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https://doi.org/10.11588/diglit.23871#0448
parler un véritable baiser — toutefois, faute de mieux, je me con-
tente de la définition de Bescherelle-Larousse et j'engage tout le
monde à en faire autant.
La tradition rapporte que notre mère Eve, dès qu'elle fut née,
poussa un cri essentiellement féminin : — « Je n'ai rien à me
mettre? Avec quoi vais-je me couvrir? » Adam répondit avec
beaucoup d'à-propos : — « Je vais te couvrir de baisers. » Alors,
Eve qui, gaie encore puisque innocente, avait le mot pour rire,
de riposter en clignant son œil noir: — « J'aime les chemises
bien en baisers. »
Le baiser peut être petit, gros, long, silencieux, sonore, reten-
tissant, doux, ailé, céleste, chaste, fade, polisson, passionné,
ardent, brûlant, etc., etc. (Voir le tableau ci-contre). Il n'est
qu'amical, lorsqu'il est cueilli sur une vieille branche. Le baiser
ne se localise pas. Il n'est pas sédentaire. Tel un papillon ruti-
lant, il vole du nez au menton, de l'épaule au poignet, de la
nuque au pied : le béco(t) erre et combien doux sont ses erre-
ments. Certains amoureux se contentent de baiser la trace des
pas de la personne aimée... C'est parfois encore du bonheur.
L'honnêteté ordonne qu'un baiser dérobé, même à un minois
fripon, soit immédiatement rendu. C'est se ravaler au-dessous du
chien que de frapper la main qui vous lèche.
Le plus souvent on gratifie quelqu'un d'un baiser par contact
direct. Toutefois le baiser peut s'envoyer à distance. Dans ce cas
après avoir touché ses lèvres, on souffle sur sa main, dans la
direction de la personne à laquelle ce geste galant est destiné.
Si la personne en question n'est pas trop éloignée et qu'elle vous
regarde, on peut estimer que le baiser arrive à destination. C'est
la télégraphie sans fil des amoureux.
On peut également envoyer des baisers par la poste, en dessi-
nant des petits ronds sur son papier à lettres. Enfin, on peut en
au moyen age : le baiser ferrugineux , .... . „
(Combat l'anémie et les pâles couleurs.) envoyer des quantités par pigeon voyageur, pour peu que l'en-
semble ne constitue pas un fardeau trop lourd. (Chacun sait que
les pigeons ne vont bien qu'avec les petits poids.)
Je termine en annonçant qu'à titre de prime entièrement gra-
tuite, et après entente avec la direction du journal, toutes les
Plusieurs écrivains ont fourni des définitions du baiser. Ros- jolies lectrices qui en feront la demande à mon domicile, rece-
and, à lui seul, en donne huit. vrontde moi un paquet d'excellents baisers. H. Avelot.
Aux nobles étrangers peu versés dans la
pratique de notre langue et qui désirent se
renseigner sur la signification précise du
mot charmant qui nous occupe, je conseil-
lerai Bescherelle ou Larousse, de préférence
à Rostand. J'imagine, en effet, leur légitime
abrutissement à la lecture de ces lignes:
BAISER. — Serment fait d'un peu plus
près. — Promesse plus précise. — Aveu
qui veut se confirmer. — Point rose qu'on
met sur Vi du verbe aimer. — Secret qui
prend la bouche pour oreille. — Instant
d'infini qui fait un bruit d'abeille. — Com-
munion ayant un goût de fleur. — Façon
d'un peu se respirer le cœur et d'un peu se
goûter aux bords des lèvres l'âme...
Rostand a infiniment de talent. Je n'y
contredis pas, mais il manque de préci-
sion. C'est là son point faible.
Larousse et Bescherelle, de leur côté, nous
disent froidement : « BAISER, s. m. Acte
qui consiste dans l'application de la bouche
sur un corps quelconque. »
Je doute, pour ma part, que le fah a'ap-
pliquer ses lèvres sur l'embouchure d'un
LE BAISER
flageolet, sur un tuyau de pipe ou une tran- sous le directoire : le baiser discret
, , „ . ■ ... > (A cette époque charmante, on pouvait s'embrasser en pleine rue sans être vu par qui que ce
che de porc frais constitue a proprement soitl. y
tente de la définition de Bescherelle-Larousse et j'engage tout le
monde à en faire autant.
