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Le rire: journal humoristique — N.S. 1907 (Nr. 206-256)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16984#0026
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DEUX HOMMES DE COEUR

Ce soir-là, en revenant de prendre son apéritif, enjeu de la
manille qu’il avait accoutumé de faire chaque jour, M. Eusébe
Cornenvrac connut à un signe infaillible qu’il était cocu.

Comme il ouvrait, sans frapper, la porte de la chambre conju-
gale, il aperçut sa femme dans les bras de son meilleur ami.

Devant ce tableau particulièrement vivant, son sang ne fît
qu’un tour, un tout petit tour fort heureusement, parce qu’il
pleuvait et qu’il ne faisait pas bon se promener. Son sang une
fois revenu, ne sachant quelle contenance tenir et comme les
deux amants atterrés —si tant est que l’on puisse ainsi qualifier
l’attitude de gens qui se trouvaient au septième ciel — faisaient
timidement mine de se lever, il leur dit simplement d'une voix
un peu plus voilée que ne l’étaient alors nos deux tourtereaux :

— Restez donc couverts, je vous en prie.

Puis il se retira doucement, la tète basse... pour ne pas rayer
le plafond.

Le soir même, avant de se mettre à table, il envoyait la femme
de chambre chercher les deux complices et, solennellement,
après une paternelle mercuriale, il leur pardonnait.

L’ami coupable fut tellement touché de cette rare magnanimité
et de,cette grandeur d’âme peu commune, qu’il résolut de donner
au témoignage de sa reconnaissance et de son admiration un
faste particulier.

Les solides principes de son éducation antilaïque,qui l'avaient
déjà conduit à profiter des charmes de Mme Eusèbe Cornenvrac,
pour la principale raison qu’elle était mariée et que l’œuvre de
chair ne doit s’accomplir qu’en mariage seulement, le guidèrent
encore dans le choix de l’amende honorable éclatante qu’il
méditait.

Un beau soir ou un vilain soir, à votre choix, profitant de ce
qu’une période électorale quelconque battait son plein, il con-
voqua, dans la salle des fêtes de son arrondissement tout le ban
et l’arrière-ban des électeurs parisiens sous le fallacieux pré-
texte de faire des révélations de la plus haute importance sur la
politique extérieure, le péril jaune, la menace noire et le mal
Liane, ce dernier caractérisé par l’icônerie des Russes.

A l’heure fixée, devant une assistance considérable que prési-
dait Eusébe Cornenvrac, il monta à la tribune et parla en ces
termes :

Un tonnerre d’applaudissements accueillit cette déclaration.
Mais comme M. Cornenvrac n’aimait point la réclame, surtout
quand il s’agissait de rendre hommage à sa grandeur d’âme, au
sortir de la. réunion, il tint ce discours à son ami :

— Mon cher, tu connais mes sentiments à ton égard. Je te
suis fort reconaissant de ta contrition, mais je préférerais que
tu n’allasses pas proclamer partout mes malheurs conjugaux.
Ton caractère franc et loyal te contraint à agir de la sorte. Je
t’en félicite. Aussi pour éviter à l’avenir pareille confession, j’ai
pris une grande résolution : à partir de demain tu recommen-
ceras à me remplacer auprès de ma femme. Je ne dirai plus
rien. Rends-moi ce service, notre amitié t’interdit de me le
refuser.

Et Al. Eusèbe Cornenvrac ne rentre plus à l’improviste.

Tarnemo-Mortane.

— Papa vous rappelle qu’il faut que vous fassiez porter ses caleçons
je flanelle par votre ouvrière. Pessin de Caiu.ègle.

— Mais, enfin, comment voulez-vous que nous empêchions les crimes
en wagon?

— C’est bien simple, faites des compartiments réservés aux assassins.

« Mes chers concitoyens, alors que la France n’était plus
encore tout à fait la Gaule, mais n’était pas encore tout à fait la
France, de nombreux seigneurs, des rois mêmes, après avoir
commis une grande faute, se plurent, en manière de purification,
à la confesser publiquement. La France, aujourd'hui, est tout à
fait la France, je ne suis pas un seigneur, je ne‘suis pas un roi :
néanmoins, j’ai commis une grande faute et pour me punir,
pour me mortifier, je veux la confesser publiquement.

Considérez, citoyens, cet homme éminent qui vous préside :
il possède toutes les vertus. Vous le connaissez d’ailleurs tous
cet Eusèbe Cornenvrac depuis tant de longues années qu’il
honore votre quartier de sa chère présence. Eli bien! citoyens,
cet honnête homme, moi son plus intime ami, moi à qui il
révélait le tréfonds de sa plus secrète pensée, lâchement, je l’ai
fait cocu. Oui, citoyens, ce noble front est couvert d’andouillers,
ce noble cœur a été trahi, ce noble électeur est cocu !

J’ai tondu de son pré... Vous connaissez le reste... Quand il
s’en aperçut, il était trop tard’depuis bientôt trois ans : scrupu-
leux observateur de la loi sociale qui protège la vie humaine, de
la loi pénale qui défend le duel, de la loi religieuse qui ordonne
l’indissolubilité du nœud matrimonial, il n’a pas tué, il n’a pas
provoqué, il n’a pas divorcé : non, Messieurs, il a pardonné !

Eusèbe, tu es un héros : je te devais une réparation d’autant
jilus exceptionnelle que tu n’exigeais rien : je viens d’acquitter
ma dette en m’infligeant la honte particulièrement pénible de
l’aveu public de ma faute! »
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Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
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Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

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Bildunterschrift:

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Carlègle, Charles Émile
Entstehungsdatum
um 1907
Entstehungsdatum (normiert)
1902 - 1912
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Alle Rechte vorbehalten - Freier Zugang
Creditline
Le rire, N.S. 1907, No. 207 (19 Janvier 1907), S. Aaz
 
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