THÉRAMÈNE ET PHEDRE VEULENT DÉMISSIONNER
•— Eh bien ! puisqu’il en est ainsi.
Qu’on ne nous aime pas dans Phèrde,
Quittons ce Monde où l’on §’en...nuie,
Ne prenons plus Racine ici,
Et secouons tous deux au seuil de cette turne
La poussière de nos cothurnes.
« Nous, juge de paix, parties ouïes (Hein ! « Parties ouïes! »
Essayez donc de dire autant de choses en si peu de mots);
« Attendu que le débat se résume dans la question de savoir
si le corset va ou ne va pas (évidemment); que, pour résoudre
cette question, il faudrait avoir le corset sous les yeux et qu’il
n’est pas rapporté (si la dame l’avait rapporté dans un journal,
elle n’eût pas paru, dans la rue, revenir précisément de chez le
.juge de paix: mais voyons la suite) ; que, le corset fût-il rapporté,
il faudrait l’essayer en notre présence (A la bonne heure!
Voyez-vous le petit dévergondé!), et que, le corset fût-il essayé
en notre présence, pour décider s’il va ou ne va pas, il faudrait
posséder, en cette matière, des aptitudes (!) et des facultés Qü)
qui ne sont pas cle notre ressort {VA', et que nous devons nous
borner à décliner notre compétence ratione materiœ;
« Pour ces motifs, nous déclarons que nous sommes incompé-
tent. »
J’admets parfaitement les scrupules du juge de paix, qui in-
compéteà merveille; mais je dois constater qu’après avoir exigé
une foule de choses plus inconvenantes les unes que les autres,
l’incompétomane finit par déclarer que, même si on les lui ac-
cordait, il incompéterait cependant. Alors, quoi? C’est vraiment
décourageant pour la bonne dame de Tulle, qui pourra, à défaut
de corset, essayer la méthode contre le ventre préconisée par
un grand journal de mode. Voici ce que nous y lisons dans une
lettre adressée par « Liseron Rose» à «Fleur d’hiver» (Chaaaar-
mant!) :
« Commencez à promener, avec le bout des doigts, un effleu-
rage (sic) autour du nombril; puis étendez le cercle, méthodi-
quement, sans précipitation; au bout de cinq minutes, faites le
mouvement en façon de fer à cheval; puis terminez parle pétris-
sage du ventre, en prenant la peau profondément, à deux
mains. »
Que dites-vous de ce morceau à deux mains, et, de cet effleu-
rage en fer à cheval?
Un peut également faire disparaître le pli amer, avec une
pommade, dont « Lolotte » envoie la formule à « Au secours ».
Le pli amer est ce pli qui va du nez à la bouche. Qu’on se le
dise !
*
* *
Il l’avait, sans doute, le «pli amer», M. Gailhard, en remettant
ses pouvoirs le 31 décembre, après vingt-trois ans de règne, cinq
ans de plus que n’ont régné Louis-Philippe et Napoléon III, tan-
dis que Mme Rose Caron — Rosa Vindicatrix — avait le pli
joyeux.
On ne saurait comparer cette cérémonie mélancolique aux
adieux de Fontainebleau, mais, certainement, le bon Pedro toni-
truant est très regretté, car il était très sensible, très juste, et
très au courant de son affaire — chose rare!
Cependant, qu’il nous soit permis de dire que cette remise des
pouvoirs a été entourée d’une solennité inattendue.
M. Gailhard a remis les deux clefs de l’Opéra, non pas aux
nouveaux directeurs, ce qui eût été un peu pénible, mais au
dodu Adrien Bernheim, très attendri devant ces vingt-trois ans
de théâtre. Il y a une clef pour M. Messager, et une clef pour
M. Broussan. 11 n’y a pas de clefs pour M Paul Lagarde.
Et Lagarde qui veille aux barrières du Louvre...
n’aura pas la clef de ces barrières. Pourquoi?
Maintenant, quelle est cette clef? La clef de l’Opéra? On reste
songeur. Est-ce une clef de sol? Est-ce la clef de la grille du
boulevard Haussmann, grille toujours ouverte? Est-ce la clef des
coulisses, la clef des chœurs, la clef de la caisse, la clef de cer-
tain retiro où M. Gailhard, lui-mème, se rendait à pied? C’est
peut-être la clef des « chants ».
Ce n’estque deux jours après que M. Bernheim a remis ces deux
clefs à M. Dujardin-Beaumetz qui les a remises aux nouveaux
directeurs côté Du-jardin. M. Paul Lagarde, qui n’a pas de
clef, a trouvé que c’était le côté court. A partir de ce moment
seulement, MM. Messager et Broussan ont pu entrer par la
porte. Quant à M- Paul Lagarde, qui n’a pas de clef, il entrera,
sans doute, par le balcon, comme Roméo.
Mais ce qu’il y a d’ingénieux dans cette remise de pouvoirs
aussi diplomatique que compliquée, c’est qu’on a évité le contact
des directeurs.
Il y a tact dans contact, et l’on affirme que c’est Mlle Léa Pi-
con, dite Léa Protocole, qui a trouvé ce biais ingénieux, de Ber-
lin à Paris, entre deux sauts de chat.
Dernier écho de la Harden-party :
Le comte de Lynar ne s’appellera plus désormais que Lynar
tout court.
L’empereur, qui l’avait déjà relevé de son commandement —
relevez-vous, Lynar, on croirait que je vous pardonne—vient de
le priver de la particule. Snob.
CHEZ LE LUTHIER
On a colé au violoniste Ysage
un Stradivarius de 75.000 francs.
— C’est moi qui l’ai chipé, je vous le vends quinze louis.
_Vous êtes le trente-troisième malin qui me propose cette opération.