La tradition rapporte que notre mère Eve, dès qu'elle fut née,
poussa un cri essentiellement féminin : — « Je n'ai rien à me
mettre? Avec quoi vais-je me couvrir? » Adam répondit avec
beaucoup d'à-propos : — « Je vais te couvrir de baisers. » Alors,
Eve qui, gaie encore puisque innocente, avait le mot pour rire,
de riposter en clignant son œil noir: — « J'aime les chemises
bien en baisers. »
Le baiser peut être petit, gros, long, silencieux, sonore, reten-
tissant, doux, ailé, céleste, chaste, fade, polisson, passionné,
ardent, brûlant, etc., etc. (Voir le tableau ci-contre). Il n'est
qu'amical, lorsqu'il est cueilli sur une vieille branche. Le baiser
ne se localise pas. Il n'est pas sédentaire. Tel un papillon ruti-
lant, il vole du nez au menton, de l'épaule au poignet, de la
nuque au pied : le béco(t) erre et combien doux sont ses erre-
ments. Certains amoureux se contentent de baiser la trace des
pas de la personne aimée... C'est parfois encore du bonheur.
L'honnêteté ordonne qu'un baiser dérobé, même à un minois
fripon, soit immédiatement rendu. C'est se ravaler au-dessous du
chien que de frapper la main qui vous lèche.
Le plus souvent on gratifie quelqu'un d'un baiser par contact
direct. Toutefois le baiser peut s'envoyer à distance. Dans ce cas
après avoir touché ses lèvres, on souffle sur sa main, dans la
direction de la personne à laquelle ce geste galant est destiné.
Si la personne en question n'est pas trop éloignée et qu'elle vous
regarde, on peut estimer que le baiser arrive à destination. C'est
la télégraphie sans fil des amoureux.
On peut également envoyer des baisers par la poste, en dessi-
nant des petits ronds sur son papier à lettres. Enfin, on peut en
au moyen age : le baiser ferrugineux , .... . „
(Combat l'anémie et les pâles couleurs.) envoyer des quantités par pigeon voyageur, pour peu que l'en-
semble ne constitue pas un fardeau trop lourd. (Chacun sait que
les pigeons ne vont bien qu'avec les petits poids.)
Je termine en annonçant qu'à titre de prime entièrement gra-
tuite, et après entente avec la direction du journal, toutes les
Plusieurs écrivains ont fourni des définitions du baiser. Ros- jolies lectrices qui en feront la demande à mon domicile, rece-
and, à lui seul, en donne huit. vrontde moi un paquet d'excellents baisers. H. Avelot.
Aux nobles étrangers peu versés dans la
pratique de notre langue et qui désirent se
renseigner sur la signification précise du
mot charmant qui nous occupe, je conseil-
lerai Bescherelle ou Larousse, de préférence
à Rostand. J'imagine, en effet, leur légitime
abrutissement à la lecture de ces lignes:
BAISER. — Serment fait d'un peu plus
près. — Promesse plus précise. — Aveu
qui veut se confirmer. — Point rose qu'on
met sur Vi du verbe aimer. — Secret qui
prend la bouche pour oreille. — Instant
d'infini qui fait un bruit d'abeille. — Com-
munion ayant un goût de fleur. — Façon
d'un peu se respirer le cœur et d'un peu se
goûter aux bords des lèvres l'âme...
Rostand a infiniment de talent. Je n'y
contredis pas, mais il manque de préci-
sion. C'est là son point faible.
Larousse et Bescherelle, de leur côté, nous
disent froidement : « BAISER, s. m. Acte
qui consiste dans l'application de la bouche
sur un corps quelconque. »
Je doute, pour ma part, que le fah a'ap-
pliquer ses lèvres sur l'embouchure d'un
LE BAISER
flageolet, sur un tuyau de pipe ou une tran- sous le directoire : le baiser discret
, , „ . ■ ... > (A cette époque charmante, on pouvait s'embrasser en pleine rue sans être vu par qui que ce
che de porc frais constitue a proprement soitl. y