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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0007
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premier janvier. — Comme le temps passe, tout de même! Voilà un type que je ne connaissais pas hier soir, et nous sommes déjà ensemble
depuis l’année dernière.

LES POTINS DE PARIS

par SNOB

L’affaire Linkenheit nous a prouvé que nous avions p^ut-être
tort de reprocher à l’Allemagne ses mauvaises mœurs ; de l’autre
côté du Rhin, les accusés sur la sellette s’appellent prince d’Eu-
lenbourg, comte de Linar, Kuno, Hohenau, etc. ; chez nous, ils
répondent aux noms pittoresques de « ’Julot», « Jujube », « Petit
Pointu », « Edouard la Tranche », « Casse-Noisette », etc. Ce
n’est pas plus moral, mais c’est certainement plus discret, et cela
complique passablement le rôle du magistrat instructeur. On
peut trouver facilement le comte de Linar; on sait où il demeure
— les cuirassiers aussi le savent — mais allez donc trouver » Ju-
jube » ou le « Petit Pointu » :

L’hypocrisie est un hommage
Que le Vice rend à la Vertu,

Comme le fait « Petit Pointu ».

En dernier lieu, on nous apprend que la matrone Linkenheit
est Allemande.

Il y aura peut-être des gens pour en ressentir quelque orgueil.
No les troublons pas dans 'cette jouissance patriotique.

A défaut de cette jouissance, mistress Isaac Rice va nous en
procurer d’autres.

Entendons-nous, et gardons-nous de toute supposition égril-
larde. Cette Américaine veut tout simplement nous faire jouir
du silence. Elle est persuadée que le silence ramènera la santé,
la paix et le bonheur dans le monde. Il y a pourtant trois choses
qui caractérisent la vie : la chaleur, le bruit, le mouvement, —■
tandis que le froid, le silence et l’immobilité caractérisent la
mort. Pour le moment, mistress Rice ne nous octroie encore
que le silence, en attendant le reste. C’est déjà quelque chose,
et ce sommeil ouaté dans une ville morte sera, sinon folichon,
du moins reposant. Paris deviendra une petite Bruges, sans
cloches.

Je suis persuadé que MUe Gabrielle Dorziat, la charmante pen-
sionnaire du Vaudeville, apprécierait fort ce nouvel état de
choses. Elle se plaint, en effet, que, dans son appartement du
rond-point des Champs-Elysées, pendant cinq mois, on enten-
dait, dans sa chambre à coucher, de sept heures du matin à
huit'heures du soir, un bruit assourdissant produit par des coups
de marteau donnés contre le mur, un mur derrière lequel — ô
belle Gabrielle! — il se passait peut-être quelque chose. C’était
un trouble de jouissance diurne, mais, pour une comédienne qui
se couche tard, sept heures c’est presque la nuit... et puis il n’y
a pas d’heure pour les braves et les aimées.

Ces coups de marteau provenaient des travaux d’installation

d’une société d’automobiles qui remplaçait un paisible carrossier.
Bref, Mlle Dorziat est tombée malade; une neurasthénie aigue
s’est déclarée, et la gracieuse artiste fut obligée de renoncer à
répéter, chez elle, le Demi-Monde, avec M. Le Bargy, troublé
aussi par ces coups de marteau ajoutés à tant d’autres!

— Ce n’est pas tout, a ajouté Me Georges Dondenne,
dans un beau mouvement oratoire, Mlle Dorziat s’est vue dans
l’obligation de fuir les Champs-Elysées pour aller chercher le
calme et la tranquillité sur les bords du lac Léman. Et cela
coûte cher.

Cela a dû coûter cher; mais était-il nécessaire d’aller si loin?
Il me semble qu’il suffisait de fuir rue de Ponthieu ou avenue
d’Antin. Si toutes les fois qu’une Française éprouve un trouble
de jouissance, elle se croyait obligée de gagner le lac Léman,
la Suisse deviendrait trop petite.

Me Poulain oppose la digue de son éloquence à la digue Don-
denne. Digue Dondenne contre Digue-Dondon :

—- Qu’il me soit permis de ne pas prendre au sérieux la neu-
rasthénie de Mme Gabrielle Dorziat, car, à mon sens, sa neuras-
thénie est comique. D’après les habitudes parisiennes, une
actrice quitte son théâtre à minuit (!?). Ce qui fait qu’à minuit et
demi, elle peut se coucher.

— Mais vous oubliez, mon cher confrère, le démaquillage et le
souper (je crois que l’avocat a encore oublié quelques petites
choses). Tout compte fait (!!), une actrice ne peut pas se reposer
avant deux heures du matin.

» Dormir, rêver peut-être ! » disait Hamlet. Le cas de M,|eDorziat
n’est rien auprès de celui de M. Florent, industriel d’Avignon,
qui, ne tenant pas à danser plus longtemps sur le fameux pont,
a eu l’idée bizarre, pour se reposer, de louera Paris un entresol,
rue Boissy-d’Anglas, au-dessus d’un bar très... parisien. Et,
voici le récit pittoresque fait par M® Massigoux, huissier, chargé
de vérifier ce qui se passe dans ce fameux bar :

A 11 h. 45 du soir, l’orchestre a joué une valse lente. Lorsque
l’orchestre s’est tu, une femme chanta des chansons. A minuit,
nouvelle valse accompagnée par plusieurs voix de femmes. A
minuit sept, on entonna le couplet :

J’aime le petit vin de Bordeaux,

Oh ! oh ! oh ! oh !

Qui fait la nique au malaga,

Ah ! ah ! ah ! ah !

Et tout le monde a repris en chœur : Oh! oh! Ah! ah! (Ce
qu’on devait s’amuser, ma chère!) A minuit dix, une femme a
chanté : « Nous avons tous eu vingt ans >q avec accompagnement
de piano-. A minuit 57, nouvelle chanson. Aune heure dix, explo-
sion de cris joyeux et perçants, comme en poussent les femmes
pincées ou chatouillées. (On avait sans doute invité Caruso.) A
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