Dessins de Métivet.
•— Eh bien ! puisqu’il en est ainsi.
Qu’on ne nous aime pas dans Phèrde,
Quittons ce Monde où l’on §’en...nuie,
Ne prenons plus Racine ici,
Et secouons tous deux au seuil de cette turne
La poussière de nos cothurnes.
« Nous, juge de paix, parties ouïes (Hein ! « Parties ouïes! »
Essayez donc de dire autant de choses en si peu de mots);
« Attendu que le débat se résume dans la question de savoir
si le corset va ou ne va pas (évidemment); que, pour résoudre
cette question, il faudrait avoir le corset sous les yeux et qu’il
n’est pas rapporté (si la dame l’avait rapporté dans un journal,
elle n’eût pas paru, dans la rue, revenir précisément de chez le
.juge de paix: mais voyons la suite) ; que, le corset fût-il rapporté,
il faudrait l’essayer en notre présence (A la bonne heure!
Voyez-vous le petit dévergondé!), et que, le corset fût-il essayé
en notre présence, pour décider s’il va ou ne va pas, il faudrait
posséder, en cette matière, des aptitudes (!) et des facultés Qü)
qui ne sont pas cle notre ressort {VA', et que nous devons nous
borner à décliner notre compétence ratione materiœ;
« Pour ces motifs, nous déclarons que nous sommes incompé-
tent. »
J’admets parfaitement les scrupules du juge de paix, qui in-
compéteà merveille; mais je dois constater qu’après avoir exigé
une foule de choses plus inconvenantes les unes que les autres,
l’incompétomane finit par déclarer que, même si on les lui ac-
cordait, il incompéterait cependant. Alors, quoi? C’est vraiment
décourageant pour la bonne dame de Tulle, qui pourra, à défaut
de corset, essayer la méthode contre le ventre préconisée par
un grand journal de mode. Voici ce que nous y lisons dans une
lettre adressée par « Liseron Rose» à «Fleur d’hiver» (Chaaaar-
mant!) :
« Commencez à promener, avec le bout des doigts, un effleu-
rage (sic) autour du nombril; puis étendez le cercle, méthodi-
quement, sans précipitation; au bout de cinq minutes, faites le
mouvement en façon de fer à cheval; puis terminez parle pétris-
sage du ventre, en prenant la peau profondément, à deux
mains. »
Que dites-vous de ce morceau à deux mains, et, de cet effleu-
rage en fer à cheval?
Un peut également faire disparaître le pli amer, avec une
pommade, dont « Lolotte » envoie la formule à « Au secours ».
Le pli amer est ce pli qui va du nez à la bouche. Qu’on se le
dise !
*
* *
Il l’avait, sans doute, le «pli amer», M. Gailhard, en remettant
ses pouvoirs le 31 décembre, après vingt-trois ans de règne, cinq
ans de plus que n’ont régné Louis-Philippe et Napoléon III, tan-
dis que Mme Rose Caron — Rosa Vindicatrix — avait le pli
joyeux.
On ne saurait comparer cette cérémonie mélancolique aux
adieux de Fontainebleau, mais, certainement, le bon Pedro toni-
truant est très regretté, car il était très sensible, très juste, et
très au courant de son affaire — chose rare!
Cependant, qu’il nous soit permis de dire que cette remise des
pouvoirs a été entourée d’une solennité inattendue.
M. Gailhard a remis les deux clefs de l’Opéra, non pas aux
nouveaux directeurs, ce qui eût été un peu pénible, mais au
dodu Adrien Bernheim, très attendri devant ces vingt-trois ans
de théâtre. Il y a une clef pour M. Messager, et une clef pour
M. Broussan. 11 n’y a pas de clefs pour M Paul Lagarde.
Et Lagarde qui veille aux barrières du Louvre...
n’aura pas la clef de ces barrières. Pourquoi?
Maintenant, quelle est cette clef? La clef de l’Opéra? On reste
songeur. Est-ce une clef de sol? Est-ce la clef de la grille du
boulevard Haussmann, grille toujours ouverte? Est-ce la clef des
coulisses, la clef des chœurs, la clef de la caisse, la clef de cer-
tain retiro où M. Gailhard, lui-mème, se rendait à pied? C’est
peut-être la clef des « chants ».
Ce n’estque deux jours après que M. Bernheim a remis ces deux
clefs à M. Dujardin-Beaumetz qui les a remises aux nouveaux
directeurs côté Du-jardin. M. Paul Lagarde, qui n’a pas de
clef, a trouvé que c’était le côté court. A partir de ce moment
seulement, MM. Messager et Broussan ont pu entrer par la
porte. Quant à M- Paul Lagarde, qui n’a pas de clef, il entrera,
sans doute, par le balcon, comme Roméo.
Mais ce qu’il y a d’ingénieux dans cette remise de pouvoirs
aussi diplomatique que compliquée, c’est qu’on a évité le contact
des directeurs.
Il y a tact dans contact, et l’on affirme que c’est Mlle Léa Pi-
con, dite Léa Protocole, qui a trouvé ce biais ingénieux, de Ber-
lin à Paris, entre deux sauts de chat.
Dernier écho de la Harden-party :
Le comte de Lynar ne s’appellera plus désormais que Lynar
tout court.
L’empereur, qui l’avait déjà relevé de son commandement —
relevez-vous, Lynar, on croirait que je vous pardonne—vient de
le priver de la particule. Snob.
CHEZ LE LUTHIER
On a colé au violoniste Ysage
un Stradivarius de 75.000 francs.
— C’est moi qui l’ai chipé, je vous le vends quinze louis.
_Vous êtes le trente-troisième malin qui me propose cette opération.
Dessins de Métivet.