pas l'ombre d’une apparence de
vérité en hiver).
Pour un observateur superfi-
ciel, ce spectacle, disons-le tout
de suite, est fort trompeur, car
il verra passer des foules de
gens, suant du front ou d’ail-
leurs, et s’il a le malheur d’en
inférer que tous ces gens-là ne
suent ainsi que pour gagner leur
pain, il commettra la plus gros-
sière des bévues.
11 faut distinguer d’abord. Il
y a des gens diapliorétiques
par tempérament: ils suent pour
un oui pour un non, pour mettre
leurs souliers ou pour faire l’as-
cension de l’obélisque, pour se
raser, pour prendre un bain :
bref, un rien les fait suer, et ils
en conviennent eux-mêmes.
11 y en a d’autres qui ne suent
jamais* ni du front ni d’ailleurs,
même s’ils travaillent comme
des nègres.
Autre remarque importante.
Un naïf pourrait être tenté d’ima-
giner une corrélation entre les
quantités de sueur émises par
telle ou telle partie du corps et le
plus ou moins d’activité de cette
partie. Et ce même naïf abouti-
rait ainsi à la conclusion absurde
que ce sont les seuls penseurs
e les gens de lettres qui ga-
_ LES ETRENNES
■ La suppression des tambours?... mais, cest peut-etre le seul moyen
d’avoir la paix. Dessin de Haye.
gnent leur pain à la sueur de
leur front.
Eh bien ! pas du tout, car mon
facteur qui, lui, ne fait travailler
que ses pieds, m’arrive tous les
jours le front humide comme la
margelle d’un puits. Aux clair-
voyants de conclure.
Les paroles s’envolent, les
écrits restent.
Ceci est, m’a-t-on dit, la tra-
duction d’un proverbe latin. Soit,
mais je soutiens que si le dicton
pouvait avoir quelque apparence
de vérité au temps des Romains,
il n’en est plus de même au-
jourd’hui. Tenez, je ne vous en
donnerai que cette seule et uni-
que preuve.
Ma femme me reproche en-
core .aujourd’hui, après qua-
rante-cinq ans, un mot que je lui
ai dit quand nous n’étions que
cousin et cousine et hauts comme
une botte chacun, et, d’autre
part, je trouve quotidiennement
dans mes water-closets une par-
tie de ce qui s’écrit et s’imprime
tous les jours par le monde en-
tier. C’est sans réplique, n’est-ce
pas?
Artaban.
— Comme elle est silencieuse...
— 4 cylindres...
— Et comme elle marche...
— 60 chevaux!...
Dessin de Paul Iiube
vérité en hiver).
Pour un observateur superfi-
ciel, ce spectacle, disons-le tout
de suite, est fort trompeur, car
il verra passer des foules de
gens, suant du front ou d’ail-
leurs, et s’il a le malheur d’en
inférer que tous ces gens-là ne
suent ainsi que pour gagner leur
pain, il commettra la plus gros-
sière des bévues.
11 faut distinguer d’abord. Il
y a des gens diapliorétiques
par tempérament: ils suent pour
un oui pour un non, pour mettre
leurs souliers ou pour faire l’as-
cension de l’obélisque, pour se
raser, pour prendre un bain :
bref, un rien les fait suer, et ils
en conviennent eux-mêmes.
11 y en a d’autres qui ne suent
jamais* ni du front ni d’ailleurs,
même s’ils travaillent comme
des nègres.
Autre remarque importante.
Un naïf pourrait être tenté d’ima-
giner une corrélation entre les
quantités de sueur émises par
telle ou telle partie du corps et le
plus ou moins d’activité de cette
partie. Et ce même naïf abouti-
rait ainsi à la conclusion absurde
que ce sont les seuls penseurs
e les gens de lettres qui ga-
_ LES ETRENNES
■ La suppression des tambours?... mais, cest peut-etre le seul moyen
d’avoir la paix. Dessin de Haye.
gnent leur pain à la sueur de
leur front.
Eh bien ! pas du tout, car mon
facteur qui, lui, ne fait travailler
que ses pieds, m’arrive tous les
jours le front humide comme la
margelle d’un puits. Aux clair-
voyants de conclure.
Les paroles s’envolent, les
écrits restent.
Ceci est, m’a-t-on dit, la tra-
duction d’un proverbe latin. Soit,
mais je soutiens que si le dicton
pouvait avoir quelque apparence
de vérité au temps des Romains,
il n’en est plus de même au-
jourd’hui. Tenez, je ne vous en
donnerai que cette seule et uni-
que preuve.
Ma femme me reproche en-
core .aujourd’hui, après qua-
rante-cinq ans, un mot que je lui
ai dit quand nous n’étions que
cousin et cousine et hauts comme
une botte chacun, et, d’autre
part, je trouve quotidiennement
dans mes water-closets une par-
tie de ce qui s’écrit et s’imprime
tous les jours par le monde en-
tier. C’est sans réplique, n’est-ce
pas?
Artaban.
— Comme elle est silencieuse...
— 4 cylindres...
— Et comme elle marche...
— 60 chevaux!...
Dessin de Paul Iiube