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Le rire: journal humoristique — N.S. 1907 (Nr. 206-256)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16984#0824
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METTEZ VOTRE PANTALON

OU L’ORGUEIL DU MARI

Riflot, qui était un farceur, embrassa ten-
drement un soir sa gentille épouse, lui
déclara qu'il partait pour Amiens, par le
train de huit heures quarante quatre, prit un
fiacre pour la gare du Nord et se lit arrêter,
en route, devant un music-hall à l'intérieur
duquel il put applaudir au génie comique
de M. Dranem et à la voix de rossignol de
M“ie Anna Thibaud.

A minuit, le spectacle étant terminé, il
s’achemina vers sa demeure en souriant.
Il songeait :

« Ce que Lucienne va être épatée en me
voyant revenir? Je vais lui faire une frousse
de tous les diables. Ce sera tordant. »

Parvenu à destination, il gravit gaillarde-
ment ses cinq étages et sonna à la porte
de son appartement. Une voix —la voix de
Lucienne — au bout de quelques minutes
interrogea :

— Qui est là?

— Une dépêche, répondit Riflot, en dé-
guisant habilement sa voix.

— C’es bien. On vous ouvre.

La porte s’ouvrit et un jeune homme, très
rouge et dépeigné, en chemise, apparut.

— Donnez la dépêche, ordonna-t-il.

Riflot, et pour cause, ne la donna pas.

Mais, tranquillement, il pénétra dans le
corridor et dit avec une grande douceur :

— Veuillez m’excuser, monsieur. Je
m’appelle Eugène Riflot. Je suis chef de
bureau à la Compagnie Parisienne du Gaz,
Officier d'academie, républicain radical et
locataire de ce mudeste petit appartement
où j'ai, ce soir, la bonne fortune et la sur-
prise de vous rencontrer, en une tenue un
peu succincte. Vous seriez bien gentil de
mettre un pantalon. »

Il achevait ces mots aimables quand
Lucienne arriva. Elle ne fît que pousser un
grand cri : «Ah! mon Dieu! » et s effondra
en proie à une violente crise de nerfs.
Elle se griffait les joues avec les ongles,
se tirait les cheveux, se tordait comme
une anguille et réduisait en lambeaux
les dentelles roses de son peignoir.

Tremblant de frayeur et plein d'incerti-
tude sur son avenir immédiat, le jeune
homme se tenait immobile et contemplait
avec désespoir cette scène infiniment re-
grettable. Enfin, dans un grand effort de
volonté et d’un ton tragique, il déclara :

— Monsieur Riflot, je suis à vos or-
dres!

— En ce cas, je vous le répète, ré-
pondit Riflot, Veuillez mettre votre pan-
talon ».

Le jeune homme, obéissant, pénétra dans
la chambre à coucher, mit son pantalon,
ajusta ses bretelles et acheva de se rha-
biller.

Riflot, cependant, avait pris Lucienne
dans ses bras et l’avait portée sur le lit.
Les cheveux en désordre, la figure toute
égratignée, le peignoir en loques, elle gé-
missait avec désespoir et de temps en
temps demandait pardon à sa mère, à son
pauvre père, à sa petite sœur Léontine, à
son bon Riflot et prenait le ciel à témoin
de son indignité. Riflot, sans rancune,
l’admirait : elle était rose. Le plaisir dé-
fendu, puis l’émotion extrême lui avaient
cerné les yeux qu’elle avait profonds et
humides. Sa jolie poitrine toute palpitante

— J’ai gagné, hier, dix louis aux courses...

— En allant ou en revenant?

apparaissait, tendre et douce, à travers les
déchirures de la chemise.

Riflot constata avec fierté qu’il avait,
vraiment, une jolie femme.

Il passa en revue, d’une pensée rapide,
toutes les épouses de ses collègues de la
Compagnie Parisienne du Gaz.

Ce n’était bien sûr, pas Tripou, qui
pouvait être cocu avec son grand gendarme
de moitié, ni Molardot, dont la compagne
était contrefaite, ni Cruchon... Ah! Cru-
chon...

Riflot ne put s’empêcher de sourire en
songeant à Mme Cruchon qui était borgne,
n’avait plus de dents et portait toujours
des toilettes extravagantes, des robes jaune
serin et des corsages bleu ciel.

Attendri par ses réconfortantes réflexions,

Dessin de Fabiàno.

Riflot se pencha sur Lucienne. Elle eut
alors un sursaut nerveux, fit un bond sur
le lit et retomba, le peignoir écarté, toute
nue.

La gorge houleuse, les seins tendus, les
hanches pleines, elle était frémissante et
suave. Riflot, en extase devant elle, se sen-
tait pénétré d’un orgueil immense et d’une
mansuétude infinie.

Alors, débordant de fierté, l’âme céleste,
il appela le jeune homme qui dans un coin
de la chambre, se tenait raide et muet,
dans l’attente résignée de quelque châti-
ment furieux, le fit approcher du lit et lui
dit avec attendrissement ;

— N’est-ce pas, mon ami, que j’ai tout
de môme une chic femme!

Maurice Prax

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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
- J'ai gagné, hier, dix louis aux courses... - En allant ou en revenant?
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Le rire: journal humoristique
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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Fabiano, Fabien
Entstehungsdatum
um 1907
Entstehungsdatum (normiert)
1902 - 1912
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Alle Rechte vorbehalten - Freier Zugang
Creditline
Le rire, N.S. 1907, No. 205 (5 Janvier 1907), S. Bfr
 
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