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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1903 (Nr. 1-47)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25439#0760
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l’éternelle histoire

AINSI PARLA LF, VIEUX MONSIEUR...

Le vieux monsieur qui avait la têle d’un patriarche de Noé
passa ses doigts agiles dans son opulente calvitie et commença
en ces termes :

« A cette époque, j’étais employé excessivement subalterne à
la Compagnie d’asphyxie générale par l’oxyde de carbone, et je
gagnais soixante-quinze francs par mois. \ ous comprendrez lâ-
chement qu’avec de pareils émoluments, je ne déjeunais que fort
rarement au café Anglais, et que je n’avais point pour coutume
de choisir mes maîtresses dans le premier quadrille de l’Opéra.

« J’habitais une damnée petite chambre, si petite que lorsque,
pour me coucher, j’étalais mon lit pliant, je me voyais forcé
d’ouvrir la porte. Cette damnée petite chambre était, comme
bien vous le pensez, située au sixième étage. Seulement, dame,
cette maison était remarquable par son confortable et .son hono-
rabilité. Car moi, je jouerais un n’importe quoi plutôt que mon
honorabilité.

« A vrai dire, il y avait bien au deuxième étage de cet im-
meuble une jeune personne... hum! hum! Certes la police ne
l’avait jamais inscrite sur ses livres, et vous l’auriez vainement
cherchée dans les promenoirs des music-halls, mais enfin, pour
tout dire, elle n’était point la légitime épouse du gros commer-
çant, ou du grand industriel, je ne sais au juste lequel, des pro-
digalités de qui elle vivait.

« Seulement, c’était une personne fort tranquille, et puis si
jolie... oh! oui! qu’elle était jolie, la mâtine! si jolie, ma foi, que
j’en tombai éperdument amoureux.

« A cette époque, j’étais moi-mème, sans me vanter, un assez
joli garçon. Et, ma foi, comme chaque fois que je rencontrais la
jeune personne en question, je l’assassinais de mes œillades in-
cendiaires, mon Dieu, elle finit par y répondre.

« Que vous dirai-je?

« Nous nous aimâmes!

" Quand le pros commerçant ou le riche industriel n’était
point là, elle m’invitait à dîner. Parfois aussi, elle louait une
baignoire de théâtre, et, après, on allait souper dans quelque
cabaret à la mode, et, au dessert, elle me passait son porte-
monnaie sous la labié. Comme elle voulait que je fusse bien mis
pour sortir avec elle, elle me payait mes notes de tailleur, de
chemisier et de bottier, et parfois me donnait même un louis
pour mes cigarettes; c’était charmant!

a Cependant quelques camarades de bureau m’ayant vu en
compagnie de ma belle amie, et en avant déduit — comme c’était
difficile! — que ce n’était pas moi qui l’entretenais; m’ayant en-
fin, en outre, vers le 25 du mois, vu changer quelques louis dont
ils soupçonnèrent l’origine, d’étranges propos coururent sur mon
compte.

« Oh! je n’y allai pas par quatre chemins!

« Je suis un homme d’honneur, moi!

« Le soir même, j’eus un entretien fort curieux avec ma belle
amie.

« — Vous ne savez pas ce qu'on dit de moi?

« — Non !

« — Eh bien! on dit que je suis un...

« Et je lâchai tout crûment le nom du poisson en question.

<i — Oh! fit ma belle amie, stupéfaite.

« — Eh bien! ma chère, j’aime mieux vous le dire tout de
suite; je tiens à mon honorabilité. Ainsi cet état de choses doit
cesser!

« — Quoi! vous voulez me quitter? larmoya ma belle amie.

<i — Qui parle de vous quitter? répétai-je.

<( — Mais...

a — Je veux vous épouser, au contraire!

« - M’épouser!

“ — J’y tiens! Vous devez cette réparation à mon honneur
compromis.

« — Mais, mon chéri, vous n’y pensez pas! Alors, il faut que
je quitte Gros Loup?

u Gros Loup était, vous le devinez, le grand industriel ou le
riche commerçant.

« J’eus un beau mouvement d’indignation.

« — Quitter Gros Loup! Jamais de la vie! Que deviendrions-
nous?

« — Mais alors?

« — Alors, ma chère, je serai cocu, tout, simplement, et vous
devez bien savoir que l’état de cocuage n’est pas déshonorant.

« Et j’épousai la jeune personne.

a Dès lors, toutes les calomnies cessèrent, et mes amis de bu-
reau furent même très honorés de venir dîner chez moi.

« Oh! c’est que moi, vous le savez, je ne transige pas avec
l’honneur! » $

Ainsi parla le vieux monsieur qui avait la tête d’un patriarche
de Noé, et, ma foi, nous l’approuvâmes. Rodolphe Bringer.

Le 3 décembre if neige. Le 8 décembre l’administration s’en

aperçoit.

Le 27 janvier 1901, elle
commande des balais.

Le 12 mars, des braseros.

Le 15 février, du sable.

^ CD o
CD CD

Le 16 avril, l’administration centrale
livre le matériel nécessaire au service
des ponts et chaussées.

Et le 15 mai, tout est prévu en cas de neige Mais par contre et depuis le
et de froid: balayeurs, sable et braseros at- lor octobre 1903, les bureaux
tendent... étaient chauffés.

Dessins d’IïELLÉ.
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