SOUVENIR DES MANŒUVRES
GOBINET
A la première étape des manœuvres, le fourrier distribue les
billets de logement.
— Tiens! s'écria Gobinet qui était de la classe, en regardant
son billet, j'ioge chez un rentier qu'a z'un drôle de nom : m'sieu
Ratisseau.
— Mé itou! fit le troubade placé juste derrière lui sur les
rangs, un nommé Miroton, qui, lui, était un bleu.
— Té itou? questionna Gobinet. Chez m'sieu Ratisseau, rue
de l'Ane-qui-Vielle?
— Tout comme té!... Alors, c'est bien 1' même Ratisseau.
Les rangs rompus, tous deux s'acheminèrent vers la rue de
l'Ane-qui-Vielle, près du vieux rempart de la petite ville. Ils la
trouvèrent, près des ruines d'une vieille porte armoriée, isolée,
mais proprette. De l'autre côté de la rue, il y avait un vieux
puits entouré de quelques arbres.
— On va nous coller dans le même pieu! dit Gobinet. Est-ce
que tu gigottes en dormant?
— Des fois!
— Tu tâcheras que ça ne t'arrive pas... J'te foutrais par terre.
Ils sonnèrent. Un vieil homme tout blanc, à barbiche, vint
leur ouvrir. Gobinet crut devoir faire le familier.
— Bonjour, papa!... Vlà deux billets de logement...
— Entrez!... dit le vieil homme. Ma femme va vous donner à
boire et à manger. Là-haut, il y a une chambre où vous serez
très bien... Demain matin, on vous réveillera à temps n'ayez
crainte... Les règlements militaires, ça me connaît, je suis un
ancien adjudant de gendarmerie.
— Diable! pensa Gobinet, j'ai eu tort de l'appeler papa...
— Ce soir, poursuivi le vieil homme à barbiche, vous tâchere:»
moyen d'être au pieu réglementairement à neuf heures, sans
ça, je vous conduirais moi-même à la garde de police.
Sa voix s'était affermie en disant cela, et avait retrouvé de
vieilles intonations autoritaires.
Gobinet et Miroton, une fois restaurés, grimpèrent à la cham-
bre que « l'habitant » mettait à leur disposition, et dont la fenê-
tre donnait sur la rue. Tout en nettoyant leurs fusils couverts de
poussière, ils causèrent à mi-voix.
Comment! il te faut deux louis pour toucher tes appointements? — Mon cochon!... dit le bleu Miroton, on est bien tombé!...
BitSîi sûr: je gagne 80 francs par mois et j'ai 120 francs d'amende. Un ex-adjudant!... C'est pas le moment de rigoler... Y m'fiche
Dessin de Virièz.
M. Loubet vient d'affirmer sa décision irrévocable de ne plus piloter le
char de l'Etat et Théry sa décision de ne plus piloter de voitures de
c ouTses.-
«tes
■' - ;■ >•;-■* ■ '
mm
*>••;•••.'-. ' '
a l'EXPOSITION de l'aUTOMOBILE-CL
m. loubet. —Alors, vous aussi, mon brave Théry, vous êtes décidé à ne plus conduire?
théry. — Oui, mon Président; on n'a pas eu de panne tous.deux, c'est parfait; laissons les autres se casser la gueule ! Dessin de Jean Villemot,
GOBINET
A la première étape des manœuvres, le fourrier distribue les
billets de logement.
— Tiens! s'écria Gobinet qui était de la classe, en regardant
son billet, j'ioge chez un rentier qu'a z'un drôle de nom : m'sieu
Ratisseau.
— Mé itou! fit le troubade placé juste derrière lui sur les
rangs, un nommé Miroton, qui, lui, était un bleu.
— Té itou? questionna Gobinet. Chez m'sieu Ratisseau, rue
de l'Ane-qui-Vielle?
— Tout comme té!... Alors, c'est bien 1' même Ratisseau.
Les rangs rompus, tous deux s'acheminèrent vers la rue de
l'Ane-qui-Vielle, près du vieux rempart de la petite ville. Ils la
trouvèrent, près des ruines d'une vieille porte armoriée, isolée,
mais proprette. De l'autre côté de la rue, il y avait un vieux
puits entouré de quelques arbres.
— On va nous coller dans le même pieu! dit Gobinet. Est-ce
que tu gigottes en dormant?
— Des fois!
— Tu tâcheras que ça ne t'arrive pas... J'te foutrais par terre.
Ils sonnèrent. Un vieil homme tout blanc, à barbiche, vint
leur ouvrir. Gobinet crut devoir faire le familier.
— Bonjour, papa!... Vlà deux billets de logement...
— Entrez!... dit le vieil homme. Ma femme va vous donner à
boire et à manger. Là-haut, il y a une chambre où vous serez
très bien... Demain matin, on vous réveillera à temps n'ayez
crainte... Les règlements militaires, ça me connaît, je suis un
ancien adjudant de gendarmerie.
— Diable! pensa Gobinet, j'ai eu tort de l'appeler papa...
— Ce soir, poursuivi le vieil homme à barbiche, vous tâchere:»
moyen d'être au pieu réglementairement à neuf heures, sans
ça, je vous conduirais moi-même à la garde de police.
Sa voix s'était affermie en disant cela, et avait retrouvé de
vieilles intonations autoritaires.
Gobinet et Miroton, une fois restaurés, grimpèrent à la cham-
bre que « l'habitant » mettait à leur disposition, et dont la fenê-
tre donnait sur la rue. Tout en nettoyant leurs fusils couverts de
poussière, ils causèrent à mi-voix.
Comment! il te faut deux louis pour toucher tes appointements? — Mon cochon!... dit le bleu Miroton, on est bien tombé!...
BitSîi sûr: je gagne 80 francs par mois et j'ai 120 francs d'amende. Un ex-adjudant!... C'est pas le moment de rigoler... Y m'fiche
Dessin de Virièz.
M. Loubet vient d'affirmer sa décision irrévocable de ne plus piloter le
char de l'Etat et Théry sa décision de ne plus piloter de voitures de
c ouTses.-
«tes
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mm
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a l'EXPOSITION de l'aUTOMOBILE-CL
m. loubet. —Alors, vous aussi, mon brave Théry, vous êtes décidé à ne plus conduire?
théry. — Oui, mon Président; on n'a pas eu de panne tous.deux, c'est parfait; laissons les autres se casser la gueule ! Dessin de Jean Villemot,