— C’est qu’il sait que je suis son maître!
expliqua Bécarsort fièrement. D’après le tes
tament, il ne doit s’intéresser qu’à moi.
Ils repartirent pour la caserne. Mais quelle
ne fut pas leur stupéfaction lorsqu’en passant
devant un boucher, Biquet, avisant une tète
de veau qui nageait dans un bassin plein d’eau,
la happa et s’enfuit avec...
— Voilà un chien, dit Figonet, qui va t’at-
tirer des hisioires.
— J’en ai peur! Heureusement que le bou-
cher ne l’a pas vu... J’avais dit à Larbicot de
lui donner à bouffer, il ne l’aura pas fait, le
chameau! Attends un peu!
Et, en arrivant à la caserne, l’adjudant Bé-
carsort se précipita à la cantine; Figonet l’y
suivit.
Oh ! stupéfaction! La tête de veau était dans
une assiette et Biquet était couché tranquille-
ment devant le comptoir de zinc de son ancien
maître.
— Comment! clama Bécarsort. Il ne l’a pas
mangée! Il l’a apportée ici?
•— Comme d’ordinaire! expliqua le troubade
Larbicot. II.a été dressé à ça!
— Ullmo? dans trois ans on le réhabilitera et il
deviendra ministre de la Marine. Dessin de Jel.
prend pas... On nait avec, ou bien, on ne le
connaît jamais...
Pendant ce temps, Bécarsort s’était mis à
l’eau. A dix mètres du bord, il cria, hurla,
appela au secours, fit l’homme qui se noie.
Biquet, aussitôt, s’élança, vous attrapa mon
Bécarsort par une épaule, le soutint hors de
l’eau et vous le ramena très proprement au
bord. Bécarsort était émerveillé. Figonet ne
l’était pas moins.
— A mon tour! dit-il.
Et il se déshabilla et se flanqua à l’eau,
hurlant, appelant, buvant des coups. Mais à
sa grande surprise, et aussi à celle de Bécar-
sort, Biquet resta dédaigneusement assis sur
son derrière, ne bougeant pas plus qu’une
borne, et semblant dire à Figonet :
« Toi! tu peux crever! »
Figonet regagna donc la rive et se rhabilla.
Il était très vexé.
i.E jeune auteur. — jVnnettez-moi de vous soumettre un manuscrit...
le directeur. krès bien, mais comme je suis très occupé, rendez-moi donc le service de.
le mettre vous-même au panier. Dessin do Fabiano.
— Pourriez-vous m’en mettre trente centimètres ?
Dessin de Lauro.
— Alors, tu n’es pas fautif? questionna
l’adjudant. Moi que je venais déjà pour te
faire prendre quelque chose pour ton rhume,
rapport à ce que je croyais que tu n’avais pas
donné a bouffer à mon cabot.
— Non! que je ne suis pas fautif, m’n’adju-
dant!... C’est un chien qui rapporte, v'ià tout!
-— Tu peux le dire! ajouta Figonet! Et v’ia
pourquoi qu’on bouffait tant de tètes à la vi-
naigrette dans c'te canfouine! Mais pourrais-
tu dire aussi pourquoi que ce sale cabot, y
veut pas que Bécarsort se noyé, alors que
pour ce qui est de moi, y s’en tamponne la
paupière ?
— Turellement, m’n’adjudantl... Vous avez
des poils dessus le caillou, au lieu que l’adju-
dant Bécarsort, il n’a plus que la peau, kif-
kif cette tète de veau. C’est même pour ça
que Biquet y n’a pas pu la voir surnager sans
se précipiter dessus et le ramener dans sa
gueule.
— Assez ! mille tonnerres! vociféra Bécar-
sort... Je ne voulais pas te coller au clou,
mais tu iras tout de même pour m’avoir assi-
milé l’occiput à celui d’un veau. N. d. D. !...
Dommage que ce cantinier soit mort!... J'lui
en aurais conté une sévère!... Je le sais bien,
que j’ai une tète de veau! Mais j’aime pas
qu'on me le dise!... Je ne lui disais pas qu’il
était ours, moi !...
Figonet se tordait.. La tète tut trouvée
excellente... C’était la dernière!
