CH IC BETTE A LA ME 11
Chichette a résolu de par-
tager sou été entre Je bon
Nonotte, son protecteur, et son
cher Poche qu’elle aime pour
lui-même ou plutôt, comme
elle dit par un gentil lapsus,
pour elle-même.
« Lapsus linguœ, lui fit re-
marquer Poche, c’est du la-
tin. »
Et comme il traduisit » er-
reur de langue » Chichette se
mit à rire aux éclats, et fut
confirmée dans cette idée
assez personnelle, que le la-
tin sert principalement à ex-
primer une foule de pensées
folâtres et polissonnes que la
plus élémentaire pudeur em-
pêche de formuler dans notre
langage national.
Chichette, qui a le senti-
ment de sa respectabilité —
c’est-à-dire de ce qu’on lui
doit — a déclaré à Nonotte
qu’elle n’irait pas à la mon-
tagne — et qu’elle préférait
la mer.
Le bon Nonotte eut beau
lui faire observer — que le
climat des côtes était funeste
APRÈS L’OUVERTURE
— Le propriétaire de la chasse m’a cassé une patte, coupé la queue, tué
mon plus jeune fils; et il est membre delà société protectrice des animaux!
Dessin <1c Vimar.
à ses rhumatismes nerveux,
Chichette déclara que s’il en
était ainsi, elle préférait ne
point quitter Paris. Etait-ce
caprice de sa part ? Certes
non, car Chichette ne place
jamais ses caprices que dans
les choses sérieuses. Seule-
ment un camarade de Poche,
étudiant en médecine, lui
ayant dit que son cher amant
souffrait de cette broncho-
pneumonie vulgairement ap-
pelée rh um e ,elle esl i ma i m m é-
diatement que les altitudes
élevées seraient favorables à la
précieuse santé pour laquelle
elle avait, selon les jours et
les heures, des ménagements
infinis ou des tyrannies déli-
cieuses.
Avant d’aller à la montagne
avec Poche, Chichette exigea
donc de Nonotte qu’il la con-
duisît à la mer. « Ça ne vous
fera peut-être pas si mal que
ça; les médecins sont des
ânes, » observa Chichette
avec autorité.
A la mer, Chichette se mit
en frais. Elle sortit tout un
— C’est à ne plus chasser avec ces idiots-là• il faut qu’iis soient tou-
jours entre le gibier et mon fusil! Dessin de R. de la Nézière.
Le retour. •— Allons, bon! ma femme qui est redevenue miliLiriste.
Dessin de De Louaiw.
Chichette a résolu de par-
tager sou été entre Je bon
Nonotte, son protecteur, et son
cher Poche qu’elle aime pour
lui-même ou plutôt, comme
elle dit par un gentil lapsus,
pour elle-même.
« Lapsus linguœ, lui fit re-
marquer Poche, c’est du la-
tin. »
Et comme il traduisit » er-
reur de langue » Chichette se
mit à rire aux éclats, et fut
confirmée dans cette idée
assez personnelle, que le la-
tin sert principalement à ex-
primer une foule de pensées
folâtres et polissonnes que la
plus élémentaire pudeur em-
pêche de formuler dans notre
langage national.
Chichette, qui a le senti-
ment de sa respectabilité —
c’est-à-dire de ce qu’on lui
doit — a déclaré à Nonotte
qu’elle n’irait pas à la mon-
tagne — et qu’elle préférait
la mer.
Le bon Nonotte eut beau
lui faire observer — que le
climat des côtes était funeste
APRÈS L’OUVERTURE
— Le propriétaire de la chasse m’a cassé une patte, coupé la queue, tué
mon plus jeune fils; et il est membre delà société protectrice des animaux!
Dessin <1c Vimar.
à ses rhumatismes nerveux,
Chichette déclara que s’il en
était ainsi, elle préférait ne
point quitter Paris. Etait-ce
caprice de sa part ? Certes
non, car Chichette ne place
jamais ses caprices que dans
les choses sérieuses. Seule-
ment un camarade de Poche,
étudiant en médecine, lui
ayant dit que son cher amant
souffrait de cette broncho-
pneumonie vulgairement ap-
pelée rh um e ,elle esl i ma i m m é-
diatement que les altitudes
élevées seraient favorables à la
précieuse santé pour laquelle
elle avait, selon les jours et
les heures, des ménagements
infinis ou des tyrannies déli-
cieuses.
Avant d’aller à la montagne
avec Poche, Chichette exigea
donc de Nonotte qu’il la con-
duisît à la mer. « Ça ne vous
fera peut-être pas si mal que
ça; les médecins sont des
ânes, » observa Chichette
avec autorité.
A la mer, Chichette se mit
en frais. Elle sortit tout un
— C’est à ne plus chasser avec ces idiots-là• il faut qu’iis soient tou-
jours entre le gibier et mon fusil! Dessin de R. de la Nézière.
Le retour. •— Allons, bon! ma femme qui est redevenue miliLiriste.
Dessin de De Louaiw.