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Le rire: journal humoristique — N.S. 1907 (Nr. 206-256)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16984#0028
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POUR DES LÉGUMES

— Madame a ses vapeurs...

— A merveille! Annoncez-lui un passager de première classe. Dessin de Baker

Un prince, qui pour les beaux yeux d’une
danseuse a renoncé à son rang, à son titre et a
tous les avantages y attachés, est sur le point
de renoncer à cette ballerine, maintenant sa
femme, parce qu’elle est devenue végétarienne
enragee et se soumet à un régime ascétique
contre lequel son mari proteste vainement, à
tel point qu’il a été question de séparation.

'(Les journaux.)

Evidemment, cette nouvelle a dû faire
sourire plus d’un lecteur.

Les uns, incrédules, ont levé les épaules,
pensant :

— C’est un canard! Ces sacrés jour-
nalistes, à court de copie, ne savent qu’in-
venter pour noircir du beau papier blanc.

Les autres, plus confiants, ont simple-
ment fait :

— Cet ex-archiduc d’Autriche ("car il s’a-
git de M. Léopold Woelfling, frère de l’ex-
princesse royale de Saxe, qui, n’étant plus
prince, s’est fait Suisse)nous Berne! Faut-
il tout de même qu’il ait un sale caractère
pour se séparer de sa douce compagne uni-
quement parce qu’elle ne veut pas être
ca rnivore

Eh bien!! ceux-ci et ceux-là ont le plus
grand tort de douter ou de blâmer. Le fait
est patent, même épatant. On peut m’en
croire sur parole, car, j’ai eu la bonne for-
tune de vivre pendant quelque temps dans
l’intimité étroite (mon Dieu! qu’elle était
donc étroite) du couple princier mais ma-
boul.

Oui, moi qui vous écris, j'ai été témoin,
triste témoin, de scènes pénibles éclatant
sans cesse dans ce ménage jadis si uni!

Mme Woelfling, qui a été danseuse dans
les Cours étrangères, était devenue en ces
derniers mois réellement insupportable.

Tout ce que mon amitié me dictait pour
calmer le prince fut inutile.

J’avais beau lui dire :

— Léopold,fîclie-lui un marron...un pain...
ça la nourrira et nous aurons la paix.

Il n’a rien voulu savoir!

Le ménage était un enfer.

Ainsi, pour vous donner une idée, une
pâle idée, des conversations échangées en-
tre les deux époux désunis, je vais vous ci-

ter de courts fragments de leurs entretiens.

D'abord, à l’encontre des personnes de
son sexe, M’ame Woelfling est peu bavarde !
C’est peut-être à son régime alimentaire
qu’il faut attribuer son silence.

Pour elle, rien n’existe que le légume.

Si elle avait chatouillé la Muse, elle au-
rait pu s’écrier :

...native de Soissons,

J’aime les haricots qui produisent des sons.
Mais citons, citons :

lui. — Je t’assure, ma chérie, que je vais
au cercle.

elle. — Tu me la fais à l’oseille.
lui. — Tu sais bien que je te suis fidèle.
Je n’ai pas un cœur...
elle. — D’artichaut.
lui. — Tu comprends que si je peux ga-
gner...

elle. — Ça mettra du beurre dans nos
épinards.

lui. — Comme tu es peu tendre avec moi !
elle. — Tu voudrais peut-être que je t’ap-
pelle : mon chou!

lui. — Allons, ne te monte pas!... te voilà
r’éjà rouge comme...
elle. — Une tomate.
lui. — Pourquoi as-tu mis cette voilette?
elle. — Parce qu’elle a des petits pois.
lui. — Décidément, il faudra que je
change de cordonnier; ces dernières bot-
tines me donneront...
elle. —- Des oignons.
lui. — Eh bien, as-tu décidé l’instrument
que nous ferons apprendre à notre fils?
elle. — Le flageolet.
lui. — D’ailleurs, nous avons le temps.
Encore au berceau, il n’a même pas sur la
tète...

elle. — De cresson.

lui. — Allons, je m’en vais et rentrerai
de bonne heure.

elle. — Ne me fais pas faire le poireau.
lui. — Ne m’attends pas, couche-toi.
elle. — Certes! le temps de dire un ave.
Ma pudeur bien connue m’interdit de
vous dire ce qu’elle appelait, à certains
moments d intimité douce, une asperge!...
J’aime mieux m’arrêter net... Salsifis
comme ça!

Félix Galipaux.

Dessin de Mil.
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