Jean Drault.
expliqua Bécarsort fièrement. D’après le tes
tament, il ne doit s’intéresser qu’à moi.
Ils repartirent pour la caserne. Mais quelle
ne fut pas leur stupéfaction lorsqu’en passant
devant un boucher, Biquet, avisant une tète
de veau qui nageait dans un bassin plein d’eau,
la happa et s’enfuit avec...
— Voilà un chien, dit Figonet, qui va t’at-
tirer des hisioires.
— J’en ai peur! Heureusement que le bou-
cher ne l’a pas vu... J’avais dit à Larbicot de
lui donner à bouffer, il ne l’aura pas fait, le
chameau! Attends un peu!
Et, en arrivant à la caserne, l’adjudant Bé-
carsort se précipita à la cantine; Figonet l’y
suivit.
Oh ! stupéfaction! La tête de veau était dans
une assiette et Biquet était couché tranquille-
ment devant le comptoir de zinc de son ancien
maître.
— Comment! clama Bécarsort. Il ne l’a pas
mangée! Il l’a apportée ici?
•— Comme d’ordinaire! expliqua le troubade
Larbicot. II.a été dressé à ça!
— Ullmo? dans trois ans on le réhabilitera et il
deviendra ministre de la Marine. Dessin de Jel.
prend pas... On nait avec, ou bien, on ne le
connaît jamais...
Pendant ce temps, Bécarsort s’était mis à
l’eau. A dix mètres du bord, il cria, hurla,
appela au secours, fit l’homme qui se noie.
Biquet, aussitôt, s’élança, vous attrapa mon
Bécarsort par une épaule, le soutint hors de
l’eau et vous le ramena très proprement au
bord. Bécarsort était émerveillé. Figonet ne
l’était pas moins.
— A mon tour! dit-il.
Et il se déshabilla et se flanqua à l’eau,
hurlant, appelant, buvant des coups. Mais à
sa grande surprise, et aussi à celle de Bécar-
sort, Biquet resta dédaigneusement assis sur
son derrière, ne bougeant pas plus qu’une
borne, et semblant dire à Figonet :
« Toi! tu peux crever! »
Figonet regagna donc la rive et se rhabilla.
Il était très vexé.
i.E jeune auteur. — jVnnettez-moi de vous soumettre un manuscrit...
le directeur. krès bien, mais comme je suis très occupé, rendez-moi donc le service de.
le mettre vous-même au panier. Dessin do Fabiano.
— Pourriez-vous m’en mettre trente centimètres ?
Dessin de Lauro.
— Alors, tu n’es pas fautif? questionna
l’adjudant. Moi que je venais déjà pour te
faire prendre quelque chose pour ton rhume,
rapport à ce que je croyais que tu n’avais pas
donné a bouffer à mon cabot.
— Non! que je ne suis pas fautif, m’n’adju-
dant!... C’est un chien qui rapporte, v'ià tout!
-— Tu peux le dire! ajouta Figonet! Et v’ia
pourquoi qu’on bouffait tant de tètes à la vi-
naigrette dans c'te canfouine! Mais pourrais-
tu dire aussi pourquoi que ce sale cabot, y
veut pas que Bécarsort se noyé, alors que
pour ce qui est de moi, y s’en tamponne la
paupière ?
— Turellement, m’n’adjudantl... Vous avez
des poils dessus le caillou, au lieu que l’adju-
dant Bécarsort, il n’a plus que la peau, kif-
kif cette tète de veau. C’est même pour ça
que Biquet y n’a pas pu la voir surnager sans
se précipiter dessus et le ramener dans sa
gueule.
— Assez ! mille tonnerres! vociféra Bécar-
sort... Je ne voulais pas te coller au clou,
mais tu iras tout de même pour m’avoir assi-
milé l’occiput à celui d’un veau. N. d. D. !...
Dommage que ce cantinier soit mort!... J'lui
en aurais conté une sévère!... Je le sais bien,
que j’ai une tète de veau! Mais j’aime pas
qu'on me le dise!... Je ne lui disais pas qu’il
était ours, moi !...
Figonet se tordait.. La tète tut trouvée
excellente... C’était la dernière!
Jean Drault.