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https://doi.org/10.11588/diglit.23871#0035
BRÏNGER HANTÉ
Non ! mais vous savez, entre nous, c'est effrayant ce qui m'ar-
rive; il doit y avoir de la cabale là-dessous, et rien ne m'ôterade
l'idée que je traîne après mes chausses quelque malin démon qui
se plaît à me tourmenter.
Décidément, il faut que j'aille voir Jacques Dhur.
D'ailleurs, le cas qui m'est particulier vaut la peine d'être cont< »
et je ne veux pas en priver mes fidèles lecteurs du Rire.
Voici. Quelque bizarre que cela paraisse, je suis hanté, oui
monsieur, c'est comme j'ai l'honneur de vous le dire, je suis
hanté, tout comme un vieux château.
Seulement, rassurez-vous, le démon qui a pris pied en mon
modeste individu ne manifeste point sa présence par les mêmes
phénomènes. Je ne profère aucune injure, je ne prononce aucun
mot déplacé, et, comme par le passé, je continue à être le gent-
leman correct et' décent chez qui, impunément, la mère peut
conduire, sa fille.
Hélas ! ce qui m'arrive est bien plus épouvantable encore !
Vous souvenez-vous de Faust? Méphistophélès prend la main
du jeune Siebel :
— Qu'y lisez-vous ? demande l'ingénu.
— J'y lis, répond Satan :
Que le sort te condamne
A ne plus toucher une fleur
Sans qu'aussitôt elle se fane.
Eh bien, mon cas est à peu près le même ; seulement il ne
s'agit pas de fleurs. Moi 1 le sort me condamne depuis une quin-
zaine à ne prendre que des trains qui n'arrivent jamais à des-
tination.
C'est épouvantable, vous dis-je !
L'autre jour, m'ennuyant à Paris, je me dis : \ A - I^cpt**^„ Mmmm
— Tiens ! je m'en vais faire un petit tour au Havre, Musset lïg&EffîBg
prétend qu'on y voit l'Atlantique! (1) je vérifierai le fait ! -<B0MftK£x
(1) Cf., Musset, Nuit de Décembre. ~ rédacteur à la Petite Répu
. rrr- J l iOUrC X~< ' hU^e et Gérault-Whard ne me le P^doimerait pas ? ^ ^
— Vous ne pouvez être mieux coiffé.
— Pour sûr qu'y m' v'a. Mais avec un pareil chapeau, y m' faudrait cheval et voiture... et j'ai pas les moyens! Dessin de Bugaudo Fwnfcs,
Non ! mais vous savez, entre nous, c'est effrayant ce qui m'ar-
rive; il doit y avoir de la cabale là-dessous, et rien ne m'ôterade
l'idée que je traîne après mes chausses quelque malin démon qui
se plaît à me tourmenter.
Décidément, il faut que j'aille voir Jacques Dhur.
D'ailleurs, le cas qui m'est particulier vaut la peine d'être cont< »
et je ne veux pas en priver mes fidèles lecteurs du Rire.
Voici. Quelque bizarre que cela paraisse, je suis hanté, oui
monsieur, c'est comme j'ai l'honneur de vous le dire, je suis
hanté, tout comme un vieux château.
Seulement, rassurez-vous, le démon qui a pris pied en mon
modeste individu ne manifeste point sa présence par les mêmes
phénomènes. Je ne profère aucune injure, je ne prononce aucun
mot déplacé, et, comme par le passé, je continue à être le gent-
leman correct et' décent chez qui, impunément, la mère peut
conduire, sa fille.
Hélas ! ce qui m'arrive est bien plus épouvantable encore !
Vous souvenez-vous de Faust? Méphistophélès prend la main
du jeune Siebel :
— Qu'y lisez-vous ? demande l'ingénu.
— J'y lis, répond Satan :
Que le sort te condamne
A ne plus toucher une fleur
Sans qu'aussitôt elle se fane.
Eh bien, mon cas est à peu près le même ; seulement il ne
s'agit pas de fleurs. Moi 1 le sort me condamne depuis une quin-
zaine à ne prendre que des trains qui n'arrivent jamais à des-
tination.
C'est épouvantable, vous dis-je !
L'autre jour, m'ennuyant à Paris, je me dis : \ A - I^cpt**^„ Mmmm
— Tiens ! je m'en vais faire un petit tour au Havre, Musset lïg&EffîBg
prétend qu'on y voit l'Atlantique! (1) je vérifierai le fait ! -<B0MftK£x
(1) Cf., Musset, Nuit de Décembre. ~ rédacteur à la Petite Répu
. rrr- J l iOUrC X~< ' hU^e et Gérault-Whard ne me le P^doimerait pas ? ^ ^
— Vous ne pouvez être mieux coiffé.
— Pour sûr qu'y m' v'a. Mais avec un pareil chapeau, y m' faudrait cheval et voiture... et j'ai pas les moyens! Dessin de Bugaudo Fwnfcs,