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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1906 (Nr. 153-204)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19269#0818

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RUY BRAS

LES POTINS DE PARIS

Par SNOB

Prenons notre lyre, et pinçons la corde d’airain pour chanter
le grand événement. Mimi, pinçons!

Une nouvelle artiste nous est née. Yssim, un nom autorisé que
ces dames ne prononcent qu’à genoux. Le programme alléchant,
si j’ose m’exprimer ainsi, nous avait mis l'eau à la bouche, et.
nous prévenait qu’il s’agissait « d’une mondaine très connue,
célèbre même, d’une grande dame aussi authentique que bla-
sonnée qui s’est découvert tout récemment la vocation artis-
tique ».

La chose s’est passée fort tard au Moulin-Rouge, devant des
Parisiens un peu abrutis par le manque de sommeil — ils étaient
rentrés de la répétition des Folies-Bergère à cinq heures du
matin — mais surexcités quand même par l’attente d’un sensa-
tionnel événement. On avait payé cent francs les loges, et deux
cents francs les avant-scènes.

Donc, après une lutte bruyante, entre l’orchestre du Moulin-
Rouge qui résonnait dans la salle et la fanfare d’un journal qui
tonitruait en même temps dans le promenoir, après l’exhibi-
tion d’un monsieur qui jouait du violon sur un trombonne •—
quelle drôle d’idée! — et celle d’un autre sportman qui tombait
de bicyclette, sur son derrière, en lâchant avec grâce un petit
bruit, très bien imité ma foi, par la trompe d’avertissement,
quelques spectateurs commencèrent à réclamer sur l’air des
lampions : « La Marquise! la Marquise! »

Footit entra alors en scène. Il y eut un moment d’erreur, à
cause du visage enfariné et du costume masculin; mais ce n’était
pas la marquise. Et elle parut enfin, un peu mûre, en cheveux
courts, frisés au petit fer, plus pâle que jamais, avec le nez long
et mince, pointant au-dessus de la lèvre exsangue. Je pense que
la pantomime s’appelait ; Ah! mes aïeux! Et, de fait, je me fi-
gure la « bobine » que devait faire dans son cadre, rue Margue-
ritte, le noble père, dignitaire du second empire, duc, et grand’-
croix de la Légion d’honneur, en voyant sa fille bien aimée
s’exhiber sur les planches d’un music-hall.

Alors Yssim lutta, à main plate, avec une bohémienne, peu
vêtue, tandis que, de tous côtés, dans la salle, les cris partaient :
« Vas-y, ma vieille Yssim! Prends-la! Mais prends-la donc! »
Décidément, l’amoureux était bien plus amusant que Footit, en
marquise sereine-Yssim. Et quant la bohémienne partit — pour
retrouver le système Polaire, peut-être — Yssim s’affala en san-

ÉCIIOS MONDAIN

Dédié à M. Antide Boyer,

— C’est pas
davantage...

_ — Oui, mais
d’être avec moi.

parce que tu auras des moustaches que je t’aimerai
au moins, quand je sortirai avec toi, t’auras pas l’air

• Connaissez vous cette définition de la femme du monde?.
La cocotte du pauvre...

glotant; et toute la salle, dans un touchant élan de solidarité
sympathique, s’associa à cette douleur, en poussant des cris et
des gémissements. Ce fut vraiment très drôle, et il n’y eut, pour
siffler dans la salle, que les derniers représentants de la corrup-
tion impériale.

—- C’est égal, disait en sortant Mme Sylviac écœurée, faut-il
que nous soyons poires!

— Tu parles, répondit Max Dearly.

Et, en s’exprimant ainsi, ces deux spirituels artistes s'entraî-
naient pour la Comédie-Française, car voici les expressions que
nous avons entendues dans Poliche, la dernière pièce de
M. Bataille qui faillit en amener une entre les puristes abon-
nés du mardi ; « La barbe! T en as un culot. Pas de chichis!
Andouille ! Je suis éreinté. Poil au nez. Je suis ravi. Poil au
sourcil. Jai un béguin. Te bile pas. Sale rosse! » etc.

J’en passe, et des meilleures, comme aurait inscrit, en devise,
Marie Mancini, sous un blason où figuraient des langues sur
champ de gueules.

Ce qui n’empêche pas la confession de Poliche à son ami
Boudier, et le couplet du manchon d’être les choses les plus
délicates qu’on ait jamais écrites pour le théâtre. Jadis, déjà,
« le Monsieur « d'Henriette Maréchal, avait soulevé dans la mai-
son de Molière de semblables tempêtes, lors de ses pittoresques
apostrophes au bal de l’Opéra, mais alors on était sous l’Empire,
avec ce laisser-aller et ce manque de tenue, monopole, paraît-il,
des vieux marcheurs aux époques monarchiques.

Ils étaient tous là, l’autre soir, chez Réjane, donnant avec
attendrissement leur pardessus à des ouvreuses presque jolies
aussi, vêtues de robes zinzolin, et coiffées à la Gismonda, avec
de grosses touffes de fleurs dans les cheveux, puis encore le
vers de M. de Montesquiou :

Le paradoxe bleu du fol hortensia.

Et, ravis, de leurs yeux encore brillants sous le monocle,
fringants, très droits, blanchis sous le harnais, ils regardaient
ce salon des Tuileries, avec les cent-gardes, les chambellans,
les écuyers, les officiers d’ordonnance, les belles dames en cri-
noline, et en boucles, ce bal de Mabille égayé par le concours
de Rigolboche et d’Alice la Provençale; et ils évoquaient cette
« Bacchanale » à laquelle notre ami Maurice Lefèvre consacre
une si étincelante conférence.

S’il faut en croire les survivants, si nous évoquons les échos
des cris de plaisir pris et des évohé qui nous arrivaient par des-
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