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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0183
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LE GUEULETON DES « BOUTE-EN-TRAIN »

Ces Messieurs de la famille républicaine viennent d’offrir à M. Bris-
son, à l’occasion de son quinzième bout de l’an présidentiel, un banquet
et une couronne, -- pardon, une médaille !

— On jubile comme on peut!

LES POTINS DE PARIS

par SNOB

Nous sommes en carême, pour expier les joies d un carnaval
que nous n’avons pas eu. Ainsi va la justice des choses. Seule,
Mme Jane Dieulafoy continue à se déguiser en homme, toute
l’année, munie d'une autorisation spéciale qui nous a toujours
laissé rêveur.

Pourquoi cette vénérable dame peut-elle circuler en travesti
comme MUe Alba, la commère des Bouffes, et arborer sur son
inquiétante redingote masculine un ruban rouge, sans craindre
d’etonner le petit garçon qu’elle n’aura jamais ?

Dernièrement, elle monta sur la scène de Femina. Elle, à
Feminaü Elle salua d’un mouvement du col — exactement
comme eût salué son mari — et, d’une voix pointue, elle évoqua
le souvenir d’Henri de Castille aussi impuissant que Louis XVIII,
et de Jeanne d’Arc qui, elle aussi, s’habillait en homme... mais
au moins la pucelle avait un motif. Elle montait à cheval. Quand
Mme Dieulafoy montera-t-elle à cheval, à califourchon, pour nous
rendre l’Alsace et la Lorraine, au beau cri de: « Dieu! la foi ! »?

Après la conférence, les applaudissements furent peu nourris;
l’assistance déçue avait espéré un discours sur le costume mas-
culin, et j’aurais bien aimé savoir ce que je dois porter au prin-
temps pour ressembler le moins possible à Mme Dieulafoy. Je
n’ai plus d’espoir qu’en la concurrente, Mm® de Montifaud, notre
travesti national numéro deux, notre audacieux conlrère. « Il y
a frère dans confrère, » affirmait Victor Hugo.

Mme Jane Dieulafoy a, d'ailleurs, quelques imitatrices dans le
sport à califourchon. Les matinées redevenues tièdes ont fait
revoir, dans l’allée des Acacias, Mme » la Panthère », et Mme Rita
del Erido montant, en homme, jambe de ci, jambe de là. Il est
bien temps, à leur avis, que la femme porte enfin la culotte de
drap, après s’ètre jusqu’ici contentée du léger pantalon enru-
banné.

— Fameuse culotte de peau ! disait un jour un général en
louchant sur les dessous d’une voyageuse potelée qui grimpait
sur l’impériale de l’omnibus.

—- Excellente, monsieur; il y à vingt-cinq ans qu elle me sert,
et elle n’a encore que deux trous, répondit la femme, avec cet
à-propos délicat qui caractérise les personnes dont la vie est de
verre.

La mode prendra-t-elle, et, comme le demande, avec angoisse,
Jane de St-Simon, les snobinettes du monde et du demi-monde
vont-elles galoper, avec des éperons aux talons, comme... le chat-
botté du bon Perrault? Il est évident que les femmes qui, depuis
leur plus tendre jeunesse, ont pris l’habitude du petit cheval,
doivent avoir, pour cette posture, si naturelle et si souvent prise,
une prédilection toute particulière.

Ne nous racontait-on pas, dernièrement, que Mme Yvonne de
Bray, non seulement était une amazone émérite, mais encore
qu’elle faisait des armes comme le chevalier d’Eon, — fendez-
vous, houp! — qu’elle savait diriger un canot automobile, et
qu’elle trouvait encore le temps de suivre les cours de Berlitz-
School, pour apprendre l’anglais tel qu’on le parle aux Anglais?
Mais, me direz-vous, quand a-t-elle alors les loisirs nécessaires
pour creuser ses rôles?... Après tout, peut-être ne les creuse-t-
elle pas, à moins qu’elle ne les apprenne à cheval, ou en canot.

C’est sans doute en prévision de ces occupations multiples,
que les couturiers vont se décider à simplifier le costume fémi-
nin. D après nos derniers tuyaux, prisauxsourceslesplusimpures
de la rue de la Paix, les jupons seront supprimés, le pantalon
en simple jersey collant fera partie d’une combinaison prolon-
gation du corset, et les jupes seront fendues de côté jusqu’au-
dessus de la cheville. «Quand on voit le pied, lajambe se devine »,
a dit Musset. Donc, nous devinerons la jambe, en attendant
qu’on nous la montre, comme au beau temps où Thérèse Ca-
barrus se promenait demi-nue, au Palais-Royal, avec une jupe
à 1a. grecque, fendue jusqu’aux hanches. Mais, qu’on ne nous
montre pas trop haut. M. le sénateur Bérenger, qui s’y connaît,
nous a expliqué que l’excitation sensuelle était causée non par
le nu, mais par le retroussé. Nous verrons donc disparaître avec
regret ces dessous compliqués et froufroutants, ces trous-trous,
ces comètes, tout ce luxe de lingerie qui sait si bien encadrer et
si mal défendre. C’est le cadre indispensable à la beauté, et
nombre de gens préfèrent un bouchon de carafe dans un coquet
écrin à un diamant dans un morceau de papier.

* *

Ceux auxquels l’inspiration perverse des dessous ne suffit pas
ont recours à l’élément sacré et mystique. Sans aller jusqu’aux
messes noires, chères à Mme de Montespan — du moins Sardou
l’affirme — voici ce qu’on va admirer aux prochaines auditions
des nouvelles heures symphoniques d’Emile Chizat à l’hôtel des
Sociétés savantes. Ils en ont de bonnes, nos vieux savants.
Ecoutez plutôt.

Pourquoi ceux de l’Académie et du Sénat se vexeraient-ils de se
voir un peu apaches? Moi, ça ne me froisserait pas de me voir un brin
académicien et un tantinet sénateur.
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