Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1906 (Nr. 153-204)

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19269#0756

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LEQUEL ;

Arrêté à New-York, sur la plainte d’une Américaine qui prétend avoir
été « pincée » près de la cage aux singes, le ténor Caruso assure qu’un
des « orangs-dégoûtants » est le seul coupable.

(Lès gazettes judiciaires.)

LES POTINS DE PARIS

Par SNOB

Et la marée montait, montait toujours!

Est-ce que ça ne vous semble pas inquiétant? Voici, en effet,
les dernières nouvelles :

Suzanne Danjou est engagée à l’Ambigu pour jouer dans la
Môme aux beaux yeux. Léo Syda est engagée à l’Eldorado. Jane
Loury joue Madame Méphisto au Moulin-Rouge. Mars-Pearl est
engagée au Casino de Paris. Lucette de Liévin vient de traiter
avec un établissement du Boulevard (lequel, que j’y coure?} et
Jane Duberny va reparaître dans l’opérette.

Toutes, je vous dis, toutes. Avec les répétitions qui commen-
cent à midi et les représentations qui finissent à minuit, il ne
leur reste plus que douze heures pour manger, dormir, essayer
les costumes... et aimer! Qu’allons-nous devenir, et, si toutes
nos jolies femmes deviennent ainsi des artistes, que deviendra le
seul art vraiment nécessaire — n’en déplaise, côté cour, à
M. Dujardin — j’ai nommé l’art de l’amour?

C’est la Revue qui est cause de tout le mal. Je comptais,
l’autre soir, le nombre de femmes qui figuraient dans le défilé
des plumes — oui, monsieur — sur une scène de music-hall. Il
y en avait une soixantaine, marchant fort bien, ma foi, d’un pas
allègre et bien rythmé; et dans leur œil agrandi, bleui, noirci,
n’ayant plus rien du vieil œil vulgaire de l’humanité, on lisait
la fierté de «'faire du théâtre », de travailler, même en étant le
deuxième marabout à droite, ou le troisième coléoptère à gauche,
et d’échapper — ô illusion! -— à la domination humiliante du
mâle.

La femme de féerie, ou de revue, s’éloigne, en effet, de plus
en plus de la réalité. C’est un être recréé par lui-même, si bien
que la nature ne peut plus prétendre à aucune part dans sa
lorme, ou son aspect. C’est une nature mystique, un verbe fait
couleur, satin, lard et soie rose. Ses lèvres, rouges comme du
sang, sont redessinées au carmin. Ses dents sont taillées et cise-
lées, ses ongles sont des cornalines; son teint est inénarrable,
blanc de perle, eau de lis, rayon de lune, poussière d'aile de
papillon. Ses cheveux, vernissés, dorés, brodés, ondulés, repré-
sentent une série de dessins symboliques, invisibles à l’œil du

profane, et son costume réduit à quelques accessoires sur le
maillot, en même temps chair et marbre, éloigne la pensée du
corps humain pour la reporter vers je ne sais quoi d’outre-ter-
restre, un séraphin matérialisé.

Comme ces apparitions des anciennes rêveries, il ne faut pas
essayer de toucher ou d’étreindre la femme de revue, sous peine
de la voir s'évaporer^ ou_deveriir guenille, et il y a de cruels
mécomptes pour ceux qui vont retrouver à la sortie, en water-
proof et toque défraîchie, le marabout blanc ou le troisième co-
léoptère à gauche.

Et voilà pourquoi nous manifestons de justes craintes devant
cet enrôlement chaque jour croissant des théâtreuses. Ah! Wil-
lette, talentueux Willette, qui venez de peindre un si joli pla-
fond pour les Galeries... Washington, tâchez de persuader à nos
jolies femmes de rester simplement des femmes.

Votre adorable fresque éât tout un symbole. Cela représente
une Vénus toute nue, nue comme un discours deM. Jaurès, avec
des épaules nacrées et des seins gonflés et roses. Et comme
cette nudité absolue nous fait bien comprendre qu’elle n’a « rien
à se mettre »! Donc, Vénus, dans une trirème aux voiles d’azur,
débarque au grand magasin en question qui, cependant, ne se
trouve pas au coin du quai.

Elle est reçue par de séduisantes vendeuses qui lui proposent
des chemises à entre-deux de dentelle, avec trous-trous enru-
bannés, des corsets, des jupons froufroutants avec nœuds co-
mète, tous ces dessous qui font nos Parisiennes si capiteuses, si
désirables !

Le dessus te ravit? Si tu voyais dessous...

aurait dit, à peu près, Victor Hugo. Au coin du tableau, il y a
un petit trottin qui nous regarde, son carton sous le bras, avec
des yeux diaboliques, et cela se passe dans un cadre d’oriflammes
— oriflammes qui sont des jupons soulevés par la brise. D’ici
quinze jours, le plafond sera en place, mais si suggestif, que tout
le monde restera le nez en l’air à l’admirer, au lieu de regarder
les marchandises. Willette, c’est l’autre danger.

*

* *

Ah! pourquoi notre peintre féministe n’orne-t-il pas de quel-
ques fresques allégoriques le plafond de la quatrième chambre
du tribunal civil, où se plaident des causes si intéressantes!• La
semaine dernière, c’était le fameux divorce mondain, où l’avo-
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen