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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1907 (Nr. 206-256)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16984#0275
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LES POTINS DE PARIS

Par SNOB

Le maire d’Orléans a pu se rendre compte qu’il est beaucoup
plus difficile d’organiser une fête de Jeanne d’Arc qu’une caval-
cade de mi-carème. Pour la reine des reines, ça va tout seul ;
le carreau du Temple marche après le lavoir des Carmes, et le
char de l’alimentation — pauvre alimentation! — précède celui
du Moulin-Rouge. M. Marguery sait ce qu’il a à faire.

Mais, pour Jeanne d’Arc, il y a la question du clergé, la ques-
tion des fonctionnaires, la question de la franc-maçonnerie (ne
pas oublier la cédille, de grâce!). C’est très compliqué, une pro-
cession boiteuse :

Il faut la voir, le long de la rivière,

Curés par devant, maçons par derrière.

Le clergé sera-t-il en chasuble, et la loge X arborera-t-elle ses
tabliers, alors que tant de limonadiers sont occupés à rendre le

Une autre faillite serait, paraît-il, celle des femmes-cochères.
Une d’entre elles aurait déjà abandonné la profession pour rai-
son de santé. Chut! Ce n’est pas que les recettes soient mau-
vaises; mais, il paraît que la position assise convient moins à la
femme que la position couchée. Les raisons restent, d’ailleurs,
assez mystérieuses. Il y a là une matière très délicate que les
médecins seuls auront le droit de traiter, avec la collaboration
d’Edouard VII qui connaît si bien la question. Les affaires sont
les affaires. Au fait, c’est peut-être pour ça que cet aimable mo-
narque est encore venu à Paris. Il pourrait dire, comme Térence :

— Je suis Anglais, et rien de ce qui concerne les Anglais ne
m’est étranger.

Nous regretterons les femmes cochéres; cette conquête du fé-
minisme étant moins inquiétante que bien d’autres, et mieux
vaut véhiculer un client que d’écraser un lecteur sous des
alexandrins, comme M"10 Mathieu de Noailles, en profitant d’un
éblouissement.

Il y a des dames, comme miss Helena Hull, qui font partie de
VHumane Society; ce n’est pas, je m'empresse de le déclarer,
une association où l’on recherche la société des hommes, mais

I.A FLECHE DU PARTIIE.

— Sûr, que j’serais pas entrée ici, si j’aurais su qu’Madame était antimilitariste !!!..

leur? En attendant les moustaches poussent sur leurs lèvres,
comme une frondaison imprévue du printemps, et les patrons
repoussent les prétentions des plongeurs. Ils plongeraient plu-
tôt, eux-mêmes et, au besoin, s’enrôleraient dans l’escadron des
plongeurs à cheval, chantés par Hervé. Je parle de celui qui
était drôle.

Et c’est au moment où chacun réclame le droit à la barbe qüe
les coiffeurs augmentent leurs prix! Ils ne savent donc pas, les
imprudents, qu’on vient de trouver, à Londres, le moyen de se
raser avec n’importe quoi, et sans aucun danger de coupure. Un
chimiste a inventé une pommade avec laquelle on s’enduit les
joues consciencieusement. On conserve cette pommade, pendant
quelques minutes, ou quelques semaines, si l’on n’est,pas pressé,
puis, en se grattant le menton avec n’importe quoi, une carte de
visite, un discours du citoyen Protat, une cuillère à soupe, la
barbe tombe, le client reste, et le coiffeur s’évanouit.

Autrefois, les barbiers de village vous demandaient si vous
vouliez être rasés au pouce ou à la cuillère; au pouce, ils vous
entraient leurs doigts dans la bouche pour téndreja peau ; mais,
certains raffinés — je les comprends — préféraient une cuillère.
Aujourd’hui, la cuillère remplacera le rasoir, et dans ces nou-
velles conditions, un enfant de cinq ans pourrait se raser sans
danger. C’est tout simplement la faillite des raseurs, et après
celle cuillère, les coiffeurs .n’ont plus qu’à mettre les pouces.

une ligue pour assurer le bonheur de l’humanité souffrante.
Brave miss Helena! Ainsi, elle propose que l'on administre aux
malades condamnés par la science un poison violent, et que ce
poison soit en même temps un anesthésique, afin que les incu-
rables s’en aillent endormis,, avec le souriré sur les lèvres mi-
closes.

Elle propose également que l’on installe, dans, les wagons, des
boîtes contenant des échantillons variés de toxiques. En cas
d’accidents de chemin de fer — et l'on sait s’ils sont fréquents!
— on éviterait aux personnes blessées mortellement des souf-
frances inutiles, à condition toutefois que le télescopage ait res-
pecté les petites fioles de cristal.

Une autre féministe, Mme Tolten,.dë Washington, se montre
encore plus humaine: elle demande que les employés de che-
min de fer aient le droit de brûler la.cervelle aux victimes, afin
d’abréger leurs souffrances. Et allez donc! C’est pas mon père!
Pif! paf! pouf! Ces Américaines protègent l’humanité d’une fa-
çon très spéciale; vraiment, mesdames, vous nous aimez trop!
Gardez vos poisons et vos lleurs.. N'en jetez plus, là cour est
pleine.

*

* *

Préférez-vous les fleurs de rhétorique? La semaine dernière
les boulangers nous dotaient d’une nouvelle Marseillaise ; cette
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