— Voyons, monsieur de Bellejambe, vous qui êtes un homme du monde, vous pourriez sans doute m’indiquer où je trouverais à louer un habit.
Dessin de Tôt raine.
LA CASERNE ANECDOTIQUE
LA DERNIÈRE TÊTE DE VEAU
Le cantinier du deuxième bataillon du 31® de ligne, résidant
à la caserne de la Pépinière, étant mort récemment, sa femme
fouilla partout pour savoir s’il laissait un testament.
11 en laissait un. Et même, le premier objet légué, c’était sa
femme. 11 la léguait à l’adjudant de bataillon Figonet, et dans
les termes suivants :
« Elle était déjà plus à lui qu’à moi, qu’il la garde donc tout
à fait et qu’il en fasse ses choux gras. »
11 léguait son cheval à un sapeur qui avait fini son temps.
Enfin, il léguait son chien, un magnifique terre-neuve, à l’ad-
judant Becarsort, de la deuxième compagnie, et ce legs était
fait en ces termes :
« Je lègue à Becarsort mon fidèle chien Biquet, persuadé que
je lui fais un cadeau exceptionnel. En effet, Becarsort peut tom-
ber à l’eau quand il voudra, Biquet l’en retirera. »
Lors de la lecture de ce testament, Je soldat Larbicot, garçon
de cantine, se mit à rire.
— Pourquoi ris-tu, pochetée? lui demanda Bécarsort.
— Je ne peux pas vous le dire, m’n adjudant! Mais ce que je
peux dire à mon adjudant, c'est qu’avec Biquet, fectivement,
pas de danger qu’il se noie!... Il est dressé, Biquet, et bien
dressé !...
— Je verrai ça, et dès demain!
Il faut vous dire qu’on était en été. L’adjudant Bécarsort, ac-
compagné de l’adjudant Figonet, se rendait le lendemain à Bil-
lancourt et se déshabillait au bord de la Seine. Et tout en se
déshabillant, il chantait les louanges du cantinier défunt :
— Tout de même, c’était un chouette type, pas vrai, Figonet?...
Il a eu une bonne pensée pour tout le monde, avant de
décéder...
— Oui!... Mais ce que je regrette le plus, en iüi, c’est ses
têtes de veau... Comment faisait-il pour nous donner si souvent
des têtes de veau à la vinaigrette?... Ça coûte encore cher, ça...
— Videmment!... Seulement, il devait savoir acheter. Pour
moi, il les achetait par lots : y perdait peut-être en bloc, mais
y gagnait sur la quantité... Le commerce, tu sais, ça ne s’ap-
— Nous avons» des luuteutls de toutes les époques... Quels styles pré-
férez vous?
— Hum!... je ne sais pas... Voyons, montrez-moi quelque chose de
Charles IX, Charles X!... Dessin de Carlègle.
A.
Dessin de Tôt raine.
LA CASERNE ANECDOTIQUE
LA DERNIÈRE TÊTE DE VEAU
Le cantinier du deuxième bataillon du 31® de ligne, résidant
à la caserne de la Pépinière, étant mort récemment, sa femme
fouilla partout pour savoir s’il laissait un testament.
11 en laissait un. Et même, le premier objet légué, c’était sa
femme. 11 la léguait à l’adjudant de bataillon Figonet, et dans
les termes suivants :
« Elle était déjà plus à lui qu’à moi, qu’il la garde donc tout
à fait et qu’il en fasse ses choux gras. »
11 léguait son cheval à un sapeur qui avait fini son temps.
Enfin, il léguait son chien, un magnifique terre-neuve, à l’ad-
judant Becarsort, de la deuxième compagnie, et ce legs était
fait en ces termes :
« Je lègue à Becarsort mon fidèle chien Biquet, persuadé que
je lui fais un cadeau exceptionnel. En effet, Becarsort peut tom-
ber à l’eau quand il voudra, Biquet l’en retirera. »
Lors de la lecture de ce testament, Je soldat Larbicot, garçon
de cantine, se mit à rire.
— Pourquoi ris-tu, pochetée? lui demanda Bécarsort.
— Je ne peux pas vous le dire, m’n adjudant! Mais ce que je
peux dire à mon adjudant, c'est qu’avec Biquet, fectivement,
pas de danger qu’il se noie!... Il est dressé, Biquet, et bien
dressé !...
— Je verrai ça, et dès demain!
Il faut vous dire qu’on était en été. L’adjudant Bécarsort, ac-
compagné de l’adjudant Figonet, se rendait le lendemain à Bil-
lancourt et se déshabillait au bord de la Seine. Et tout en se
déshabillant, il chantait les louanges du cantinier défunt :
— Tout de même, c’était un chouette type, pas vrai, Figonet?...
Il a eu une bonne pensée pour tout le monde, avant de
décéder...
— Oui!... Mais ce que je regrette le plus, en iüi, c’est ses
têtes de veau... Comment faisait-il pour nous donner si souvent
des têtes de veau à la vinaigrette?... Ça coûte encore cher, ça...
— Videmment!... Seulement, il devait savoir acheter. Pour
moi, il les achetait par lots : y perdait peut-être en bloc, mais
y gagnait sur la quantité... Le commerce, tu sais, ça ne s’ap-
— Nous avons» des luuteutls de toutes les époques... Quels styles pré-
férez vous?
— Hum!... je ne sais pas... Voyons, montrez-moi quelque chose de
Charles IX, Charles X!... Dessin de Carlègle.
A.