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https://doi.org/10.11588/diglit.19269#0806
CHRONIQUE MÉDICALE
MÊTAMORPHOSS
LA MIGRAINE
La migraine est une affection fort ré-
pandue, surtout chez les femmes. Elle se
traduit généralement par des symptômes
facilement reconnaissables : la malade se
plaint beaucoup ; elle ne cesse de répéter
qu’elle a besoin de repos, et, pour mieux
faire sentir de quel prix la solitude serait
pour elle, elle se met à la recherche de
toutes les personnes qu’elle a chance de
pouvoir rencontrer, afin de leur expliquer
qu’elle voudrait bien qu’on la laissât tran-
quille.
Si, par hasard, un mari, ou un amant —
rar la migraine n’est pas exclusivement
céservée aux femmes légitimes — lui fait
remarquer qu’elle peut se rendre dans sa
chambre, s’y enfermer et s’y coucher, la
malade répond, souventavec beaucoup d’ai-
greur, qu’il est vraiment lamentable de voir
à quel point on s’intéresse peu à elle, et
constate en soupirant que, sitôt qu’elle souf-
fre, elle devient un objet d’horreur pour
l’être qui lui est le plus cher. Je dois noter,
en passant, que, dans ce cas, pourdiminuer
l’exaltation de la malade, et aussi la durée
de la crise, il est bon de flatter sa manie,
et de lui assurer, doucement, qu’elle a
raison.
Les causes de la migraine sont multiples.
Elles peuvent être, suivant les cas, ou des
événements insignifiants, ou des faits d’une
exceptionnelle gravité : Citons, forcément
sans ordre, le refus d’un bijou; la rencon-
tre d’une amie mieux habillée ou plus en
beauté que vous; trop d’empressement de
la part d’un mari ou, symétriquement, trop
de froideur de la part d’un amant; la mort
d’un oncle à héritage (on prétend qu’il \
en a encore, et qu’ils meurent tous de cha-
grin de se voir devenir si rares); la perte
d’un chien adoré; une panne d’automobile;
une discussion avec une cuisinière, une
journée de visites dans laquelle on n’a ap-
pris aucun potin inédit, etc. Quel que soit
le motif qui provoque l’éclosion de la mi-
graine, celle-ci se développe toujours avec
une rapidité foudroyante. La douleur est
presque tout de suite insupportable, et la
malade ne l’est pas moins.
Comment la chrysalide.
devient papillon !
Dessia de Hkllè.
Le meilleur remède connu contre la mi-
graine est la patience, à moins que ce ne
soit pas la personne atteinte, mais celles
qui font partie de son entourage, qui en
soient abondamment pourvues. J’aurais, il
y a quelques années, indiqué en outre un
moyen absolument radical de guérir le mal
de tète, mais je préfère aujourd’hui ne pas
parler d’un procédé dont l’application est
devenu particuliérement difficile depuis que
l’usage n’admet plus que les femmes soient
guillotinées. Docteur Jean Lapin.
O
L AUTOMOBILE DU PVUVRE
Payé Une eLim0USi
ne m a demandé que vingt ronds I
Dessin de Ricahdo Floués.
MÊTAMORPHOSS
LA MIGRAINE
La migraine est une affection fort ré-
pandue, surtout chez les femmes. Elle se
traduit généralement par des symptômes
facilement reconnaissables : la malade se
plaint beaucoup ; elle ne cesse de répéter
qu’elle a besoin de repos, et, pour mieux
faire sentir de quel prix la solitude serait
pour elle, elle se met à la recherche de
toutes les personnes qu’elle a chance de
pouvoir rencontrer, afin de leur expliquer
qu’elle voudrait bien qu’on la laissât tran-
quille.
Si, par hasard, un mari, ou un amant —
rar la migraine n’est pas exclusivement
céservée aux femmes légitimes — lui fait
remarquer qu’elle peut se rendre dans sa
chambre, s’y enfermer et s’y coucher, la
malade répond, souventavec beaucoup d’ai-
greur, qu’il est vraiment lamentable de voir
à quel point on s’intéresse peu à elle, et
constate en soupirant que, sitôt qu’elle souf-
fre, elle devient un objet d’horreur pour
l’être qui lui est le plus cher. Je dois noter,
en passant, que, dans ce cas, pourdiminuer
l’exaltation de la malade, et aussi la durée
de la crise, il est bon de flatter sa manie,
et de lui assurer, doucement, qu’elle a
raison.
Les causes de la migraine sont multiples.
Elles peuvent être, suivant les cas, ou des
événements insignifiants, ou des faits d’une
exceptionnelle gravité : Citons, forcément
sans ordre, le refus d’un bijou; la rencon-
tre d’une amie mieux habillée ou plus en
beauté que vous; trop d’empressement de
la part d’un mari ou, symétriquement, trop
de froideur de la part d’un amant; la mort
d’un oncle à héritage (on prétend qu’il \
en a encore, et qu’ils meurent tous de cha-
grin de se voir devenir si rares); la perte
d’un chien adoré; une panne d’automobile;
une discussion avec une cuisinière, une
journée de visites dans laquelle on n’a ap-
pris aucun potin inédit, etc. Quel que soit
le motif qui provoque l’éclosion de la mi-
graine, celle-ci se développe toujours avec
une rapidité foudroyante. La douleur est
presque tout de suite insupportable, et la
malade ne l’est pas moins.
Comment la chrysalide.
devient papillon !
Dessia de Hkllè.
Le meilleur remède connu contre la mi-
graine est la patience, à moins que ce ne
soit pas la personne atteinte, mais celles
qui font partie de son entourage, qui en
soient abondamment pourvues. J’aurais, il
y a quelques années, indiqué en outre un
moyen absolument radical de guérir le mal
de tète, mais je préfère aujourd’hui ne pas
parler d’un procédé dont l’application est
devenu particuliérement difficile depuis que
l’usage n’admet plus que les femmes soient
guillotinées. Docteur Jean Lapin.
O
L AUTOMOBILE DU PVUVRE
Payé Une eLim0USi
ne m a demandé que vingt ronds I
Dessin de Ricahdo Floués.