Pas un muscle de l’assyrien visage ne
tressaillit. L’auteur gai continue à pom-
per, muet, la nicotine. Furieux, le mon-
sieur, à la suivante statiop, appela sur
le quai un employé galonné et déposa
sa plainte contre.le fumeur impassible.
- Qu’avez-vous à répondre à cela?
interrogea l’homme galonné, s’adres-
sant à Trisart.
— Que monsieur ne devrait pas faire
tant le malin, car qui « donne la leçon
doit l'exemple », a dit un philosophe
grec !
— Ce qui signifie?...
— Ce qui signifie qu’au lieu de me re-
procher mon humble bouffarde, vous
feriez mieux de demander à ce mon-
sieur, pourquoi il voyage en première
classe avec un billet de seconde!...
Le client d’en face dut exhiber son
ticket. De seconde, en effet! Violem-
ment expulsé du wagon, il se vit oc-
troyer une petite amende par-dessus le
marché.
Et Bernand-Trisart alluma une troi-
sième pipe, la joie dans l’âme.
— Comment, lui demanda un ami
auquel il contait cette anecdote, com-
ment savais-tu que ton raseur avait un
ticket de seconde?...
— Parce que ce ticket dépassait de sa
poche et qu'il était de la même eouleur
que le mien! répondit l’humoriste avec
une monumentale simplicité...
Hugues Delorme.
— Trente-six sous! Si vous croyèz que c’est trop pour élever toute
une famille... à la force du poignet ! Dessin d’EsQuivs.
LE GÊNEUR CONFONDU
Romancier et dramaturge, Bernand-Trisart n’est point
célèbre seulement par son observation goguenarde, méticu-
leuse et désenchantée de nos plus menus ridiéules. Son
décor physique contribue aussi à le rendre populaire : on
cite volontiers sa barbe de luisant ébène; ses veux, aux pau-
pières lourdes, l’harmonieuse mélancolie de sa, diction
nasale. Quant à son ventre de bourgeois pacifique, les famé-
liques confrères le contemplent avec envie : il est, pour eux,
le symbole de la prospérité commerciale. Et, de fait, les
affaires vont bien ... Chaque jour Bernand quitte son domicile
de la rue Caran-d’Ache pour s’enquérir des recettes dans les
trois théâtres où il est joué; puis il repart, frottant ses
paumes, à l’allure modérée de sa limousine 18-24. Car il est
homme de sports, ainsi qu’il sied. ,
Or, un jour de ce dernier octobre, notre auteur ayant
prêté son auto à l’une de ses interprètes, Centrait vulgaire-
ment chez lui par un train de banlieue; Dans' Dr prerriière
classe où il s’installa, se trouvait un seul voyageur, maupi-
teux et déplaisant vieillard, qui, lorsque Trisart eut tiré deux
bouffées de sa bonne pipe en bois en bois de BouLogne), lui
hurla : » Ce n’est pas le compartiment des fumeurs! Votre
pipe me gène... Je vous somme de l’étéindré. »
tressaillit. L’auteur gai continue à pom-
per, muet, la nicotine. Furieux, le mon-
sieur, à la suivante statiop, appela sur
le quai un employé galonné et déposa
sa plainte contre.le fumeur impassible.
- Qu’avez-vous à répondre à cela?
interrogea l’homme galonné, s’adres-
sant à Trisart.
— Que monsieur ne devrait pas faire
tant le malin, car qui « donne la leçon
doit l'exemple », a dit un philosophe
grec !
— Ce qui signifie?...
— Ce qui signifie qu’au lieu de me re-
procher mon humble bouffarde, vous
feriez mieux de demander à ce mon-
sieur, pourquoi il voyage en première
classe avec un billet de seconde!...
Le client d’en face dut exhiber son
ticket. De seconde, en effet! Violem-
ment expulsé du wagon, il se vit oc-
troyer une petite amende par-dessus le
marché.
Et Bernand-Trisart alluma une troi-
sième pipe, la joie dans l’âme.
— Comment, lui demanda un ami
auquel il contait cette anecdote, com-
ment savais-tu que ton raseur avait un
ticket de seconde?...
— Parce que ce ticket dépassait de sa
poche et qu'il était de la même eouleur
que le mien! répondit l’humoriste avec
une monumentale simplicité...
Hugues Delorme.
— Trente-six sous! Si vous croyèz que c’est trop pour élever toute
une famille... à la force du poignet ! Dessin d’EsQuivs.
LE GÊNEUR CONFONDU
Romancier et dramaturge, Bernand-Trisart n’est point
célèbre seulement par son observation goguenarde, méticu-
leuse et désenchantée de nos plus menus ridiéules. Son
décor physique contribue aussi à le rendre populaire : on
cite volontiers sa barbe de luisant ébène; ses veux, aux pau-
pières lourdes, l’harmonieuse mélancolie de sa, diction
nasale. Quant à son ventre de bourgeois pacifique, les famé-
liques confrères le contemplent avec envie : il est, pour eux,
le symbole de la prospérité commerciale. Et, de fait, les
affaires vont bien ... Chaque jour Bernand quitte son domicile
de la rue Caran-d’Ache pour s’enquérir des recettes dans les
trois théâtres où il est joué; puis il repart, frottant ses
paumes, à l’allure modérée de sa limousine 18-24. Car il est
homme de sports, ainsi qu’il sied. ,
Or, un jour de ce dernier octobre, notre auteur ayant
prêté son auto à l’une de ses interprètes, Centrait vulgaire-
ment chez lui par un train de banlieue; Dans' Dr prerriière
classe où il s’installa, se trouvait un seul voyageur, maupi-
teux et déplaisant vieillard, qui, lorsque Trisart eut tiré deux
bouffées de sa bonne pipe en bois en bois de BouLogne), lui
hurla : » Ce n’est pas le compartiment des fumeurs! Votre
pipe me gène... Je vous somme de l’étéindré. »
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
– Trente-six sous! Si vous croyez que c’est trop pour élever toute une famille…à la force du poignet!: – Voilà déjà trois fois qu’on se raccomode depuis ce matin…C’est éreintant!
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1907
Entstehungsdatum (normiert)
1902 - 1912
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1907, No. 249 (9 Novembre 1907), S. Bat
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg