L*ART n'ACCOMMODÈR LÉS ÔADÈAUX DU JOUR DE l'aN
parussent évasives à Adrien, comme, d'autre part, c'était pour
un mari une garantie sérieuse, il était parti pour le manoir de
Vieux-Roc. Là, il avait vu MIle de Bonvouloir. Elle lui avait sem-
blé un peu bien candide. Mais il avait été séduit par cette fleur
de jeunesse et avait pensé qu'une fois mariée, elle se déniaise-
rait vite. Bref, il s'était décidé, avait fait sa demande; et on l'avait
agréé.
Désireux de s'éviter tout dérangement et tout embarras, pen-
dant le temps voulu pour faire sa cour et accomplir les formali-
tés légales, Adrien s'était fixé chez sa tante; et il avait écrit à
des amis de Paris, d'abord pour leur faire part de son mariage
et ensuite pour les prier de lui louer un appartement et de le
faire meubler congrûment. Il leur donnait carte blanche, se
fiant, disait-il, beaucoup plus à leur goût qu'au sien propre et
qu'à celui de sa future.
Les amis parisiens d'Adrien n'avaient pas tardé à lui répondre
pour le féliciter de son changement d'existence et pour l'assurer
qu'à son arrivée il trouverait tout préparé. Cependant, l'une des
personnes qu'Adrien avait chargées du soin de son installation,
la baronne de Cœurardent, qui naguère avait eu des faiblesses
pour- lui, avait, dans une de ses lettres, exprimé la crainte que
son union avec une petite provinciale ne lui réservât quelques
désillusions. Mais Adrien avait répondu que cette crainte était
chimérique : M1Ie de Bonvouloir était novice, mais charmante;
du reste, ses amis en jugeraient, car il comptait pendre avec eux
la crémaillère dans son nouveau domicile, le soir même de son
arrivée. « D'ailleurs, ajoutait-il, empruntant à sa tante une des
locutions favorites de la douairière, Angélique est à cheval sur
les principes, et, par le temps qui court, c'est une qualité qu'on
ne saurait trop apprécier. »
... A la gare, les nouveaux époux trouvèrent le plus vieil ami
d'Adrien, Robert La Branche, et Mme de Cœurardent, qui les
conduisirent au logis retenu et meublé pour eux. L'installation
était complète : il ne manquait plus que de la vaisselle et la gar-
niture du cabinet de toilette. Mme de Cœurardent avait vu diffé-
rents modèles entre lesquels elle avait hésité, et, finalement,
avait cru devoir laisser à Adrien le soin de décider. « Je m'en
occuperai tantôt, » dit Adrien.
Sur ce, on laissa Angélique présider au déballage des malles
et s'occuper du dîner du soir, auquel devaient assister Mme de
Cœurardent, Robert et quelques autres intimes.
Adrien se rendit dans un magasin de cristaux et de porce-
laines, y choisit des objets de toilette et un service de table qu'il
expédia sur-le-champ à sa femme. Puis, il fit diverses courses.
Vers l'heure du dîner, il rentra et, dans la salle à manger,
constata avec satisfaction la belle ordonnance du repas, qui
parussent évasives à Adrien, comme, d'autre part, c'était pour
un mari une garantie sérieuse, il était parti pour le manoir de
Vieux-Roc. Là, il avait vu MIle de Bonvouloir. Elle lui avait sem-
blé un peu bien candide. Mais il avait été séduit par cette fleur
de jeunesse et avait pensé qu'une fois mariée, elle se déniaise-
rait vite. Bref, il s'était décidé, avait fait sa demande; et on l'avait
agréé.
Désireux de s'éviter tout dérangement et tout embarras, pen-
dant le temps voulu pour faire sa cour et accomplir les formali-
tés légales, Adrien s'était fixé chez sa tante; et il avait écrit à
des amis de Paris, d'abord pour leur faire part de son mariage
et ensuite pour les prier de lui louer un appartement et de le
faire meubler congrûment. Il leur donnait carte blanche, se
fiant, disait-il, beaucoup plus à leur goût qu'au sien propre et
qu'à celui de sa future.
Les amis parisiens d'Adrien n'avaient pas tardé à lui répondre
pour le féliciter de son changement d'existence et pour l'assurer
qu'à son arrivée il trouverait tout préparé. Cependant, l'une des
personnes qu'Adrien avait chargées du soin de son installation,
la baronne de Cœurardent, qui naguère avait eu des faiblesses
pour- lui, avait, dans une de ses lettres, exprimé la crainte que
son union avec une petite provinciale ne lui réservât quelques
désillusions. Mais Adrien avait répondu que cette crainte était
chimérique : M1Ie de Bonvouloir était novice, mais charmante;
du reste, ses amis en jugeraient, car il comptait pendre avec eux
la crémaillère dans son nouveau domicile, le soir même de son
arrivée. « D'ailleurs, ajoutait-il, empruntant à sa tante une des
locutions favorites de la douairière, Angélique est à cheval sur
les principes, et, par le temps qui court, c'est une qualité qu'on
ne saurait trop apprécier. »
... A la gare, les nouveaux époux trouvèrent le plus vieil ami
d'Adrien, Robert La Branche, et Mme de Cœurardent, qui les
conduisirent au logis retenu et meublé pour eux. L'installation
était complète : il ne manquait plus que de la vaisselle et la gar-
niture du cabinet de toilette. Mme de Cœurardent avait vu diffé-
rents modèles entre lesquels elle avait hésité, et, finalement,
avait cru devoir laisser à Adrien le soin de décider. « Je m'en
occuperai tantôt, » dit Adrien.
Sur ce, on laissa Angélique présider au déballage des malles
et s'occuper du dîner du soir, auquel devaient assister Mme de
Cœurardent, Robert et quelques autres intimes.
Adrien se rendit dans un magasin de cristaux et de porce-
laines, y choisit des objets de toilette et un service de table qu'il
expédia sur-le-champ à sa femme. Puis, il fit diverses courses.
Vers l'heure du dîner, il rentra et, dans la salle à manger,
constata avec satisfaction la belle ordonnance du repas, qui