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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1906 (Nr. 153-204)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19269#0018

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Afin de ne point contrarier le plus sédui-
sant des hôtes, je demandai (comme j’au-
rais demandé autre chose) : « Que pensez-
vous de l’Entente Cordiale? »

Cette question remplit l’homme des
beaux-arts d’une allégresse non dissimu-
lée : « Ce que j’en pense? s’exclama-t-il...
Je pense qu’elle entre de plus en plus dans
nos mœurs!... Sans m’occuper des résul-
tats diplomatiques que Rouvier et Brune-
tière (petit Brunetière aux yeux doux) vous
expliqueraient mieux que moi, envisageons
le point de vue artistique et pittoresque de
la question, le seul qui vous importe, n’est-
il pas vrai ?...

— Pour sûr, alors !... acquiesçai-jc.

— Eh bien, ce sont encore les théâtres
et music-halls les promoteurs de ce mouve-
ment!... Outre le cake-walk, qui a rem-
placé la surannée valse et l’ancestrale polka,
ces danses bien françaises venues d’Allema-
gne et de Pologne; outre les ping-pong,
ces exquises girls (ta girl, bébé!) la gigue
va bientôt refleurir de plus belle, et détrô-
ner la matchiche !...

— En vérité?...

— Mais, oui. Il est question de fonder
une association franco-anglaise ayant pour
présidents Chocolat et Footit, et qui s’inti-
tulerait la Gigue des Patriotes.

M. Dujardin, après avoir tiré deux bouf-
fées de son mexicain, observa :

— L’échange d’artistes entre Londres
et Paris est aussi de plus en plus fréquent ;
et, comme on dit à l’époque des étrennes :
« Les petits cabots entretiennent l’amitié... »
Quant aux étoffes dont se parent nos ac-

Dcssin de Poulbot.

— Je vous dérange peut-être en causant?...

—- Pas du tout; vous pouvez continuer, je ne vous écoute pas.

CONVERSATION

AVEC M. DUJARDIN-BEAUMETZ

Suivant les clichés de l’argot journalis-
tique, M. Dujardin-Beaumetz évoque tour à
tour des visions de chef de claque ou moins
encore ; car, au théâtre, il donne le signal
des applaudissements, et dés qu’un fait
grave se produit, il est le premier sur les
lieux. N’empêche que cet aimable homme
est la figure la plus parisienne du Tout-
Paris, et que si Ton n’a pas été invité à ses
soirées au moins une fois Tan, on passe
pour le dernier des derniers.

Cjest donc avec une joie amalgamée d’or-
gueil que je me rendis hier à son domicile.

La soirée battait son plein, selon la forte
expression de l’ex-colonel Marchand (que
tout le monde félicitait de ses lumineux ar-
ticles de l'Éclair), mais chacun fit soudain

nouie et le sourcil agressif, s’était accoudé
â la cheminée de marbre rose, et annon-
çait : « Cœur brisé !... poème inédit de
Francis de Croisset... »

Un murmure flatteur accueillit cette bonne
fortune, et Brasseur commença :

On la nomme Emma l’émaillcuse,

Elle aime Aimable, l’émailleur;

Mais elle est blême et malheureuse,

Car son émailleur aime ailleurs...

Emma, donc...

A cet endroit, M. Dujardin-Beaumetz me
prit par un bouton de mon smoking en in-
sinuant : « Les vers, vous en vendez; ça
doit donc vous laisser froid!... » Je me ré-
criai. Il ajouta : « Du reste, on ne me la
fait pas. Si vous avez tenu à être reçu, c’est
que vous désirez m’interviewer!...

—- Moi?... mais je...

— Allons, j’en suis sûr!... Ne vous gênez

trices, elles viennent de Londres : et la plu-
part d’entre ces belles offrent aux mains de
l’honnête homme leurs seins dressés en
Liberty... Et puis, quoi qu’en dise Combes,
il faut une religion au peuple !... Pourquoi,
— les congrégations dissoutes, — le pro-
testantisme ne prospérerait-il pas chez
nous?... Les bigotes et les cagotes anglaises
feront, croyez-moi, bon ménage avant peu...
Enfin, il faudrait avoir du cacao dans les
mirettes pour ne pas constater ce progrès:
nous possédons en plein Paris des water-
closet souterrains, comme dans Charing-
Cross ; et le Merdropolitain de la Made-
leine, que j’inaugure demain, prouve que
mon opinion n’est pas dénuée de fonde-
ment. .. »

M. Beaumetz sourit à cette fine conclu-
sion ; et, avisant un groupe d’étrangers,
alla faire une manille à quatre avec un
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