le scandale des cercles
M. Hcnneboit, juge d'instruction, vient d'ouvrir une enquête sur cer-
tains cercles vicieux dans lesquels on pratique le jeu et l'amour...
(Les gazettes.)
La dame de pique ne suffît plus...
créées par leurs gestes libidineux; mais ils ne peuvent légitimer
leur union. « On ne se marie pas ici ! crie la commission du
règlement. Pas d'union éternelle dans la Ville-Eternelle ! »
On dit que la rigueur draconienne de cette décision a déjà
brisé bien des bonheurs, bien des espérances, et que tel compo-
siteur de musique du plus grand talent a vu, pour s'être marié
quand même, sa carrière arrêtée. Les amours contrariées, il n'y
a encore que cela, cependant, pour produire un bon libretto de
musique.
M. Guillaume — attention Albert! — aurait encouru un blâme
parce qu'il avait réduit de moitié l'interdiction, et toléré le
mariage des élèves au bout de deux années. On dit même que
cette tolérance ne serait pas étrangère à son départ. Carolus
Duran qui a beaucoup vu, beaucoup retenu, qui est le beau-père
de Georges Feydeau, auquel nous devons Y Hôtel du Libre-Echange,
sera-t-il moins sévère que la commission, et, en caressant sa belle
barbe fleurie, dira-t-il à ses élèves, avec un grand geste bénisseur
— le geste auguste du semeur :
— Croissez et multiplie/.
* *
Pourtant, qu'il réfléchisse avant d'agir! Le sage législateur
avait peut-être été bien inspiré, en s'opposant aux entraînements
irréfléchis de la prime jeunesse. Il est difficile de peindre ou de
sculpter convenablement d'une main, quand on tient un biberon
de l'autre, et les soucis de la popote et du ménage s'accordent
mal avec les hautes préoccupations de l'art.
De même, dans la Garde, autrefois, il était interdit de se ma-
rier avant le grade d'officier supérieur. L'Empereur estimait que
la solde largement suffisante pour être un officier chic et bien
tenu, était mince pour subvenir aux charges multiples d'un mé-
nage. Clause immorale ! s'écrierait monsieur Piot. Ce qui est
immoral c'est l'adultère et l'hypocrisie : et vraiment, on peut se
demander, - avec nos vaudevillistes, si le ménage tel, qu'il existe
dans nos mœurs, est si moral que ça. Espérons que notre bon
Carolus verra la situation telle qu'elle est, et que les pension-
naires de la villa Médicis — une famille où Ton ne pratiquait guère
la vertu — pourront, comme jadis, avec de belles Italiennes,,
chanter :
Viva la liber ta !
Dernièrement, nous donnions l'opinion de monsieur Le Bargy
sur la guerre russo-japonaise. Voici, d'après une correspondance
de Montréal l'opinion de madame Réjane. Donc, notre spirituelle
Gabrielle était en train de faire des emplettes dans un magasin
de fourrures, car elle s'enrhume souvent du cerveau. Elle avait
déjà acheté un boa anti-coryza de renard argenté, de 1000 dollars,
et un manteau de phoque canadien de 200 dollars, — peste, ma
chère, comme vous voilà mise! — lorsqu'entre deux peaux, si
j'ose m'exprimer ainsi, c'est-à-dire entre le renard argenté— on
le serait à moins — et le phoque canadien, qui avait peut-être dit
« papa » de son vivant, madame Réjane apprit la chute et la red-
dition de Port-Arthur.
La charmante actrice qui s'est toujours montrée très russo-
phile, a été vivement émue en apprenant cette nouvelle, et n'a
pu retenir ses larmes !
Il y aurait là prétexte à un joli tableau, pour le prochain Salon,
et le peintre pourrait faire également pleurer le renard, le phoque,
et au besoin quelques crocodiles suspendus à la muraille. Que
d'eau! Nous avons eu, par le même courrier américain, des détails
intéressants sur la manière dont les grandes dames de New-York
comprennent la maternité. Quand elles font du « shoping », c'est-
à-dire lorsqu'elles courent les grands magasins, elles emmènent
parfois avec elles leur baby, et alors, il existe dans certains-
établissements une très utile institution.
Avant de faire leurs emplettes, elles se débarrassent du moutard
encombrant en échange d'ùn ticket. Il attend dans une salle,
en compagnie d'autres petits garçons, sous l'oeil d'une surveillante
affectée à ce service. Puis, ayant terminé leurs achats, les mamans
reprennent le baby contre le ticket reçu. Je vois ici un nouvel
emploi pour nos ouvreuses, et quand elles nous demanderont do
nous « débarrasser », on leur dira :
— Tenez, prenez le môme, en même temps. Vous me le rendre»
à la sortie, avec mon parapluie.
