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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0295
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— Parfaitement, ces messieurs les Humoristes sont encore logés cette année au Palais de Glace, mais ils n’y ont que leur salon. Je me suis laissé
dire que leur chambre était au Palais-Bourbon...

LES POT! N S DE PARIS

par SNOB Il

Il est vraiment étrange qu’en notre beau vingtième siècle, les
gens n’aient pas le droit de s’aimer à leur guise, sans être
traqués, comme des bêtes fauves, par des reporters avides de
nouvelles. C’est une véritable chasse à l’homme... et à la femme.
Tayau! tayau!

]Vïme Gould et le prince de Sagan, retour d’Amérique, ont envie
d’aller jouir ensemble du printemps sous le ciel bleu de l’Italie.
L’un passe par la France, tandis que l’autre arrive en bateau
monté à Naples, et pendant cette séparation le prince en est
réduit à écrire à Mme Gould sous le nom d'Antoinette Chapin.
J’avais d’abord lu Chopin, nom qui me paraissait admirable-
ment en situation, mais c’est cependant Chapin qui a prévalu.
Eh bien, malgré toutes ces précautions, les malheureux
n’échappent pas aux interviews, et quelles interviews! Occupe-
toi d’Antoinette. Mm* Chapin voyage avec ses enfants accompa-
gnés de l'abbé Cognacq — avec un q — poète distingué. Un
vers de Cognacq, s. v. p. On nous raconte que les traits de la
voyageuse rappellent ceux de la reine régente d’Espagne, quand
elle présentait l’enfant royal à Barcelone. Sapristi! quel com-
pliment! « Nous admettons, dit Mme Gould, qu’un gentilhomme
mette plus de temps à se faire rouler en boucles les cheveux {sic)
qu’une jeune fille américaine n’en consacre à toute sa toilette
(ça, c’est de la condescendance), mais nous nous étonnons si cet
élégant manque de cœur, de ce muscle, dans lequel nous met-
tons l’infini du bonheur (?!?). »

Quel est ce muscle, bonnes déesses! ce muscle dans lequel,
les femmes mettent l’infini du bonheur? Mme Chapin n’a pas
assez précisé. Ce muscle n’était-il qu’un chiffon? Cruelle
énigme !

Un autre prince est actuellement sur la sellette ! C’est le
prince de Thurn et Taxis-maître, attendez, maître en l’art de
séduire à l’heure les faibles manucures. Il a, paraît-il, complète-
ment tourné la tête de la comtesse de Clare, en l’espèce une
certaine Blanche Leigh, qui avait ouvert, rue de la Paix, un
institut de beauté ; ces dames, grâce à l’institut, avaient des
ongles comme des cornalines, et des tapotages savants suppri-
maient les bajoues. Non seulement cette manucure s’est ruinée
pour le prince, neveu de l’empereur d’Autriche, comte d'Em-
pire et Margrave de Bohème — l’amour est enfant de Bohème —
mais elle a entraîné dans sa ruine Mlle Wilhelmine Kemper, qui
a marché de 300,000 francs, tandis que Blanche I.eigh man-

geait les 800,000 francs provenant des bajoues et des ongles cor-
nalines. MIIe Kemper était d'ailleurs bien excusable:

« La comtesse de Clare est une charmeuse. Elle a de hautes
relations mondaines. Elle reçoit chez elle, avenue du Bois-de-
Boulogne, le roi de Grèce quand il vient à Paris ; elle reçoit
aussi fréquemment un évêque des environs. (Fréquemment!
Tous nos compliments à Monseigneur... des environs.) Je pour-
rais vous citer d’autres personnages de marque qui sont souvent
ses convives. Ses dîners sont réputés. Ses maîtres d’hôtel
changent de gants après chaque service. »

Bien que ce dernier détail dénote la somptuosité de la maison,
la manucure, pour arriver, faisait des pieds et des mains.

Eh bien, malgré les bajoues, malgré l’évêque, malgré le roi
de Grèce qui, dans sa générosité bien connue, a dû, certaine-
ment, laisser quelques drachmes pour les... gants du maître-
d’hôtel, la fortune s’est envolée. La comtesse de Clare ne dit rien,
mais c’est Wilhelmine qui n’est pas contente. Il y a des détails
navrants :

« La comtesse m’a fait donner toute ma fortune pour marier
le prince de Thurn et Taxis. Quand j’eus versé mon argent, elle
me fit engager mes bijoux. Enfin, toujours pour le prince, elle
alla jusqu’à me dévêtir de mon manteau de fourrure, pour le
porter au monhde-piété. N’est-ce pas affreux? »

Evidemment, c’est épouvantable. Joseph laissait son manteau
entre les mains de Mme Putiphar, mais il avait ses raisons; et
d’ailleurs on n’a jamais accusé Mme Putiphar d’avoir porté ce
manteau chez ma tante. Et, dans cet ordre de dévêtement, jus-
u’où pouvait aller le sacrifice? Après le manteau, la comtesse
e Clare pouvait exiger, de son amie, qu’elle enlevât sa robe de
soie et ses jupons de dentelle, en la laissant nue comme les figu-
rantes poursuivies par M. Bérenger. Mlle Wilhelmine Kemper
toute nue! Voilà qui eût été affreux! Comtesse de Clare, vous
fûtes imprudente.

Cette affaire
N’est pas Clare ;

Ya qué’qu’ chose au fond d’tout ça,

comme on chantait, jadis, dans les Brigands. Quant au prince
de Thurn et Taxis, j’ignore quel uniforme il porte quand il est
extrait de sa Thurn, mais il doit certainement avoir une belle
casquette, comme tout prince allemand qui se respecte —et pas
la moindre bajoue.

* *

A ce propos ne nous a-t-on pas affirmé que l’empereur Guil-
laume avait changé le pli de sa moustache? Rien de ce qui con-

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