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Le rire: journal humoristique — N.S. 1905 (Nr. 101-152)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23870#0058

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petite peste

MŒURS ÉTRANGES

des Gardiens de la Paix

Il est toujours désagréable de passer pour
un parangon de vertu. Je dois l'avouer
pourtant, je ressens un certain chagrin
toutes les fois que je constate les atteintes
qui peuvent être portées aux bonnes
mœurs.

J'ai passé, la semaine dernière, ma soirée
rue de Moscou. Les historiens ne tiennent
généralement pas assez compte de l'influ-
ence de cette artère, dans la conclusion de
l'alliance franco-russe. Il est vrai que ceux
qui en connaissent les charmes et le carac-
tère hospitalier seraient tentés de situer la
ville, à laquelle elle emprunte son nom, en
Ecosse. J'en sortis à deux heures du ma-
tin. J'eus la joie de constater que les rues
étaient désertes ou presque.

J'ai dit assez souvent mon admiration
pour M. Lépine et pour ses collaborateurs.
On me permettra aujourd'hui de me plain-
dre d'un petit scandale dont nous pouvons
quotidiennement être spectateurs. A cette
heure avancée de la nuit, alors que tous
les bourgeois raisonnables dorment à poings
consciencieusement fermés, et qu'il n'y
avait plus personne dehors, j'ai rencontre
des sergents de ville qui traînaient encore
dans nos rues.

Je n'aurais pas accordé une importance
exagérée à ce fait, et je l'aurais tenu pour
un cas isolé. J'ai eu malheureusement l'oc-
casion, ces derniers temps, de réintégrer,
plusieurs fois, mon domicile fort avantdans
la nuit. Qu'il soit trois, quatre, cinq heures
du matin, on ne peut faire un pas sans croi-
ser des agents, qui se promènent. On m'a
même affirmé qu'il y en avait qui ne rentraient
chez eux qu'au petit jour. Je comprends que
l'on s'amuse. Mais il semble intolérable que
le mauvais exemple soit donné, si manifes-
tement, par les représentants de l'ordre.

Faut-il excuser ces malheureux qui, ou-
bliant la femme et les petits qui les atten-
dent à la maison, courent ainsi les boule-
vards toute nuit — en quête de quelles aven-
tures ! je vous le demande — en argumen-
tant qu'ils sont dépourvus de sens moral ?
Point du tout. Us ont conscience de ce qu'ils
font. Je dirai plus, ils en ont honte. Us ne
cherchent nullement à s'afficher. J'en ai eu
les preuves. Une vieille dame vient-elle à.
être assassinée à l'angle de deux rues, un
monsieur est-il dévalisé sous un bec de-
gaz, vous les voyez aussitôt disparaître dis-
crètement dans une direction opposée-
Par un sentiment de pudeur, dont il importe
de leur savoir gré, ils ne tiennent pas, sans,
doute, à ce que le nom que leur a légué
leur père, soit mêlé à un scandale.

Je consens à croire que les hauts fonc-
tionnaires de la Préfecture sont tenus dans
la plus complète ignorance de ces débor-
dements. Ma conscience m'imposait cepen-
dant le devoir d'apporter ici le résultat d<*
mes constatations. Si, après tout, il demeure-
absolument impossible de décider les agents
à ne point se promener si tard, qu'ils aient
au moins le tact de ne pas se mettre en te-
nue 1 Max et Alex Fischer.
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