Snob.
M. Hcnneboit, juge d'instruction, vient d'ouvrir une enquête sur cer-
tains cercles vicieux dans lesquels on pratique le jeu et l'amour...
(Les gazettes.)
La dame de pique ne suffît plus...
créées par leurs gestes libidineux; mais ils ne peuvent légitimer
leur union. « On ne se marie pas ici ! crie la commission du
règlement. Pas d'union éternelle dans la Ville-Eternelle ! »
On dit que la rigueur draconienne de cette décision a déjà
brisé bien des bonheurs, bien des espérances, et que tel compo-
siteur de musique du plus grand talent a vu, pour s'être marié
quand même, sa carrière arrêtée. Les amours contrariées, il n'y
a encore que cela, cependant, pour produire un bon libretto de
musique.
M. Guillaume — attention Albert! — aurait encouru un blâme
parce qu'il avait réduit de moitié l'interdiction, et toléré le
mariage des élèves au bout de deux années. On dit même que
cette tolérance ne serait pas étrangère à son départ. Carolus
Duran qui a beaucoup vu, beaucoup retenu, qui est le beau-père
de Georges Feydeau, auquel nous devons Y Hôtel du Libre-Echange,
sera-t-il moins sévère que la commission, et, en caressant sa belle
barbe fleurie, dira-t-il à ses élèves, avec un grand geste bénisseur
— le geste auguste du semeur :
— Croissez et multiplie/.
* *
Pourtant, qu'il réfléchisse avant d'agir! Le sage législateur
avait peut-être été bien inspiré, en s'opposant aux entraînements
irréfléchis de la prime jeunesse. Il est difficile de peindre ou de
sculpter convenablement d'une main, quand on tient un biberon
de l'autre, et les soucis de la popote et du ménage s'accordent
mal avec les hautes préoccupations de l'art.
De même, dans la Garde, autrefois, il était interdit de se ma-
rier avant le grade d'officier supérieur. L'Empereur estimait que
la solde largement suffisante pour être un officier chic et bien
tenu, était mince pour subvenir aux charges multiples d'un mé-
nage. Clause immorale ! s'écrierait monsieur Piot. Ce qui est
immoral c'est l'adultère et l'hypocrisie : et vraiment, on peut se
demander, - avec nos vaudevillistes, si le ménage tel, qu'il existe
dans nos mœurs, est si moral que ça. Espérons que notre bon
Carolus verra la situation telle qu'elle est, et que les pension-
naires de la villa Médicis — une famille où Ton ne pratiquait guère
la vertu — pourront, comme jadis, avec de belles Italiennes,,
chanter :
Viva la liber ta !
Dernièrement, nous donnions l'opinion de monsieur Le Bargy
sur la guerre russo-japonaise. Voici, d'après une correspondance
de Montréal l'opinion de madame Réjane. Donc, notre spirituelle
Gabrielle était en train de faire des emplettes dans un magasin
de fourrures, car elle s'enrhume souvent du cerveau. Elle avait
déjà acheté un boa anti-coryza de renard argenté, de 1000 dollars,
et un manteau de phoque canadien de 200 dollars, — peste, ma
chère, comme vous voilà mise! — lorsqu'entre deux peaux, si
j'ose m'exprimer ainsi, c'est-à-dire entre le renard argenté— on
le serait à moins — et le phoque canadien, qui avait peut-être dit
« papa » de son vivant, madame Réjane apprit la chute et la red-
dition de Port-Arthur.
La charmante actrice qui s'est toujours montrée très russo-
phile, a été vivement émue en apprenant cette nouvelle, et n'a
pu retenir ses larmes !
Il y aurait là prétexte à un joli tableau, pour le prochain Salon,
et le peintre pourrait faire également pleurer le renard, le phoque,
et au besoin quelques crocodiles suspendus à la muraille. Que
d'eau! Nous avons eu, par le même courrier américain, des détails
intéressants sur la manière dont les grandes dames de New-York
comprennent la maternité. Quand elles font du « shoping », c'est-
à-dire lorsqu'elles courent les grands magasins, elles emmènent
parfois avec elles leur baby, et alors, il existe dans certains-
établissements une très utile institution.
Avant de faire leurs emplettes, elles se débarrassent du moutard
encombrant en échange d'ùn ticket. Il attend dans une salle,
en compagnie d'autres petits garçons, sous l'oeil d'une surveillante
affectée à ce service. Puis, ayant terminé leurs achats, les mamans
reprennent le baby contre le ticket reçu. Je vois ici un nouvel
emploi pour nos ouvreuses, et quand elles nous demanderont do
nous « débarrasser », on leur dira :
— Tenez, prenez le môme, en même temps. Vous me le rendre»
à la sortie, avec mon parapluie.
Snob.