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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0039
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APRÈS LA ROULÉE

— J’y ai cassé trois dents, il m’a démantibulé 1’ bras, j’y ai mangé
1’ nez, il m’a poché l’œil, mais on a la satisfaction d’avoir réglé nos af-
faires de famille comme de vrais gentilshommes.

LES POTINS DE PARIS

«< les grelots de la folie » ; mais les nouveaux directeurs de
l’Opéra, gens graves, n'oseront pas, sans doute, ressusciter les
balsd’antan et il faut nous contenter des redoutes — très redou-
tables — organisées par certains établissements de nuit.

Pour tâcher de galvaniser un peu la vieille gaîté française,
on a organisé des défilés allégoriques, des soupers-concerts
des concours de jambes et de gorge. Comme dirait Dominique
Bonnaud :

Ils n’ savent vraiment quoi inventer,

Youp, youp, tarira don dé.

Autrefois, l’on n’allait pas chercher si loin; l’on se rendait
simplement au bal de l’Opéra, dans l’espoir d’y intriguer, d’y
trouver quelques femmes aimables, et, en évoquant les souve-
nirs, de faire avec elles assaut d’indiscrétions et d’épigrammes.
Le diable y trouvait quand même son compte, mais au moins
c’était un plaisir délicat où l’esprit avait autant de part que « la
bête ». Depuis l’ingénieuse invention des confetti et des serpen-
tins, toute conversation est devenue impossible; la salle de bal
se transforme en champ de bataille, et, quand les munitions
viennent à manquer, eh bien, on ramasse tranquillement les
petits ronds maculés tombés à terre, on en prend une bonne
poignée, et on l’envoie en plein dans le nez de son voisin.

Certes, une telle distraction met en joie les petits jeunes gens
à peine sortis du collège; cela leur rappelle les belles luttes
pendant les récréations d’hiver, et je reconnais qu’il est beau-
coup plus facile de lancer une poignée d’ordures que de déco-
cher un bon mot; mais que devient, dans cette bousculade,
l’intrigue ou la galanterie? Aussi l’élément délicat et élégant a
disparu, ne voulant pas se commettre dans cette cohue mal-
propre. Les jours où l’on veut s’encanailler et chercher des sen-
sations nouvelles — ce qui, après tout, est un plaisir comme un
autre — mieux vaut imiter lord Seymour, dit«mylord Arsouillé»,
et aller carrément, en plein peuple, dans les bals de barrière.
Au moins, c’est pittoresque, et l’on n'en sort ni plus fripé, ni
plus poussiéreux.

Ceci a tué cela, et nous le regrettons, car, en somme, rien
n’était charmant comme le mystère du masque, comme ces êtres
énigmatiques qui, emmitouflés de dentelles, vous arrêtaient au
passage et vous murmuraient à l’oreille des détails sur votre vie
privée, détails qui avaient le don — si vous étiez malins — de
vous plonger dans une stupéfaction profonde.

Tout bonheur que la main n’atteint pas n’est qu’un rêve,
a dit le poète. Quant à moi, je pense, au contraire, qu’il y a par-
fois un grand charme à ne pas atteindre complètement, à ne
pas deviner, à ne pas savoir, à ne faire qu’effleurer des incon-
nues qui passent en vous laissant l’émotion, le doute et un par-
fum à pein.e respiré et aussitôt évaporé. Cela a toute la griserie

Par SNOB

On parle beaucoup du fakir de l’avenue Kléber. Ce fakir jouit
de la propriété de pouvoir s'extérioriser, de planer au-dessus
des spectateurs, et de faire pousser, en quelques minutes, dis
plantes dont il a enfoui quelques graines dans la terre. Facul-
tés rares.

Malheureusement le fakir a eu l’idée dangereuse d’inviter à
ses expériences quelques journalistes, gens de peu dsfoi, qui ont
accusé d’imposture le magicien, selon eux simple pr j.s''ldig;tateur
assez maladroit. La robe à ramages qu’il endosse a* servirait
qu’à masquer ses trucs. Où est la vérité?

Moi, je n’ai vu qu’un morceau de vitre, brisé par le fluide
spirite, morceau de verre qui, photographié, a fait apparaître
la tête d’un homme en casquette de chauffeur, avec menton-
nière et oreillettes. Dans ce chauffeur, une dame a immédiate-
ment reconnu son mari mort depuis peu; mais pourquoi cet
esprit avait-il une casquette de chauffeur? Tout cela est bien
étrange, et je suis le premier à reconnaître qu’il ne suffit pas
de ne pas comprendre un phénomène pour le blaguer. Comme
extériorisation, le fakir nous a promis de venir nous faire visite,
sous forme fiuidique, tandis que son vrai corps serait avenue
Kléber. Je vous tiendrai au courant.

Il est malheureux pour le suisse de Noyers (Yonne) qu’il n’ait
pas pu prouver que son apparition en pantalon d’uniforme, en
dehors de l’église, était une simple extériorisation spirite. Le
dimanche nous avons bien souvent vu, sur la place du village,
un paysan qui, sous sa blouse, avait un pantalon à bande d’or.
Nous savions que c’était le suisse qui enlevait bien son habit
"bgodé, mais trouvait plus commode de conserver sa culotte,
pou” les vêpres. Il s’est trouvé un maire pour voir dans cette
culotte une « manifestation individuelle », et un juge pour con-
damnei un aussi dangereux attentat à la paix publique. Le suisse
a été condamné à deux francs d’amende, vingt sous pour avoir
été de son domicile à l’église dans un uniforme « servant à
l’exercice du culte », et vingt sous, pour avoir effectué dans le
même costume le trajet inverse. Franchement pouvait-il ren-
trer sans pantalon? Pendant ce temps Mme Dieulafoy, sans être
inquiétée, se promème déguisée en homme, pendant toute
l’année, et porte la culotte même en dehors du carnaval.
Dieulafoy est pourtant un nom bien clérical. O justice humaine!..

Car nous y sommes en plein carnaval, du moins le calendrier
l’indique jusqu’au 4 mars — et nous aurions le droit d’agiter
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