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Le rire: journal humoristique — N.S. 1907 (Nr. 206-256)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16984#0042
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UNE GAFFE

Zôphirin Boissec a fait, l’autre jour, une
jolie gaffe.

Il était invité à un bal chez les Durand —
des bourgeois très collet-monté, dont la
demoiselle est à marier.

Il arriva à neuf heures, frisé, pommadé,
vHu d’un frac impeccable.

Après avoir été saluer le maître et la
maîtresse de la maison, notre Boissec n’eut
rien de plus pressé que d’aller faire une
station prolongée au buffet, où il avala
force verres de punch, histoire de se don-
ner des jambes. En rentrant dans le bal, il
était fort gai, et voyait lQxistence en rose
— il la voyait même double. Comme l’or-
chestre attaquait une valse, il s’empressa
d’aller inviter M11' Durand.

Ce fut au cours de cette valse que se
produisit la fâcheuse gaffe.

La jeune fille, tout en dansant, tenait à
la main un fin mouchoir qui voltigeait de
droite et de gauche. Boissec, baissant les
yeux par hasard, aperçut ce linge blanc
devant lui. Aussitôt ne s’imagine-t-il pas?...
Non, je vous le donne en mille... Que
c’était un coin du pan de sa chemise qui
sortait incongrûment!... Médusé, pâlissant
et rougissant tour à tour, l’infortuné se
dit :

— Quel oubli!... Mais ça dépasse beau-
coup !... Oh !!!... j’ai l’air de ces petits
polissons qui se rendent à l’école !... Jesuis
d’une inconvenance!...

Et il ne voit plus qu’un moyen de sauver

— Il bêche tout le temps ma femme.

— Probablement, parce qu’il l’a cultive.

la situation, c’est de remettre les choses
en l’état avant qu’on ne se soit aperçu de
rien. Sans hésiter, tout en valsant, il ren-
ferme éperdument dans son inexpressible...

Dessin de Fabiano.

La pauvre ieune fille, abasourdie, inter-
dite, stupéfaite, ne put que balbutier fai-
blement en essayant de retenir la batiste •

— Mais, monsieur!...

— Oui, mademoiselle, interrompit avec
volubilité l’ineffable Zéphirin, tout en re-
foulant le mouchoir vigoureusement, cette
valse est charmante... charmante... Oh! la
valse! (A part.) Il y a encore un coin qui
passe!... (Haut.) J’adore la valse!... Mais
il fait bien chaud, mademoiselle... bien
chaud... bien chaud.

Ouf!!! Cette fois, le mouchoir avait com-
plètement disparu.

La valse finie, la jeune fille regagna sa
place.

— Qu'as-tu fait de ton mouchoir? lui de-
manda sa mère.

Mllc Durand rougit comme une pivoine .

— Maman, soupira-t-elle en baissant les
yeux, c’est M. Boissec...

— Tu lui as donné ton mouchoir?

— Il l’a pris...

— Pour le mettre sur son cœur, dit la
mère radoucie. C’est du dernier galant.

— Oh! non pas sur son cœur! gémit la
jeune fille, dans...

Et elle se pencha à l’oreille de sa mère
pour achever sa confidence.

Mme Durand bondit vers son mari :

— Eusébe, lui souffla-t-elle, tu vas me
mettre à la porte ce M. Boissec... C’est un
pick-pocket doublé d’un satyre!

Jules Demoi.liens.

le mouchoir de MUe Durand.

Voilà une petite propriété comme il nous en faudrait une sur nos vieux jours...

Dessin de Fontanez.
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