnf permission n'est pas en
« Quel atroce chagrin m'a Causé ton départ! Pourquoi m'avoir règle, pour sur, vous n'y couperez pas. Dessin d'Alex, b...
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1902
Entstehungsdatum (normiert)
1897 - 1907
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 9.1902-1903, No. 420 (22 Novembre 1902), S. bx
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg