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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0008
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LE CADEAU ÉCONOMIQUE
— Tout ça, mes étrennes ? Un carton vide...

— La modiste m’a assuré que c’était un chapeau de théâtre à la
mode de 19U8.

1 h. 20, J’orchestre joua, et le refrain : Aon, je ne marche pas,
fut repris, en chœur, avec accompagnement de coups de talon
sur le plancher. Al h. 25 : le Père la Victoire. Al h. et demie :
Traoajah, la mouquère. A 1 h. et demie, bal et chahut général.

M. Florent ne croyait certainement pas que les Parisiens
dansaient aussi tard. A Avignon, rue des Encans, tout le monde
est décemment couché à neuf heures. Et la tenancière du bar,
menacée d’expulsion comme une simple sœur de l’Hôtel-Dieu,
se rebiffe.

— 1 es inconvénients sont inhérents à ma profession et à ma
clientèle, qui se compose exclusivement de gens chic, de
joyeux viveurs et de sémillantes demi-mondaines. Je paye un
loyer de sept mille francs, et j’ai le droit de faire chez moi ce
que bon me semble.

Dans ces conditions, on ne sait plus de .quel côté est le
trouble de jouissance. Est-ce chez l’Avignonnais qui veut dor-
mir? Est-ce chez la clientèle chic qui veut reprendre en chœur,
avec coups de talon, le petit vin de Malaga? Ah ! ah ! ah ! Je
crois que le président de la sixième chambre sera perplexe.

*

* ■ *

Nous nous consolons de cette vie bruyante et trépidante qui
chagrine si fort mistress Isaac liice, avec la satisfaction de
nous dire que nous vivons dans un siècle unique, ayant
inventé des choses extraordinaires, et, cela flatte notre petite
vanité humaine. Mais la vérité toute nue, c’est que nous n’avons
rien inventé du tout, pas plus la bicyclette qui, sous le nom de
vélocifère, existait déjà sous le Directoire, pas plus les automo-
biles qui datent de Ï645, comme le prouve ce passage d’une
lettre écrite par Guy Patin, le célèbre médecin :

« Il y a ici un Anglais qui fabrique des.carrosses par lesquels
on pourra aller, en une même journée, de Paris à Fontaine-
bleau, sans chevaux, par des ressorts admirables. Cette machine
se prépare dans le Temple. Cela épargnera bien du foin et de
l’avoine. »

Quand on voit à quels services sont obligés les pauvres che-
vaux, on doit se féliciter que la traction mécanique soit substi-
tuée à la traction animale. Dernièrement je passais devant une
caserne d’infanterie, vers deux heures, et je vis sortir une quin-
zaine de chevaux, au poil long, mal pansés, et en piteux état.
Ils étaient montés par de pauvres fantassins, pas équipés pour
ce sport, avec de larges pantalons garance qui remontaient
jusqu’au genou, laissant voir le caleçon de toile et le godillot.
Ce détachement pas brillant était conduit par un caporal qui,
lui, du moins, avait attaché son pantalon avec deux ficelles,
sans doute pour maintenir le prestige du grade. Et la colonne
s’en allait au pas, deux par deux,, les chevaux peu en main

reposant leur tête sur la croupe de ceux qui les précédaient, au
risque de butter, ou de recevoir une ruade. J’appris que c’était
la promenade des chevaux non montés par les officiers, et qu’il
y avait promenade semblable tous les jours. Et je me suis rap-
pelé la plainte mélancolique de certain capitaine obligé à porter
des éperons :

— Ce n’est pas tout de monter en grade. Il faut encore
monter à cheval.

*

*. *

La reprise de la messe de minuit a amené une recrudescence
de réveillons. Religion et charcuterie; dans les restaurants de
nuit la loi du silence a été peu observée, puisque l’homme,
pour se donner l’illusion de la joie, se voit obligé d’être bruyant.
Mais il y a encore de gentils ménages qui préfèrent à cette
gaîté toute de façade, le discret souper dans le boudoir bien
clos. Or, le 24 décembre dernier, un couple marié depuis cinq
ans à peine, se trouvait dans ce cas, et, assis très près l’un de
l’autre, on grignotait des friandises dans la même assiette,
tout en buvant dans le même verre. On gagne la chambre
fanfreluchée, le grand lit profond et voluptueux. Tout à coup,
madame se lève, très agitée :

— J’ai oublié de mettre le « petit Noël »> dans les souliers de bébé.

— Eh bien, dit monsieur, fâché d’être dérangé, tu le lui remet-
tras demain matin.

— Et la légende! et la tradition! Non, non. Je vais le lui
porter immédiatement-

Et entassant les moutons et les polichinelles dans sa chemise
relevée, madame descend dans la chambre de l’enfant où les
petits souliers sont rangés devant un grand feu clair. Bébé dort.
Madame s’accroupit devant la cheminée; les flammes teintent
de nuances roses son petit corps potelé, puis un peu frisson-
nante, elle revient bien vite se blottir dans les bras de son
seigneur et maître.

Le lendemain, bébé paraît soucieux.

— Voyons, dit la maman, n’es-tu pas content de ton polichi-
nelle, de ton mouton?

— Si, mais j’aurais voulu le bonnet àpoil... Je suis sûr d’avoir
vu un bonnet à poil.

Alors la maman rougissant un peu :

— Ah! ça, c’est le petit Noël de ton papa.

*

* *

Savez-vous comment on appelle la comtesse J. de C., née prin-
cesse, et dépourvue de toute simplicité? Elle s’est faire une
petite opération qui lui enlève à tout jamais l’espoir d’être
mère, et ses amies, vraiment offusquées par ses grands airs, l’ont
surnommée :

— Son Altesse Stérilissime. Snob.

SOCIÉTAIRE DE LA COMEDIE-FRANÇAISE
— Un peu étoffé, il me semble ?

— Je ne trouve pas; ça donne bien l’impression que vous venez
d’ètre augmentée d’un douzième et demi. Dessins de Métivet.
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